Culture
La gauche a multiplié les rappels au règlement après le recours de la ministre de la Culture au vote bloqué, pour permettre à la réforme de l’audiovisuel public d’être adoptée dans les temps au Sénat. Avant de quitter la séance.
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Par Stella Naville
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Dès l’âge de quatre ans, Danièle Thompson va au cinéma trois à quatre fois par semaine. Grâce à son père, elle se familiarise à l’atmosphère du bureau de scénariste : être dans une pièce pendant des heures, parler, prendre des notes, rire, ne pas rire, se demander si le film sera bien ou non. Le monde du cinéma n’a jamais vraiment eu de secrets pour elle.
Bien qu’elle soit la fille de l’actrice Jacqueline Roman et de Gérard Oury, le cinéma n’a pas toujours été une évidence pour Danièle Thompson. “Initialement, je voulais être avocate. J’ai fait un an de droit après mon baccalauréat et je me suis beaucoup ennuyée. Je pense que c’était une réaction d’adolescente contre l’univers de mes parents”. En effet, durant toute sa jeunesse, Danièle Thompson vit au rythme de la précarité de la profession de ses parents : “J’ai eu une enfance de roulotte. Mes parents attendaient sans cesse des contrats, des rendez-vous pour des castings… Le cinéma est un secteur extrêmement fluctuant mais très peu sécurisant”.
Bien qu’ayant conscience des difficultés du métier, Danièle Thompson n’a pas hésité longtemps à devenir scénariste. A l’âge de vingt ans, elle collabore quasi naturellement avec son père. Elle participe de manière informelle au scénario du Corniaud qui va connaître un immense succès et Gérard Oury l’embauche officiellement sur le film d’après, La Grande Vadrouille. “Pendant des années, les gens ont dû penser que mon père m’avait embauché uniquement par bienveillance, parce que j’étais sa fille. En réalité, il avait décelé quelque chose chez moi. Et puis, je lui apportais un autre point de vue. Pour lui, c’était intéressant d’avoir le regard de quelqu’un appartenant à une autre génération”. Un schéma qu’elle reproduit puisqu’elle travaille régulièrement avec son fils, Christopher Thompson.
Aujourd’hui, si elle ne regrette pas son choix, Danièle Thompson dénonce le manque de reconnaissance de sa profession : “En France, les scénaristes sont maltraités. Tout d’abord parce qu’ils sont mal payés et puis parce qu’ils sont ignorés. Si l’on veut être célèbre, il ne faut pas être scénariste”.
Passée à la réalisation dans les années 2000, Danièle Thompson à toujours rêvé de réaliser la suite des aventures de Rabbi Jacob. Rabbi Jacqueline, nom provisoire du projet, est reporté maintes fois mais pas totalement enterré, assure-t-elle aujourd’hui ; même si elle reconnaît que l’écriture d’une histoire sur la coexistence des religions est plus difficile à aborder : “Le scénario de Rabbi Jacqueline, s’il s’écrit un jour, devra contenir au maximum l’ADN de Rabbi Jacob. Or, ce film évoquait le conflit des religions, le kidnapping, le terrorisme, la violence… qui sont des sujets extrêmement sensibles à l’heure actuelle”. Désormais, la scénariste a la sensation qu’il faut sans cesse faire attention à ne pas froisser les gens. “Les choses sont beaucoup plus cloisonnées qu’à l’époque de la sortie du film, bien que ce n’était déjà pas évident à ce moment-là. Aujourd’hui, nous pouvons de moins en moins rire de tout” lâche-t-elle en guise de conclusion avec une pointe de regret.
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