L’improvisation chez Issa Doumbia, ne date pas d’hier. Très jeune, à l’âge de onze ans, il s’élance au sein de la compagnie Déclic Théâtre de Trappes, bien connue des initiés pour avoir formé un certain Jamel Debbouze. « C’est ma vie, c’est là où j’ai commencé à vraiment sentir ce sentiment d’exister aux yeux des gens », confie le comédien.
Cette vocation n’est peut-être pas un hasard si l’on remonte l’arbre généalogique d’Issa Doumbia. Ses ancêtres étaient griots, une caste en Afrique subsaharienne dépositaire de la tradition orale à travers des poèmes et des chants qui requièrent souvent de l’improvisation. Pour l’acteur, ces « intermittents du spectacle » ressemble, d’une certaine manière, à ce qu’il peut faire sur scène. Cet héritage « c’est en moi », explique-t-il.
« Je me suis battu pour prouver que je voulais faire ce métier »
Issa Doumbia a grandi dans un quartier populaire de Trappes. Bien qu’il explique qu’il n’avait « aucune notion de l’argent », plusieurs souvenirs l’ont marqué à l’instar des collectes alimentaires. « Les restos du cœur, je sais que je n’aimais pas y aller parce que ça faisait vraiment la famille pauvre […]. Quand on prend des choses là-bas et quand on retourne chez nous, ça n’a pas existé ».
Un contexte qui rend plus difficile la volonté de s’élancer dans le milieu artistique, souvent associé à des revenus instables. Sur ce sujet, il évoque la réticence de ses parents : « Au début ils ont peur, je pense que c’est la peur des parents de se dire « ouais… c’est un métier qui n’est pas très sûr » et ils ont raison. Mais [je] leur ai montré toute la volonté que j’avais envie de réussir, et ils m’ont accompagné […]. Surtout, mes frères et sœurs étaient là aussi pour montrer aux parents qu’ils allaient me soutenir, qu’ils allaient cadrer le truc. »
« Le plus intelligent c’est de remettre à la place les gens avec les mots »
La carrière du comédien a aussi été semée d’embûches, comme lorsqu’il confie avoir été injurié en raison de sa couleur de peau. « Un réalisateur m’a fait une remarque un jour mais malheureusement, il a bien vu que je n’étais pas quelqu’un qui se laissait faire », ce dernier l’ayant invectivé à coup de « sourire Banania ». Très remonté, Issa Doumbia explique avoir recadré immédiatement l’intéressé. « Je n’ai pas vécu comme les anciens, mes parents ont vécu le racisme fortement. Toute ma génération, on parle, c’est-à-dire que si on n’est pas content on le dit. Et ceux d’en dessous ils sont encore plus énervés. Donc plus on avance dans le temps, et plus les gens disent les choses ».
Aujourd’hui l’époque a changé avoue-t-il : « Quand j’étais petit et qu’on prenait le métro et qu’il y avait un noir et une blanche qui étaient ensemble les gens les regardaient (…) aujourd’hui ça n’existe même plus. Quand on voit un couple mixte on ne s’arrête pas ».
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