« Il n’y a pas de petits rôles, il n’y a que des petites interprétations » affirme l’actrice Brigitte Fossey

Le cinéma, elle est tombée dedans étant petite. Révélée à l’âge de 5 ans, par le film Jeux interdits de René Clément, Brigitte Fossey n’a jamais quitté nos écrans depuis. Au cours de sa carrière, elle a engueulé Vic’ pour être montée sans casque sur une mob’ dans La Boum. Elle déclamé des fables de La Fontaine au théâtre et fait plusieurs apparitions dans des séries pour la télévision comme Le Château des Oliviers ou Léo Matheï; sans jamais perdre son enthousiasme et son amour du jeu. Son secret tient peut-être à l’énergie qu’elle puise dans ce drôle de métier et au lâcher-prise avec lequel elle l'appréhende. Ce que l'on pense de son image, la violence de ce milieu, tout semble glisser sur elle. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit l’actrice Brigitte Fossey dans l’émission « Un monde, un regard ».
Agathe Alabouvette

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Elle a une jolie manière de parler de son métier Brigitte Fossey. « C’est comme la mer, le ressac. Je suis pleinement là et puis je disparais, je me retire. J’adore cette alternance », explique-t-elle. Après 70 ans de carrière, l’actrice se sent épanouie. Elle revient sur sa filmographie avec une sagesse joyeuse, dénuée de regrets. « Tous les rôles que j’ai acceptés, j’avais envie de les faire. Il n’y a pas de petits rôles, que des petites interprétations. Parfois ce sont des rôles brefs mais passionnants. »

« Mon prof de théâtre m’a dit : si vous avez peur, vous allez vieillir. Si vous ne l’êtes pas, vous ne serez jamais vieille. »

Les films culte, dans lesquels elle a joué, elle accepte volontiers d’y revenir. « La Boum ce n’est pas un film qui m’encombre. C’était la comédie que j’attendais de faire depuis longtemps. Ça a été mon premier rôle de comédie au cinéma ». Un rôle qu’elle a pourtant bien failli ne pas accepter, lorsque Claude Pinoteau, le lui propose, à 32 ans. « Je me disais : j’ai une fille de 11 ans, je ne vais pas jouer le rôle d’une mère de 13 ans. J’étais incroyable de coquetterie et de bêtise. Mon prof de théâtre m’a dit : si vous avez peur, vous allez vieillir. Si vous ne l’êtes pas, vous ne serez jamais vieille. Vous devez être en avance. Ça a été un déclic et depuis je m’en fiche. Ça m’est égal d’être vieille, jeune, je fais ce que vous voulez, je grossis, je maigris pour les rôles. Il avait parfaitement raison. Les rôles se passent à l’intérieur, pas à l’extérieur. »

Sur le milieu du cinéma, pas toujours tendre avec les actrices qui prennent de l’âge, et les rôles qui leur reviennent, là encore Brigitte Fossey prend beaucoup de recul et défend une position atypique. « S’il y a quelque chose qui passe, il faut le saisir même si ça ne correspond pas exactement. » Et de citer la fable du Héron de La Fontaine :  « Gardez-vous de rien dédaigner quand vous avez à peu près votre compte ».

« Quand j’ai tourné dans Jeux Interdits, beaucoup de gens voulaient s’emparer de moi, me prendre dans leurs bras, me cajoler (…) je sentais bien que c’était pas normal. »

À l’heure où la parole des actrices se libère aussi sur les violences subies dans le cinéma, Brigitte Fossey se sait relativement épargnée. « A l’âge de 5 ans, quand j’ai tourné dans Jeux Interdits, il y a beaucoup de gens qui ont tourné autour de moi, comme des mouches autour d’une lumière, parfois les gens voulaient s’emparer de moi, ils voulaient me prendre dans leurs bras, ils voulaient me cajoler ‘tu me fais un petit bisou, dans le cou’ et moi je sentais bien que c’était pas normal. Je répondais. Non et je disais, moi j’embrasse seulement ma maman et mon papa. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu de la défense. Quand j’ai repris ce métier à 18 ans, ça a recommencé naturellement, mais je n’avais pas peur… Il y avait des règles chez moi. La chose la plus importante pour mes parents, c’était de respecter les enfants.  »

De ses parents, lui viennent peut-être aussi l’humour et l’enthousiasme qui la caractérise. Un père professeur d’anglais et d’allemand, fait prisonnier pendant la seconde guerre mondiale. Une ère qui ayant connu les bombardements de Boulogne-sur-Mer. « Même pendant la guerre, ils ont toujours gardé l’humour », note Brigitte Fossey. « À  la paix, ils ont découvert la joie, la gymnastique, le théâtre. Ils étaient follement heureux avec rien, riches de leur idéal, de leur besoin de célébrer la vie. »

Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici. 

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