Allocution d’Emmanuel Macron : « Les Français ont besoin d’y voir clair », insiste Gérard Larcher

Allocution d’Emmanuel Macron : « Les Français ont besoin d’y voir clair », insiste Gérard Larcher

Le président (LR) du Sénat était l’invité de l’émission Audition publique sur les chaînes parlementaires ce 23 novembre 2020, à la veille d’une nouvelle prise de parole d’Emmanuel Macron sur la crise sanitaire. Il réclame de la visibilité sur la stratégie et demande une meilleure association du Parlement.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Presque quatre semaines ont passé depuis sa précédente allocution radiotélévisée, et l’annonce d’un nouveau confinement. Ce mardi, Emmanuel Macron va reprendre la parole devant les Français. Face à l’impatience, aux doutes et même aux colères qui montent dans la population, le président (LR) du Sénat Gérard Larcher attend du chef de l’Etat une stratégie claire.

« Je pense que les Français ont besoin d’y voir clair, ils ont besoin de confiance […] Il y a eu beaucoup d’approximations, beaucoup d’absences de visibilité, il y a eu un certain nombre d’échecs depuis le mois de mars », a-t-il déclaré ce 23 novembre, au cours de l’émission Audition publique, diffusée sur les chaînes parlementaires, en partenariat avec Le Figaro. « Il faut qu’on réussisse la sortie du deuxième confinement et puis qu’il nous ouvre vers la stratégie vaccinale », a insisté Gérard Larcher, espérant des détails sur les étapes et le calendrier.

« Il y a bien un moment où il faudra un civisme collectif car il ne suffira pas de contraintes »

Si les conditions sanitaires le permettent, le président du Sénat a estimé qu’une réouverture des petits commerces était « essentielle ». « On arrive dans un mois qui est essentiel pour l’activité commerciale mais aussi essentielle au moral des Français », a-t-il expliqué. De la même façon, il a estimé que la question de la réouverture des lieux de culte devait aussi se poser. « Il faut aussi qu’on soit attentif à cette liberté fondamentale », a-t-il souligné.

Attaché à une prise de décision déconcentrée, Gérard Larcher a conseillé d’agir au niveau préfectoral, en associant les élus. « Je souhaite que dans ce processus de sortie du confinement, on trouve la concertation, qu’on ne recommence pas comme à Aix-Marseille », a-t-il mis en garde, en référence au tollé suscité par l’annonce précipitée de la fermeture des restaurants et bars fin septembre dans la métropole phocéenne.

Et face à la perspective de contraintes qui ne seront qu’allégées pour la population, Gérard Larcher a fait part de ses inquiétudes sur l’acceptabilité au sein de la population. « Il y a bien un moment où il faudra un civisme collectif car il ne suffira pas de contraintes », a-t-il répondu. S’agissant de la campagne vaccinale attendue en 2021, le président du Sénat a insisté sur l’importance de faire preuve de « pédagogie ». L’ancien vétérinaire, marqué par l’épidémie de polio en France dans les années 1950, n’exclut pas une campagne obligatoire, sous contrôle du Parlement. « J’ai dit que si nous n’arrivions pas à créer ce qu’on appelle dans notre jargon le matelas vaccinal, il faudrait peut-être en passer par la vaccination obligatoire. »

« Je souhaite que le Parlement soit moins tenu à l’écart de l’ensemble des décisions »

Dans cette nouvelle période qui s’ouvre, Gérard Larcher a répété ses recommandations en direction de l’exécutif : les parlementaires devront être davantage associés. « Je souhaite que le Parlement soit moins tenu à l’écart de l’ensemble des décisions, qu’il contribue à la compréhension de ces décisions », a-t-il demandé. La prorogation de l’état d’urgence sanitaire et du régime transitoire jusqu’au 1er avril lui reste encore en mémoire. Réclamant une consultation plus régulière, le Sénat n’avait pas réussi à se faire entendre sur une durée plus courte. « Voilà que pendant sept mois on avait débattu quatre fois, on nous proposait pour six mois de ne plus débattre ? Il faut plus associer le Parlement », a martelé Gérard Larcher.

La multiplication des ordonnances – 67 depuis le début de la crise sanitaire en mars – l’inquiète beaucoup également. « De l’ordonnance au décret-loi, il n’y a pas tant de chemin que ça », a-t-il critiqué. Le groupe de travail au Sénat, chargé d’installer une cellule de veille sur ces textes rédigés par le gouvernement, doit s’installer le 16 décembre.

Dans la même thématique

Brussels Special European Council – Emmanuel Macron Press Conference
3min

Politique

Élections européennes : avant son discours de la Sorbonne, l’Élysée se défend de toute entrée en campagne d’Emmanuel Macron

Ce jeudi 25 avril, le président de la République prononcera un discours sur l’Europe à la Sorbonne, sept ans après une première prise de parole. Une façon de relancer la liste de Valérie Hayer, qui décroche dans les sondages ? L’Élysée dément, affirmant que ce discours n’aura « rien à voir avec un meeting politique ».

Le

Allocution d’Emmanuel Macron : « Les Français ont besoin d’y voir clair », insiste Gérard Larcher
8min

Politique

IA, simplification des formulaires, France Services : Gabriel Attal annonce sa feuille de route pour « débureaucratiser » les démarches administratives

En déplacement à Sceaux ce mardi dans une maison France Services, quelques minutes seulement après avoir présidé le 8e comité interministériel de la Transformation publique, le Premier ministre a annoncé le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans les services publics, ainsi que la simplification des démarches. Objectif ? Que « l’Etat soit à la hauteur des attentes des Français ».

Le

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le