Dien Bien Phu illustration principale
"1954, la fin d'un monde", de Ben Salama et Benjamin Stora

Diên Biên Phu, amorce de « la fin d’un monde » colonial

1954, alors que la France est en pleine reconstruction et effervescence suite à après la Deuxième Guerre mondiale, le conflit en Indochine fait rage. En mars, le corps expéditionnaire français est défait lors de la mythique bataille de Diên Biên Phu. Commence alors une sorte de « fin d’un monde »… la fin de l’empire colonial français. Suivant l’exemple vietnamien, des voix nationalistes tunisiennes, marocaines et algériennes grondent… Dans « 1954, la fin d'un monde », diffusé cet été sur Public Sénat, Ben Salama et Benjamin Stora relatent cette année de bascule pour l’empire colonial français.
Lauralie Margalejo

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1954, un air de légèreté retrouvée règne dans l’hexagone. Pourtant, à l’autre bout du monde, la guerre d’Indochine est à son paroxysme. Elle oppose la puissance coloniale française et le Viêt Minh communiste d’Ho Chi Minh qui a proclamé son indépendance en 1946. Au cœur de la guerre froide, l’enjeu est de taille : contenir l’expansion du communisme. A ce titre, bien que n’ayant pas de troupes sur le terrain, les États-Unis fournissent une aide matérielle conséquente à la France.
En métropole, les citoyens se sentent peu concernés par cette guerre lointaine. L’insouciance retrouvée domine. Et pourtant, cette guerre n’est que la partie immergée de l’iceberg : « de la paix signée en Indochine aux soulèvements armés en Algérie, ce sont les 100 jours qui font craquer l’empire français et annoncent en cette année 1954, la fin d’un monde » rappelle le réalisateur du documentaire.

La bataille de Dien Bien Phu
Crédits photo : "1954, la fin d'un monde" de Ben Salama et Benjamin Stora

La bataille de Diên Biên Phu ou le début de la fin

Le 13 mars 1954, le Viêt Minh lance une offensive contre la France dans la région de Diên Biên Phu. Déjouant l’assurance de la puissance coloniale, il ne faudra pas plus de 57 jours aux Vietnamiens pour remporter haut la main le combat. Si les Français s’intéressent peu à ce qu’il se passe sur le front en Indochine, 60% d’entre eux souhaitent tout de même que cette guerre cesse. Pierre Mendès-France qui devient en juin 1954, président du Conseil de la IVème République et Ministre des Affaires étrangères en est l’un des porte-voix.
Benjamin Stora, historien spécialiste de la colonisation, explique : « [Pierre Mendès-France] a montré que la question coloniale fonctionnait comme une sorte d’archaïsme dans l’histoire politique française, et apparaissait comme un frein à la modernisation » du pays. Il a, à ce titre, été un acteur majeur de la conférence de Genève qui débute en avril 1954 pour trouver une porte de sortie à l’enlisement du conflit en Indochine.
Le 7 mai, le corps expéditionnaire français est officiellement défait. Les troupes se retirent. Les accords de Genève sont alors signés le 20 juillet et actent l’indépendance du Laos, du Cambodge et du Viêt Nam. A son retour en France, il est accueilli comme un héros, comme l’homme qui a mis fin au bourbier indochinois.

Carte de l'Indochine
Crédits photo : "1954, la fin d'un monde" de Ben Salama et Benjamin Stora

L’indépendance retrouvée en Indochine inspire les nationalistes tunisiens, marocains et algériens. En novembre 1954, l’Algérie est touchée par une série d’attentats. Huit ans de guerre pour l’indépendance s’ouvrent, opposant le Front de libération nationale à l’empire colonial français. En avril 1955, la conférence de Bandung crée un nouvel ordre mondial où les puissances d’antan doivent désormais composer avec les puissances émergentes issus des territoires récemment décolonisés : le Tiers-Monde.

Retrouvez le documentaire « 1954, la fin du monde » de Ben Salama et Benjamin Stora en replay sur notre site internet ici.

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