Culture : Industrie du Cinema en Crise

Cinéma : le Sénat examine une proposition de loi pour protéger l’exception culturelle française

Ce 7 février, les sénateurs de la commission de la culture examinent la proposition de loi transpartisane qui souhaite préserver l'avenir du septième art.
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Le cinéma français a devant lui un grand avenir », a conclu la mission d’information chargée de dresser des perspectives pour la filière cinématographique. Meurtri par les restrictions sanitaires liées à la pandémie de covid-19, le secteur semble avoir enfin sorti la tête de l’eau. Mais malgré un bilan encourageant en 2023, les rapporteurs du texte ont dressé une série de recommandations pour sauvegarder la place singulière de cette industrie en France. Une proposition de loi « visant à conforter la filière cinématographique en France » sera examinée par les sénateurs de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport mercredi prochain.

Diversifier l’accès aux œuvres

Après trois années marquées par des taux de fréquentation moroses, les salles de cinéma ont connu un rebond en 2023 : 181 millions d’entrées, soit une hausse de 19 % par rapport à 2022 selon le Centre National du Cinéma (CNC). Une reprise très attendue alors que les chiffres étaient en berne depuis les taux historiques affichés entre 2017 et 2019.

Toutefois, un rapport du CNC pointe une disparité géographique dans l’accès aux films classés « Art et Essai ». Ces œuvres sont moins diffusées dans les zones rurales et les petites villes. Pour pallier ces inégalités, les rapporteurs proposent que les distributeurs soient désormais soumis à des engagements de diffusion. L’article 4 de la proposition de loi précise donc qu’une part minimale des films proposés devrait être réservée à des cinémas situés dans des territoires ayant un faible nombre d’habitants. Le texte prévoit également une sanction administrative de la part du CNC, si l’obligation n’était pas respectée.

Le rapport souligne également la nécessité de favoriser le renouvellement des jeunes publics. Pour atteindre cet objectif, il recommande notamment au CNC de veiller à ce qu’une partie des places de cinéma acquises par le biais du Pass Culture soit réservée aux films français et européens.

Conditionner les aides du CNC

Pour rendre l’industrie du cinéma « exemplaire », deux autres modifications du code du cinéma et de l’image animée (CCIA) sont envisagées par les sénateurs. La première consiste à conditionner les aides du CNC au respect de critères environnementaux, en vérifiant les bilans carbone des tournages notamment. La seconde, elle, vise à protéger les règles de rémunération minimale des auteurs. La subvention du CNC serait ainsi accordée uniquement si les clauses de rémunération (fixées par la ministre de la Culture) sont respectées. Jusqu’à maintenant, le montant de la rémunération se négociait librement entre les représentants des auteurs et les producteurs.

Un dernier changement législatif est également défendu par les rapporteurs du texte. À partir des conclusions du rapport de Bruno Lasserre, l’article 1 de la proposition de loi se concentre sur les politiques commerciales des exploitants. Tout d’abord, un prix de référence par place devra être déterminé pour les cinémas souhaitant commercialiser des cartes d’abonnement illimité. Ce tarif, qui servira de base pour rémunérer les distributeurs et les ayants droit, sera fixé en fonction du prix des entrées sur une période donnée. Enfin, un « contrat type » devrait être mis en place pour les exploitants souhaitant se joindre à un dispositif de carte illimitée. Ces deux révisions ont pour objectif d’assouplir l’encadrement de ces cartes d’abonnement, soumis à un agrément délivré par le CNC. Par cet amendement, les rapporteurs souhaitent notamment remédier à la « lourdeur » administrative de la procédure.

Le texte, déposé par les sénateurs Céline Boulay-Espéronnier (LR), Sonia de La Provôté (UC) et Jérémy Bacchi (CRCE), sera discuté en séance publique au Sénat à partir du mercredi 14 février.

Myriam Roques-Massarin

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Cinéma : le Sénat examine une proposition de loi pour protéger l’exception culturelle française
3min

Culture

Quand Patrick Timsit raconte son départ d’Alger : « Paris, c’était l’Eldorado »

Âgé de deux ans seulement, Patrick Timsit quitte son Algérie natale avec ses parents. Aujourd’hui, il retrouve dans le récit des Ukrainiens qui quittent leur ville et leur pays, une part de son histoire. Élevé dans la maroquinerie de sa famille, les personnes rencontrées ont été de réelles sources d’inspiration pour l’humoriste qu’il est devenu. Comment a-t-il vécu son déracinement ? Quel regard porte-t-il sur son enfance à la fois parisienne et intimement liée à l’Afrique du Nord ? Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Patrick Timsit dans « Un Monde un Regard ».

Le

Cinéma : le Sénat examine une proposition de loi pour protéger l’exception culturelle française
4min

Culture

« Je ne crois pas que l’époque soit plus terrible qu’elle ne l’était en 1937 ou en 1938, chaque siècle a connu ses années de barbaries », estime Marc Lévy

En 2000, Marc Lévy publie son premier roman, « Et si c’était vrai ». Traduit en 44 langues et vendu à plus de trois millions d’exemplaires, son succès est fulgurant. Depuis cette première publication, ses écrits ont pris un virage plus géopolitique. Ses fictions font désormais largement écho à l’actualité. Dans son roman « Noa », écrit avant le 24 février 2022, il va même jusqu’à prédire l’offensive russe en Ukraine. Quel rôle les intellectuels peuvent-ils jouer dans la compréhension des conflits ? Comment et pourquoi écrire en ces temps de trouble ? Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Marc Lévy dans « Un Monde un Regard ».

Le

Librairie du CAP nouvelle enseigne a Cap3000
7min

Culture

Livres d’occasion et sites de e-commerce : le monde du livre fait face à de nouveaux défis

Avec sa proposition d’une contribution sur les livres d’occasion, Emmanuel Macron a relancé le sujet de la concurrence entre plateformes et petits commerces. Une guerre sans merci est engagée entre ces acteurs dans le domaine du livre, les uns pour leur rentabilité et les autres pour leur survie. Il reste qu’en ce qui concerne la lecture, le problème majeur reste la désaffection de certains pans de la population.

Le

Cinéma : le Sénat examine une proposition de loi pour protéger l’exception culturelle française
2min

Culture

Projet de loi sur l’aide à mourir : Véronique Jannot dit oui « à 100% et sans restriction » !

Connue du grand public pour son rôle d’assistante sociale dans la série « pause-café », Véronique Jannot s’est toujours illustrée par sa bienveillance et sa bonne humeur, avec une philosophie : vivre dans l’instant présent en conservant sa dignité, du premier au dernier jour. Aujourd’hui, alors que le débat sur la fin de vie ressurgit, l’actrice soutient sans ambiguïté l’inscription de l’aide à mourir dans la loi. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Véronique Jannot dans « Un Monde un Regard ».

Le

La sélection de la rédaction

CANNES Jeanne du Barry premiere and opening ceremony.
6min

Culture

Cinéma : un rapport du Sénat préconise une baisse progressive du financement public

Pointant une « abondance de moyens » avec 1,7 milliard d’euros d’aides en 2021 pour le secteur cinématographique, le sénateur LR Roger Karoutchi préconise de réorienter les aides « vers le soutien à la formation » afin de « contribuer à l’amélioration de la qualité des œuvres produites, de développer leur potentiel commercial et responsabiliser un peu plus les producteurs ». L’objectif étant aussi de créer « un appel d’air pour les investisseurs privés ».

Le

Cinéma : le Sénat examine une proposition de loi pour protéger l’exception culturelle française
2min

Culture

Cinéma : « Il faut baisser les prix, mais certains doivent renoncer à leurs salaires exorbitants », estime Robert Guédiguian

Invité de notre matinale, Robert Guédiguian est revenu sur les difficultés actuelles du cinéma français. Le réalisateur et producteur se prononce pour une baisse des prix des billets, qui se répercuterait sur les revenus des gros acteurs du secteur, comme les producteurs, les distributeurs, les exploitants, les acteurs riches. »

Le