Retrouvez l’essentiel de l’audition de Laurence des Cars, la présidente-directrice du Louvre, devant le Sénat

Trois jours après le cambriolage spectaculaire au musée, sa présidente Laurence des Cars a été entendue par la commission de la culture du Sénat, pour des « explications » sur ce fiasco qui a fait le tour du monde.
Rédaction Public Sénat

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Elle est en première ligne avec la ministre de la Culture, après le vol retentissant des joyaux de la Couronne au sein du musée le plus visité au monde. En poste depuis 2021, la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, s’est expliquée devant les sénateurs de la commission de la culture, ce 22 octobre. Alors que Rachida Dati a assuré face aux députés mardi que « les dispositifs de sécurité du musée » n’ont « pas été défaillants », la dirigeante est revenue en détail sur les conditions de sécurité des œuvres.

Dimanche, peu après l’ouverture, des cambrioleurs se sont introduits dans la galerie d’Apollon par un monte-charge, garé dans la rue, et ont dérobé des joyaux royaux et impériaux d’une valeur de 88 millions d’euros, et d’une valeur patrimoniale inestimable. Un pré-rapport de la Cour des comptes pointe « le retard persistant » pris par le musée dans le déploiement d’équipements de sécurité, et plusieurs organisations syndicales ont déploré la baisse des effectifs consacrés à la sûreté et à la sécurité du musée.

18h22

« La possibilité d’armement » des agents du Louvre « n’est pas envisageable », affirme la directrice de la surveillance du musée

Expliquant que les agents de la direction de l’accueil des publics et de la surveillance « relèvent du code du patrimoine » et non de celui de la sécurité intérieur, Dominique Buffin, directrice de la surveillance du musée, explique que « la possibilité de l’armement de ces agents n’est pas envisageable ». Quant au recours à une sécurité privée, « c’est un tout autre sujet », continue-t-elle, avant de préciser : « Je pencherais davantage vers la proposition faite par madame la présidente […], de s’appuyer sur des renforts d’effectifs de police ».

18h19

Imaginées pour contrer des attaques armées, les vitres « n’ont été que fendues », détaille Laurence des Cars

À propos des vitrines anciennes qui présentaient les joyaux de la couronne, la présidente réaffirme que les vitrines installées en décembre 2019 « représentaient un progrès considérable en termes de sécurité ». Elle met en avant l’obsolescence des anciens équipements, dont elle détaille le fonctionnement. Des études lancées en 2014 ont donné lieu à nouvelle génération de vitrines. Trois vitrines « de joaillerie présentant toutes les garanties nécessaires » ont remplacé la vitrine, seule auparavant. Ce sont deux de ces vitrines qui ont été attaquées. « Ce qui est très frappant lorsque l’on est sur place, c’est que les verres n’ont pas été brisés », affirme la présidente du Louvre. Ces derniers « n’ont été que fendus » et « les voleurs ont passé leur main », explique Laurence des Cars, précisant que « le verre a résisté ». Ces vitrines ont été imaginées pour résister à des attaques d’armes, mais pas forcément contre les « matériaux lourds » qui ont été utilisés, détaille la présidente.

17h41

« J’ai donc bien fait de la sécurité, du côté des effectifs, une priorité », assure Laurence des Cars

La présidente du Louvre dépeint une organisation de la mission de surveillance « particulièrement compliquée », associant des « agents en situation [professionnelle] très variée ». Un dispositif toutefois nécessaire « pour assurer la continuité du service », y compris pendant les week-ends et « en nocturne », et qui implique « de raisonner en équivalent temps plein travaillé (TPT), et non en personne physique », précise Laurence des Cars.

Interrogée sur les effectifs, elle évoque une réduction de « moins de 6 % » entre 2014 et 2024, avec la suppression de 50 TPT. Toutefois, alors qu’à son arrivée, en 2021, les effectifs étaient de 747, ils sont de 788 en 2024. De quoi lui permettre d’affirmer que « c’est mon action et notamment l’organisation d’un concours exceptionnel de recrutement avec le soutien du ministère de la Culture qui a permis cette amélioration sensible de 5,5 % ». Et de conclure : « J’ai donc bien fait de la sécurité, du côté des effectifs, une priorité ».

17h18

« Nous avons, dans cette audition, une grande absente : Rachida Dati », déplore Yan Chantrel

« J’espère que nous aurons très rapidement l’occasion de nous prêter au même exercice avec votre ministre de tutelle », affirme le sénateur socialiste. « Nous avons, dans cette audition, une grande absente, celle qui doit rendre des comptes devant la représentation nationale, votre tutelle représentée en la personne de Rachida Dati », a-t-il déploré.

Agacé des « sorties » de la ministre de la Culture ces derniers jours, Yan Chantrel a critiqué les prises de parole de Rachida Dati devant les deux chambres du Parlement, qui a affirmé que « les dispositifs de sécurité du Louvre n’ont pas été défaillants ». « Je pense que le monde entier nous rit au nez », s’est-il moqué. Et de tacler : « On est aussi consterné d’entendre la ministre assener dans tous les médias que le budget de la culture est en hausse ». « Madame Dati est une des rares ministres à avoir eu la main sur trois budgets consécutifs, or […], la dotation pour charge de service public du Louvre est en baisse constante ».

17h04

« Quand nous sommes arrivés au Louvre, c’est un sentiment d’effarement qui nous a saisis »

Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée du Louvre, est revenu sur les grands axes du schéma directeur de sécurité élaboré à partir de 2021, et dont les travaux de mise en œuvre sont estimés à 80 millions d’euros. « Quand nous sommes arrivés au Louvre, c’est un sentiment d’effarement qui nous a saisis quand nous avons visité les 5 PC repartis dans le musée et le PC central… C’était une très grande surprise », a-t-il raconté. « La question n’était pas une question de poste de commandement, mais une question d’infrastructure globale, en termes numériques, d’outils et de caméras. Tous les sujets sont concernés : également en termes électriques car pour déployer un dispositif de ce type, il faut un câblage nouveau, estimé à 60 km, à la taille du Louvre », a-t-il détaillé.

« Sur les postes de commandement, c’est un coût qui est estimé, toutes dépenses confondues, à plus de 6 millions. L’aile la plus coûteuse, car la plus grande, c’est l’aile Richelieu, avec une dépense à 12 millions. Nous sommes sur les autres ailes sur des montants entre 6 et 9 millions d’euros. »

17 heures

Sur l’obsolescence du matériel de sécurité, « la surprise a été au rendez-vous », affirme Laurence des Cars

La rapporteure budgétaire, la sénatrice Sabine Drexler prend la parole. Après avoir dit avoir été « frappée » par le cambriolage et regrettant que « l’alarme » ait été donnée « à de nombreuses reprises » concernant la sûreté du musée, la parlementaire évoque le prérapport de la Cour des comptes, dont la presse s’est fait écho. Un pré-rapport qui parle d’un retard du déploiement du schéma directeur de modernisation des équipements de sûreté du musée. La sénatrice multiplie les questions à la présidente du Louvre, questions auxquelles elle demande des réponses précises.

« Il n’y a pas de retard dans la mise en œuvre du schéma directeur de la sûreté du Louvre », lui répond Laurence des Cars, réfutant alors les éléments du pré-rapport de la Cour des comptes. Elle affirme qu’à sa prise de fonction en 2021, une réflexion sur la modification du schéma était déjà en cours, précisant que ces modifications sont complexes et prennent du temps. Concernant le musée du Louvre, elle évoque une infrastructure « vieillissante », sur laquelle il est complexe de « greffer » des équipements modernes, notamment en matière de vidéo. Laurence des Cars affirme qu’à son arrivée, le directeur de l’accueil et de la surveillance de l’époque l’avait alerté sur le retard du Louvre et sur l’obsolescence de l’équipement, notamment en comparaison avec les équipements du Musée d’Orsay, qu’elle présidait avant.

« La surprise a été au rendez-vous » à son arrivée au musée du Louvre, admet-elle. Elle précise qu’elle ne rentrera pas dans les détails du plan de sécurité du musée, du fait de la publicité de son audition, affirmant que toutes les informations seront données ultérieurement aux sénateurs. L’ensemble de ce schéma directeur est évalué à plus de 80 millions d’euros, a déclaré Laurence des Cars. Une translation « absolument massive », commente-t-elle. Pour le chantier, ils sont en train de sélectionner les entreprises qui feront les travaux, en suivant la procédure des marchés publics. Le but fixé est que les travaux débutent début 2026.

16h50

« En moins de 4 minutes après le déclenchement de la première alarme, les voleurs quittent la scène du crime », raconte Laurence des Cars

« Dimanche 19 octobre, à 9 heures 30, un camion nacelle se positionne aux abords immédiats du musée du Louvre, quai François Mitterrand », la présidente du musée entreprend le récit de ce cambriolage historique. Les cambrioleurs, alors vêtus de gilets de chantier, simulent une opération de maintenance et se hissent jusqu’au balcon de la galerie d’Apollon et procèdent à l’effraction de la porte-fenêtre. A 9 heures 34, « le détecteur d’alarme positionné sur la porte se déclenche aussitôt, et transmet un signal au poste de sécurité ». Une minute plus tard, un agent situé en salle lance un appel au poste de commandement pour signaler l’intrusion et l’évacuation de la salle est lancée. Les alarmes des deux vitrines se déclenchent à leur tour. Attaqué avec une disqueuse, le verre « de haute sécurité » ne s’est « pas brisé », rapporte Laurence des Cars, mais des « instruments lourds » permettent aux malfaiteurs de créer des brèches, par lesquelles « ils ont pu passer leurs mains ».

« A 9 heures 35 et 33 secondes », le chef d’exploitation du musée appelle le commissariat du 1er arrondissement de Paris pour signaler le cambriolage. « A 9 heures 36 », le bouton de télé sécurité, relié à la préfecture de police, est activé depuis le PC central par un chef d’équipe, poursuit la présidente du musée. « Là encore, le protocole de sécurité est suivi à la lettre », insiste-t-elle. « A 9 heures 37 », est diffusé un message demandant la fermeture des portes au public et au personnel. La minute suivante, soit « moins de quatre minutes après le déclenchement de la première alarme », les voleurs quittent la scène par la même fenêtre, et « emportent avec eux neuf pièces », dont l’une sera retrouvée dans la rue. Aux abords du musée, « les équipes de surveillance mettent en fuite les criminels », les empêchant de « mettre le feu à leur véhicule ».

16h47

« La sûreté du musée s’appuie sur des équipements mais ces moyens ne suffisent pas sans des équipes formées »

« Depuis 2022, tous les projets de rénovation de salles ou de changements muséographiques s’accompagnent de manière systématique d’une reprise des dispositifs de sûreté, notamment en ce qui concerne l’extension de la vidéo-surveillance », a expliqué Laurence des Cars. Elle a notamment mis en avant les différents dispositifs de sécurisation du musée.

« J’ai poursuivi la sécurisation du bâtiment et de ses abords en finalisant la pose de nouvelles grilles autour du domaine sur les accès qui en étaient dépourvus », a-t-elle expliqué. « La sûreté du musée s’appuie sur des équipements mais ces moyens ne suffisent pas sans des équipes formées et des procédures bien appliquées. Sur ce sujet, au cours des dix dernières années, le musée a connu une baisse de ces effectifs de sûreté. Sous ma présidence ils n’ont pas baissé, ils ont même connu une augmentation de 5,5 % depuis 2022, grâce aux recrutements permis par le ministère de la Culture », a fait valoir Laurence des Cars.

Elle a également déploré les « fuites organisées autour du rapport de la Cour des comptes », qui doit être prochainement présenté sur la gestion financière du musée, et notamment les éléments fournis par le Louvre à cette institution sur les systèmes de sécurité. « Ces fuites constituent une grave mise en danger pour la sécurité du musée. »

16h40

« Je n’ai cessé d’attirer l’attention sur l’état de dégradation et d’obsolescence générale du Louvre », affirme Laurence des Cars

Auditionnée par la commission de la Culture du Sénat, trois jours après le cambriolage du Louvre, Laurence des Cars insiste sur la mission des équipes du musée de « protéger le patrimoine culture commun tout en le partageant avec le plus grand nombre ».

« Malgré nos efforts, nous avons été mis en échec », reconnaît la présidente du musée. Mais elle s’attache à rappeler les alertes qu’elle avait émises en 2024 devant l’Assemblée nationale : « Je n’ai cessé d’attirer l’attention […] sur l’état de dégradation et d’obsolescence générale du Louvre, ses bâtiments et infrastructures », mais également des équipements techniques. Les chantiers de rénovation entamés « depuis deux ans », ne peuvent pallier « les difficultés structurelles de notre établissement », affirme-t-elle, avant de préciser que ces rénovations impliquent « de s’engager sur la durée » et sont soumises aux « procédures complexes et longues du marché public ». « Ses transformations doivent être anticipées et programmées sur plusieurs années ». Elle précise que les marchés ont été lancés à la fin de l’année 2024 et « débuteront au premier semestre de 2026 ».

16h43

 Ce vol, c’est une blessure immense qui nous a été infligée, je la vis profondément 

Laurence des Cars, présidente-directrice du Louvre
15h28

« Est-ce que les alarmes ont fonctionné ? Oui ! », assure Rachida Dati devant le Sénat

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a été interpellée ce mercredi, lors de la séance de questions d’actualité au Sénat, sur le vol dimanche d’une partie des joyaux de la couronne de France au Louvre. La locataire de la rue de Valois en a profité pour répondre aux critiques.

« Je veux rappeler aussi quelques faits. Est-ce que les dispositifs de sécurité internes au musée du Louvre ont fonctionné ? Oui ! », a-t-elle souligné. « Est-ce que les alarmes ont fonctionné ? Oui ! Est-ce que dès l’effraction de la fenêtre les alarmes ont fonctionné ? Oui ! Est-ce que l’alarme des vitrines a fonctionné ? Oui, c’est une réalité. Est-ce que les agents ont respecté le protocole de sécurité et de sûreté, notamment la mise à l’abri des visiteurs ? Oui ! », a énuméré Rachida Dati.

« Est-ce un succès ? Non, sinon les joyaux seraient encore là », a conclu la ministre, laissant ainsi entendre que les failles seraient moins à aller chercher du côté d’un manque de moyens, que de celui des protocoles en place.

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