Budget : le Sénat approuve la hausse marquée des crédits de la Culture pour 2021

Budget : le Sénat approuve la hausse marquée des crédits de la Culture pour 2021

Les sénateurs ont approuvé dans la nuit de lundi à mardi le budget 2021 de la Culture, en forte progression. Le soutien, unanime d’un groupe à l’autre, n’a pas empêché quelques réserves, notamment sur les aides apportées aux plus grands opérateurs.
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La hausse du budget de la Culture en 2021 sera très marquée. Elle va progresser de 4,8 % pour atteindre 3,2 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent deux milliards d’euros dans l’enveloppe du plan de relance. Les sénateurs – à majorité de droite et du centre – ont approuvé dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre les crédits de la mission Culture, un secteur « très durement frappé » par la crise sanitaire, selon les mots de Roselyne Bachelot. La ministre a présenté un « effort budgétaire sans précédent » pour soutenir le monde de la culture. L’ampleur de la hausse a été reconnue et soutenue par tous les groupes.

Rapporteur spécial de la commission des finances, le socialiste Vincent Eblé a salué ces « réarmements budgétaires » mais n’a pas caché son inquiétude sur la situation d’un certain nombre d’acteurs, y compris les plus importants, fragilisés par la chute de la fréquentation du public pendant cette année de crise sanitaire. Selon lui, le geste du gouvernement pourrait « s’avérer insuffisant pour permettre aux opérateurs de retrouver leurs marges financières d’avant crise […] Le Louvre craint une cessation de paiements au cours de l’exercice 2020 », a-t-il averti. Ses craintes se portent aussi sur les acteurs de la création artistique, face aux incertitudes entourant le début de la reprise l’an prochain.

La situation du petit patrimoine contre les « grandes institutions et monuments franciliens »

Le sénateur LR Philippe Nachbar a lui aussi applaudi les moyens consacrés au patrimoine : la mission en question dépasse le seuil symbolique du milliard d’euros en 2021. Mais beaucoup de sénateurs ont jugé que l’effort était probablement mal réparti ou qu’il faisait la part belle aux monuments emblématiques nationaux. Ainsi, le sénateur écologiste du Rhône Thomas Dossus a regretté que l’effort « bénéficie majoritairement aux grandes institutions et monuments franciliens ». Pour lui, il s’agit d’une « vision trop centralisatrice de la culture patrimoniale ». C’est également ce qu’a pointé le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, selon qui ces arbitrages se font « au détriment d’un petit patrimoine délaissé » sur les territoires.

Signe de leur crainte pour les édifices modestes, dans un contexte dégradé pour les finances locales et le mécénat, le Sénat a adopté un amendement des centristes visant à distinguer, dès l’an prochain, les crédits destinés au « patrimoine national » et ceux alloués au « petit patrimoine non-protégé ». Cette modification n’a pas reçu ni le soutien de la commission de la culture du Sénat, ni de la ministre Roselyne Bachelot. Mais ses auteurs en conviennent : il s’agit d’attirer l’attention de l’exécutif sur ce sujet. Les sénateurs se sont également opposés à un nouvel abondement de 20 millions d’euros supplémentaires (pour atteindre un budget de 59 millions) en faveur du Pass Culture (lire notre article). Jugeant l’expérimentation peu convaincante et la hausse « disproportionnée », ils ont redirigé les sommes vers la protection et la valorisation du patrimoine.

« Il faut que l’élan budgétaire profite à tous les territoires »

Quant au soutien de la création artistique, là encore, les sénateurs ont insisté sur la nécessité d’assurer une équité territoriale. « Il faut que l’élan budgétaire profite à tous les territoires », a recommandé le sénateur Bernard Fialaire (groupe RDSE, à majorité radicale). La ministre a promis que les établissements dans les régions seraient soutenus. Le sénateur du Rhône a fait état de chutes de chiffres d’affaires préoccupants : 4,2 milliards d’euros en moins pour le spectacle vivant, enregistré en juillet.

« La commission de la culture sollicite votre vigilance, Madame la ministre » pour que les dispositifs d’aide « se traduisent de manière concrète et visible sur le terrain », a demandé la sénatrice Sylvie Robert (PS). Pour le sénateur Jean-Raymond Hugonet (LR), une question va vite se poser : la « poursuite de ces aides d’urgence sur la durée ». Il anticipe une « période longue et délicate pour retrouver un niveau suffisant dans cet écosystème » de la culture.

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