Discours de Justine Triet à Cannes : « La confusion des genres, je trouve cela un peu insupportable », tacle Roger Karoutchi 

Auteur d’un rapport sur le financement du cinéma français, Roger Karoutchi plaide pour un rééquilibrage dans la distribution des aides publiques accordées au septième art. Invité de Public Sénat vendredi 9 juin, le vice-président LR du Sénat est revenu sur les propos de la réalisatrice Justine Triet, lauréate de la Palme d’or à Cannes, qui a voulu alerter sur la politique culturelle du gouvernement.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le discours à Cannes de Justine Triet, qui a reçu la Palme d’or pour Anatomie d’une chute, relance le débat sur le financement du cinéma français. « La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l’exception culturelle française », a lancé la réalisatrice au moment de recevoir son prix. Des propos qui avaient estomaqué Rima Abdul-Malak, la ministre de la Culture. Auteur d’un rapport sur la question, publié en mai dernier, le sénateur LR Roger Karoutchi, vice-président du Sénat, a pointé dans ses travaux le poids total des aides publiques en faveur du septième art, soit 747 millions d’euros en 2021, hors mesures d’urgence déployées pour faire face à la crise sanitaire. Invité vendredi 9 juin de l’émission « Extra local » sur Public Sénat, l’élu des Hauts-de-Seine a plaidé pour un rééquilibrage des financements.

« Nous sommes dans un système où en réalité le financement du cinéma français vient en partie du nombre de tickets vendus pour des films américains. Tant qu’à faire, si les films américains ont du succès, autant que cela nous rapporte quelque chose », sourit Roger Karoutchi, qui évoque Les Dix commandements de Cecil B. DeMille comme son film favori. Le sénateur résume ainsi le fonctionnement d’un système où les taxes prélevées sur le prix des places et les recettes publicitaires des chaînes de télévision sont redirigées vers la production française via le Centre national du cinéma (CNC).

« Quand on parle d’avantage fiscal, je rappelle que c’est l’Etat qui paye »

« Le Centre national du cinéma finance plus de 290 films chaque année, c’est énorme. À mon sens, des films avec des réalisateurs, des producteurs et des acteurs très connus n’auraient pas autant besoin d’argent public parce qu’ils vont trouver leurs spectateurs, estime Roger Karoutchi. « Et puis il faut financer le cinéma d’art et d’essai, ce que je comprends très bien. Mais à un moment, il faut trouver un équilibre. Le CNC le fait plutôt bien, mais il faudrait peut-être que des comités d’experts regardent cela de plus près », glisse l’élu.

Quant aux Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel (SOFICA), « elles ont un avantage fiscal à 48 %, alors qu’il était à 36 % il y a peu », relève Roger Karoutchi. Mises en place dans les années 1980, les SOFICA sont des structures qui permettent de rassembler des fonds privés pour le financement de la production cinématographique, moyennant une réduction d’impôt. « Quand on parle d’avantage fiscal, je rappelle que c’est l’Etat qui paye car la déduction fiscale est bien prise quelque part », souligne notre invité. « À un moment, oui au financement public du cinéma, mais oui aussi à ce qu’il soit un peu plus rationalisé. »

Revenant sur le discours de Justice Triet, le sénateur Roger Karoutchi admet avoir été agacé par cette prise de parole : « Je n’aime pas la confusion des genres, je trouve cela un peu insupportable », lâche le vice-président du Sénat. « Moi, personne ne me demande, et heureusement, d’être dans un jury de cinéma. On me dirait, de quoi se mêle-t-il ? », tacle-t-il. « Vous pouvez émettre des critiques sans jeter le bébé avec l’eau du bain. »

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Discours de Justine Triet à Cannes : « La confusion des genres, je trouve cela un peu insupportable », tacle Roger Karoutchi 
3min

Culture

Angelina Bruno : « mes proches m'ont vu comme une handicapée, pour moi j'étais une survivante »

En août 2024, elle a dansé aux côtés de l’artiste Lucky love, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris. Avant ça, elle a intégré la tournée du rappeur Black M. Rescapée d’un accident de la route et amputée d'un bras, la culture hip hop lui a offert une renaissance. Le regard sur les personnes en situation de handicap, le pouvoir réparateur de la danse pour se reconstruire sont autant de sujets qu’elle évoque dans un livre, Danser pour survivre (éd du Rocher). Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit la danseuse Angelina Bruno dans l’émission « Un monde, un regard ».

Le

Discours de Justine Triet à Cannes : « La confusion des genres, je trouve cela un peu insupportable », tacle Roger Karoutchi 
3min

Culture

« Mon combat féministe n'est pas en France, il est en Afghanistan » déclare la grand reporter Dorothée Olliéric 

Pour informer, elle a échappé à la mort une bonne douzaine de fois. Aujourd’hui, elle revient sur les moments qui ont marqué sa carrière dans un livre, Maman s’en va t’en guerre(ed.du Rocher). Sa condition de femme reporter de guerre dans un milieu historiquement masculin, sa volonté de concilier métier et maternité ou ses combats féministes ; la reporter de guerre Dorothée Olliéric se raconte au micro de Rebecca Fitoussi, cette semaine, dans « Un monde, un regard ».

Le

French president visit  Notre Dame cathedral in Paris
6min

Culture

Discours de Macron sur le parvis, messe, concerts... A quoi va ressembler la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris ?

Après plus de cinq ans de travaux, Notre-Dame de Paris rouvrira ses portes le 7 décembre à l’occasion d’une cérémonie laïque, religieuse, puis artistique. Avant cela, « des images inédites » de l’intérieur de la cathédrale restaurée seront présentées le 29 novembre, alors qu’Emmanuel Macron réalisera sa dernière visite de chantier.

Le

Discours de Justine Triet à Cannes : « La confusion des genres, je trouve cela un peu insupportable », tacle Roger Karoutchi 
3min

Culture

« Le gouvernement Barnier pourrait m’inspirer un prochain spectacle » lâche Stéphane Guillon

On l’a connu acide, moqueur, dur parfois à l’excès. Aujourd’hui il se raconte dans un livre et incarne sur scène l’un des protagonistes du roman Inconnu à cet adresse. Mais chez Stéphane Guillon, la flèche et le bon mot ne sont jamais loin. Au micro de Rebecca Fitoussi dans l’émission "Un monde, un regard", il revient sur la dissolution, le gouvernement Barnier et les soles meunières du président de la République à la Rotonde.

Le