En 2000, Marc Lévy publie son premier roman, « Et si c’était vrai ». Traduit en 44 langues et vendu à plus de trois millions d’exemplaires, son succès est fulgurant. Depuis cette première publication, ses écrits ont pris un virage plus géopolitique. Ses fictions font désormais largement écho à l’actualité. Dans son roman « Noa », écrit avant le 24 février 2022, il va même jusqu’à prédire l’offensive russe en Ukraine. Quel rôle les intellectuels peuvent-ils jouer dans la compréhension des conflits ? Comment et pourquoi écrire en ces temps de trouble ? Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Marc Lévy dans « Un Monde un Regard ».
« Ce qui manque quand on parle de religion, c’est le respect » regrette Eric-Emmanuel Schmitt
Par Stella Naville
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D’un côté, il fait jouer les plus grandes stars dans ses films et ses pièces de théâtre… Alain Delon, Catherine Frot, Michèle Laroque, Mathilde Seigner… De l’autre, il écrit des carnets de voyage intimes sur ses expériences mystiques. Eric-Emmanuel Schmitt se situe à la croisée de plusieurs mondes : artistique, religieux, showbiz… Et pour ne jamais se perdre parmi ces différents univers, il peut toujours compter sur son domaine de prédilection : la philosophie.
De la philosophie à l’indépendance intellectuelle
Eric-Emmanuel Schmitt estime ne faire partie d’aucun milieu. C’est un électron libre. Il revendique le fait d’avoir toujours cultivé sa différence et sa singularité. Selon lui, il doit cette indépendance intellectuelle à sa formation philosophique. « Acquérir les outils philosophiques est une façon de se dégager des influences, des préjugés, du pré-pensé, du prêt-à-penser. C’est une manière de pouvoir penser par soi-même. Selon moi, la philosophie est la seule discipline qu’on devrait enseigner dans les lycées ».
A la rencontre de la religion
Bien qu’il soit issu d’une famille athée et un grand admirateur du siècle des Lumières, Eric-Emmanuel Schmitt a la foi. Dans ses ouvrages, La nuit du feu et Le défi de Jérusalem, il évoque d’ailleurs ses expériences mystiques. « Je crois que beaucoup d’entre nous vivent des éblouissements, des révélations. Cependant, ils les mettent dans leur poche parce que cela les obligerait à tout repenser. Or, à notre époque, il y a des explications chimiques, biologiques, matérialistes et psychanalytiques pour tout ». De son côté, Eric-Emmanuel Schmitt n’a jamais envisagé la possibilité d’ignorer ces révélations. « En 1989, je suis entré dans le désert du Sahara athée et j’en suis ressorti croyant. C’est là que j’ai rencontré Dieu ».
Incorporer la philosophie dans la religion
Eric-Emmanuel Schmitt estime qu’il faut lire les textes religieux comme des textes de philosophie. « La vraie éducation religieuse est une éducation critique. Les textes saints doivent se lire en interprétant et en questionnant, au même titre que les écrits philosophiques. Il faut arrêter de séparer l’esprit philosophique de l’esprit religieux ».
Pour l’écrivain, la religion est une source d’enrichissement. Elle ne devrait jamais engendrer de conflit. C’est pourquoi il évoque ce sujet sans tabou dans ses ouvrages. « J’ai même écrit sur des religions qui ne sont pas les miennes. Ces textes ont fait le tour du monde parce qu’ils ont été écrits avec un immense respect. Or c’est cela qui manque aujourd’hui lorsqu’on parle de religion : du respect. Ce sujet est devenu source de dissension, de guerre, d’opposition voire de rejet ».
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