Imaginez un migrant irakien, arrivé en Europe, ayant appris pendant son périple les 24 langues officielles de l’Union européenne, et qui devient ambassadeur européen du multilinguisme. C’est ce que s’est amusé à faire le romancier Philippe Mouche, en créant le personnage de Fergus Bond, au cœur de son roman d’espionnage Bons baisers d’Europe. Le livre raconte le parcours de cet immigré devenu défenseur de l’idéal européen, traqué par des espions venus d’Etats-membres aux aspirations nationalistes. « Je souhaitais parler d’Europe, d’une façon différente, et pas trop caricaturale. Le roman d’espionnage est un bon moyen car il permet de lier des histoires intimes avec des enjeux géopolitiques », explique Philippe Mouche, interrogé dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat.
L’Europe, univers propice au roman d’espionnage
Le roman d’espionnage c’est aussi le format qu’a choisi Gilles Boyer, eurodéputé de la majorité présidentielle, et auteur de La Nuit russe, qui raconte l’histoire d’un conseiller politique, ami de longue date du ministre avec qui il travaille, qui se retrouve compromis par des espions du Kremlin qui cherchent des infos confidentielles sur l’Ukraine. « C’est à la fois un univers romanesque mais c’est aussi une réalité qui fait partie de nos vies de parlementaires européens. On se souvient de l’affaire Pegasus et de ces membres des institutions européennes qui ont été mis sur écoutes par des puissances étrangères. »
Comment l’Union européenne influence nos vies dans tous ses aspects
Raconter comment la géopolitique et l’Union européenne influencent nos vies, dans ses tous aspects, tragiques mais parfois drôles, c’est ce que fait aussi le romancier autrichien Robert Menasse, avec son roman L’Elargissement, tissé autour de l’adhésion de l’Albanie dans l’Union, et récompensé par le Prix du livre européen 2023. « J’ai voulu décrire cette contradiction entre ces pays qui ont envie de rentrer dans l’UE, et les Etats qui en sont déjà membres et dont les citoyens sont assez sceptiques sur l’Europe. »
Relancer un imaginaire positif sur la construction européenne
« Dans l’Union européenne, il y a une guerre de récits à mener car nous sommes abreuvés d’un imaginaire négatif, avec un discours quasiment de guerre civile », poursuit Philippe Mouche. « Mon personnage Fergus Bond tente de raviver cet imaginaire européen par toute une série de conférences dans les capitales de l’Union, et qui constituent la trame de l’histoire. »
L’eurodéputée Salima Yenbou conclut : « cet imaginaire positif sur l’Europe nous l’avons perdu, car beaucoup de citoyens ont oublié ce que la construction européenne nous apportait. »