Programmes économiques : à chaque candidat sa méthode

Programmes économiques : à chaque candidat sa méthode

Entreprises, emploi, stimulation de la croissance : découvrez les principales mesures et méthodes proposées par les principaux candidats.
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Parmi les thèmes majeurs de cette présidentielle, l’économie occupe une place de choix. Voici pour chacun des principaux candidats les grandes orientations et les philosophies de leurs projets.

Le « choc de compétitivité » de François Fillon

François Fillon lors de la conférence de presse au cours de laquelle il a présenté son programme, le 13 mars 2017 à Paris
François Fillon lors de la conférence de presse au cours de laquelle il a présenté son programme, le 13 mars 2017 à Paris
AFP
  1. Restaurer la compétitivité. Pour permettre le redémarrage de la croissance (au moins 2% visés en fin de quinquennat) et faire reculer le chômage à 7% en 2022, François Fillon juge « indispensable » de débuter par une « baisse massive et rapide » de la fiscalité sur les entreprises (25 milliards sur 5 ans). Le candidat Les Républicains veut rapprocher dès la fin 2017 le niveau des charges patronales sur le niveau allemand, et baisser l’impôt sur les sociétés de 33,3% à 25%, pour le rapprocher de la moyenne européenne. Pour stimuler l’investissement, son projet prévoit la création d’une « flat tax » de 30% sur le capital.

  2. « Lever les freins à l’embauche ». Dans ses chantiers prioritaires, le candidat de la droite veut simplifier le droit du travail et les démarches administratives, alléger les normes, qui « freinent l’activité économique », selon lui. La suppression des 35 heures et du compte pénibilité, le relèvement des seuils sociaux, ou encore le plafonnement des indemnités prud’homales seront engagés dans les trois mois du quinquennat.

  3. Réduction de la dépense publique. En parallèle, François Fillon demande un « effort majeur » pour ramener la dépense publique à un « niveau raisonnable ». Les 100 milliards d’euros d’économies sur cinq ans doivent permettre de ramener la part des dépenses publiques dans le PIB à 50%. Il prévoit de recentrer l’État sur ses missions régaliennes.

Le « modèle patriote » de Marine Le Pen

Marine Le Pen à Paris, le 6 mars 2017
Marine Le Pen à Paris, le 6 mars 2017
AFP
  1. Souveraineté monétaire. Pierre angulaire du projet du Front national, la sortie de la zone euro, avec le rétablissement d’une monnaie nationale « adaptée à notre économie », est l’un des « leviers » pour stimuler la compétitivité de l’économie française, selon Marine Le Pen. Cette mesure principale nécessite, comme d’autres, « de se libérer des contraintes européennes ».

  2. Mesures protectionnistes. En réponse à la « concurrence internationale déloyale », le Front national défend la mise en place d’un « protectionnisme intelligent ». Il s’agit d’interdire l’importation de produits qui ne respectent pas les normes françaises, et de taxer les autres produits entrants à hauteur de 3%. Marine Le Pen veut taxer l’embauche de salariés étrangers pour « assurer la priorité nationale à l’emploi des Français » et abandonner l’application de la directive sur les travailleurs détachés. Son « patriotisme économique » se manifesterait également par la réservation des commandes publiques aux entreprises françaises et par un « plan de ré-industrialisation ».

  3. Soutien aux petites entreprises. Marine Le Pen entend « privilégier l’économie réelle », et veut concentrer ses efforts sur les petites et moyennes entreprises, en allégeant la complexité administrative et fiscale qui pèse sur elles, et en abaissant les charges « de façon lisible et significative ». Dans son programme, le taux de l’impôt sur les sociétés est ramené à 24% pour les PME. La suppression du RSI est annoncée.

La « société du travail » d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron à Bordeaux, le 10 mars 2016
Emmanuel Macron à Bordeaux, le 10 mars 2016
AFP/Archives
  1. « Libérer le travail». Deuxième des six chantiers annoncés par Emmanuel Macron , la création de la « société du travail » et la « modernisation de notre économie » figurent en bonne position dans le projet d’En Marche. Pour favoriser les embauches, l’ancien ministre de l’Économie prévoit de remplacer le CICE par une vaste réduction du coût du travail, en baissant les cotisations sociales des employeurs de six points, et même dix au niveau des salaires proches du Smic. Emmanuel Macron propose également de définir l’organisation et les horaires de travail « au plus près du terrain », via des accords d’entreprise.

  2.  « Libérer l’esprit d’entreprise ». Afin de « simplifier la vie des entrepreneurs », il souhaite réduire les charges des entrepreneurs, supprimer le RSI, et doubler les plafonds pour étendre le nombre de bénéficiaires au régime de la micro-entreprise. Deux chiffres communs avec le programme de François Fillon : l’impôt sur les sociétés sera abaissé à 25%, pour « rejoindre la moyenne européenne », et un « prélèvement unique sur les revenus du capital de 30% sera créé. Il veut soutenir l’investissement privé en axant l’ISF sur les biens immobiliers.

  3. Soutien aux secteurs d’avenir. En Marche prévoit un « un grand plan d’investissement » sur cinq ans pour la transition écologique, le numérique ou encore la rénovation urbaine (un million de logements mal isolés rénovés d’ici 2022). Son « nouveau modèle de croissance » mobilise également 10 milliards d’euros, « issus des actions d’entreprises possédées de manière minoritaire par l’État », pour financer « l’industrie du futur ».

Benoît Hamon veut « redonner du sens à l’économie »

Le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon le 10 mars 2017 au Havre
Le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon le 10 mars 2017 au Havre
AFP
  1. « Progrès écologique ». Benoît Hamon fait de l’investissement dans les énergies vertes un nouvel axe de développement économique. Son programme prévoit un « plan massif d’investissement » dans la rénovation énergétique des habitations, notamment dans le parc social. Une aide permettra aux particuliers de s’équiper en énergies vertes, et ainsi participer à l’objectif de 50% d’énergies renouvelables d’ici 2025. Benoît Hamon propose encore de faire passer la part du secteur de l’économie sociale et solidaire dans le PIB de 10% à 20% en 2025.

  2. Relance au niveau européen. C’est également par la transition énergétique que Benoît Hamon veut relancer l’Union européenne, à travers un plan d’investissement de 1.000 milliards d’euros qu’il proposera à ses partenaires. Un rapprochement des taux de l’impôt sur les sociétés au niveau européen est prévu, ainsi que la création d’un impôt sur les géants du Net et les multinationales. Il plaide également pour une « convergence sociale » entre les États et garantir le principe « à travail égal, salaire égal » pour les travailleurs détachés.

  3. Nouveau partage du temps de travail. Au chapitre de l’emploi, tout en maintenant la durée légale à 35 heures, Benoît Hamon veut « organiser la baisse du temps de travail » par « un droit inconditionnel au temps partiel accompagné d’une compensation salariale ». Les entreprises qui s’engageraient dans cette voie seraient incitées financièrement.

Une économie « au service de l’intérêt général », pour Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon le 8  mars 2017 à Marseille
Jean-Luc Mélenchon le 8 mars 2017 à Marseille
AFP
  1. Le retour de l’État. La France insoumise veut « mettre fin au pillage économique de la Nation », en revenant sur les programmes de privatisation, notamment dans les transports et en imposant un moratoire sur les partenariats public-privé. Le programme prévoit de rendre « effectif » le droit de « réquisition des entreprises d’intérêt général » par l’État. Le projet de Jean-Luc Mélenchon fait de la planification écologique un « levier formidable pour créer des emplois de qualité ». L’État investirait 100 milliards d’euros supplémentaires dans des « investissements écologiques et socialement utiles », et recentrerait le budget du CICE vers ces deux missions.

  2. Un « protectionnisme solidaire ». Jean-Luc Mélenchon affirme que le « grand déménagement du monde doit cesser » et réclame un « protectionnisme solidaire au service de l’intérêt général, contre les multinationales et la mondialisation financière ». Le projet prévoit ainsi l’adoption de « mesures anti-dumping d’urgence sur les industries stratégiques », telles que l’acier ou encore le photovoltaïque, ou de hausses immédiates de droits de douane sur les produits issus de pays « aux droits sociaux limités ». Une révision du Code des marchés publics, afin de mieux favoriser les entreprises locales, écologiques ou issues de l’économie sociale et solidaire, est amenée.

  3. La « dé-financiarisation de l’économie réelle ». La France insoumise veut « mettre au pas la finance », par une série de mesures, comme la fin de la cotation continue des entreprises en Bourse ou encore d’interdiction pour les entreprises de verser un montant global de dividendes supérieur à celui des bénéfices. Un mécanisme incitatif, de modulation de l’impôt sur les sociétés en fonction d’usage des bénéfices, est proposé afin de favoriser l’investissement en France.

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