Le conseil d’administration de la Ligue de football professionnelle vient d’annoncer une diminution de 30 % du salaire de son président. Au Sénat, la commission d’enquête sur la financiarisation du football dénonce au contraire un doublement de la rémunération de Vincent Labrune. Une décision qui va « à contresens » de la situation de la Ligue, qui subit une forte perte de recettes.
L’art peut-il changer le monde ? « Je n’ai pas cette prétention » lâche Ernest Pignon-Ernest
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Il est aujourd’hui l’un des plasticiens les plus connus, et reste la référence de la jeune génération des « artistes de rues ». Un artiste aujourd’hui adulé mais qui a eu des difficultés à s’imposer. Au début de sa carrière, celui qui revendique n’avoir que « peu fréquenté le milieu de l’art » rapporte avec malice la réponse des tenants des institutions culturelles lorsqu’il présente pour la première fois ses œuvres : « tes dessins réalistes c’est vieux ! » avant d’ajouter « mais mes œuvres ce ne sont pas mes dessins (…) ma singularité c’était une réflexion sur le rapport au temps, à l’histoire, (…) Mon travail c’est de saisir la réalité d’un lieu, dans toute sa complexité et glisser un élément de fiction qui vient perturber ou révéler cette réalité », explique-t-il.
Ernest Pignon-Ernest est un artiste de l’intuition. Né à Nice, d’un père ouvrier en abattoir et d’une mère coiffeuse, il grandit dans une famille « passionnée de foot », où rien ne le prédestinait à l’art. « Comme un don », le dessin lui vient dès l’enfance. Autodidacte, « jamais étudiant, ni professeur », il élabore très tôt sa propre technique de création, à coup de colle, de papier journal et de dessin réaliste.
L’une de ses premières actions de rue est de dénoncer la menace nucléaire. En 1966, il colle un peu partout dans le Vaucluse « les empreintes d’Hiroshima », œuvre confectionnée à partir de pochoirs. « La présence des fantômes sur les routes c’est comme une alerte. Sous les amandiers, sous la lavande, on est en train d’enkyster mille fois Hiroshima. Mais il n’y a pas de texte. »
« Je ne m’investis que sur des choses qui me touchent profondément, que je voudrais mieux comprendre »
« Je fais partie de cette génération qui ont illustré des mots d’ordre. Il y a un engagement dans mon travail ; j’ai des convictions, mais mon travail n’a jamais consisté à illustrer des mots d’ordre mais des interrogations. » Artiste humaniste, il colle des œuvres fortes, aux quatre coins du monde. Comme cette silhouette d’une femme nue qui avorte sur les murs de Paris en 1975, pour défendre le droit à l’avortement, le portrait de Mahmoud Darwich, poète palestinien sur le mur de séparation avec Israël ou encore contre l’apartheid en Afrique du Sud. Une œuvre qui lui vaudra d’être contacté par le comité spécial des Nations Unies et qui lui permettra de rencontrer le président sud-africain Nelson Mandela ou le militant de la paix Desmond Tutu.
Le pouvoir de l’art ? Ernest Pignon-Ernest en doute.
S’il porte des causes il doute que l’art puisse fondamentalement faire changer les choses à lui tout seul. « Je n’ai pas cette prétention. Ça fait partie d’un tout. Je ne sais pas si on peut mesurer ça. Ça fait partie de mille autres initiatives. » Des œuvres de papiers pas si fragiles que l’on croit.
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