Dominique Besnehard : “Aujourd’hui, certaines jeunes actrices préfèrent être égérie d’une marque plutôt que d’avoir un rôle”

Autrefois agent et acteur, aujourd’hui producteur, son sens du travail, son intuition, et son ambition ont fait de lui une figure incontournable du théâtre et cinéma français. C’est cette intuition qui lui a permis de révéler une partie des plus grandes stars françaises. Natalie Baye, Laetitia Casta, Jacques Weber, Béatrice Dalle ou encore François Ozon et Claire Denis : il les a accompagnés, conseillés, soutenus, avec toute sa sincérité et son savoir-faire. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Dominique Besnehard dans l’émission Un monde, un regard.
Axel Dubois

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

“J’ai toujours été observateur”.  C’est peut-être ça son secret : une vision, un certain regard porté sur les acteurs et les actrices qui lui a permis – peut-être mieux que d’autres – de dénicher les talents

Celles qui me retenaient, ces celles qui avaient quelque chose de différent.

Un œil donc, mais aussi une oreille attentive : « Dès qu’on côtoie le public, on a besoin d’être rassuré. ». Rassurant mais toujours sincère avec ses talents, prêt à les pousser, les faire travailler : « Faut que tu travailles, ce n’est pas là encore ! » a-t-il pu lancer. Une méthode Besnehard qui a incontestablement portée ses fruits quand on énumère les stars qui composent son fichier d’agent.

Cette bienveillance et cette sincérité lui ont permis de tisser des liens profonds, intimes, avec ses talents, dans un milieu qu’on juge parfois trop vite : « Les gens ne sont absolument pas superficiels, il y a de vraies amitiés. »

Une ambition à toute épreuve

Du calme plat des villes côtières de Normandie à l’effervescence des milieux artistiques parisiens, l’ambition de Dominique Besnehard ne l’a jamais lâché : « L’ambition vous récompense parfois plus que vous ne vous y attendez ».

Pourtant rien ne prédestinait ce fils de commerçants d’Houlgate au milieu du théâtre et du cinéma : « Je m’ennuyais un peu. L’hiver tout était fermé à Houlgate, c’était une espèce de no man’s land, et l’été mes parents me mettaient en colonie de vacances, donc je n’ai jamais profité de la saison du cinéma, des casinos ».

Mais c’est sa rencontre avec Madame Schoenfeld, sa professeure de Français au lycée de Deauville, qui sera déterminante : « C’est ma Brigitte Macron à moi » s’amuse-t-il. Des années à lire, réciter, jouer les plus grands textes, et qui affineront son sens artistique : « Là je commence à lire les grands auteurs : Anouilh, de Montherlant, Giraudoux. Tout d’un coup elle nous a monté d’un cran. ».

L’importance du travail

Fort de cette ambition, le producteur a su rester modeste et reconnaissant : « Je n’aurais jamais imaginé recevoir tout ce que j’ai reçu ; être au-devant comme ça ». Une notoriété qui n’est pourtant pas déméritée quand on connait son parcours, au point qu’il inspirera en 2015 la série Dix pour cent, une véritable réussite.

Un acharné du travail, qui regrette aujourd’hui une certaine précipitation de la nouvelle génération : « Les jeunes acteurs sont tellement pressés qu’ils vous quittent dans la minute pour un autre agent. » La raison selon lui ? « Aujourd’hui, certaines jeunes actrices préfèrent être égérie d’une marque plutôt que d’avoir un rôle » confie-t-il.

Cela ne l’empêche pas d’être optimiste, notamment lorsqu’il parle de son Festival d’Angoulême, qu’il crée en 2008 avec Marie-France Brière : « Cette génération elle est forte ! Elle a très envie de travailler, d’apprendre ; ils ne sont pas méprisants et respectueux de ce qu’on leur donne. ».

Retrouvez l’émission en intégralité ici

Dans la même thématique

Dominique Besnehard : “Aujourd’hui, certaines jeunes actrices préfèrent être égérie d’une marque plutôt que d’avoir un rôle”
4min

Culture

« Je ne crois pas que l’époque soit plus terrible qu’elle ne l’était en 1937 ou en 1938, chaque siècle a connu ses années de barbaries », estime Marc Lévy

En 2000, Marc Lévy publie son premier roman, « Et si c’était vrai ». Traduit en 44 langues et vendu à plus de trois millions d’exemplaires, son succès est fulgurant. Depuis cette première publication, ses écrits ont pris un virage plus géopolitique. Ses fictions font désormais largement écho à l’actualité. Dans son roman « Noa », écrit avant le 24 février 2022, il va même jusqu’à prédire l’offensive russe en Ukraine. Quel rôle les intellectuels peuvent-ils jouer dans la compréhension des conflits ? Comment et pourquoi écrire en ces temps de trouble ? Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Marc Lévy dans « Un Monde un Regard ».

Le

Librairie du CAP nouvelle enseigne a Cap3000
7min

Culture

Livres d’occasion et sites de e-commerce : le monde du livre fait face à de nouveaux défis

Avec sa proposition d’une contribution sur les livres d’occasion, Emmanuel Macron a relancé le sujet de la concurrence entre plateformes et petits commerces. Une guerre sans merci est engagée entre ces acteurs dans le domaine du livre, les uns pour leur rentabilité et les autres pour leur survie. Il reste qu’en ce qui concerne la lecture, le problème majeur reste la désaffection de certains pans de la population.

Le

Dominique Besnehard : “Aujourd’hui, certaines jeunes actrices préfèrent être égérie d’une marque plutôt que d’avoir un rôle”
2min

Culture

Projet de loi sur l’aide à mourir : Véronique Jannot dit oui « à 100% et sans restriction » !

Connue du grand public pour son rôle d’assistante sociale dans la série « pause-café », Véronique Jannot s’est toujours illustrée par sa bienveillance et sa bonne humeur, avec une philosophie : vivre dans l’instant présent en conservant sa dignité, du premier au dernier jour. Aujourd’hui, alors que le débat sur la fin de vie ressurgit, l’actrice soutient sans ambiguïté l’inscription de l’aide à mourir dans la loi. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Véronique Jannot dans « Un Monde un Regard ».

Le