« Nous vivons des temps difficiles : la guerre en Ukraine, les dictatures d’Iran et d’ailleurs, les graves problèmes environnementaux, l’inflation… Mais pourtant, le matin, le ciel est beau » avait-t-il déclaré un jour.
Sur le plateau d’ « Un monde, un regard », Philippe Geluck le réaffirme : il est un éternel optimiste. Mais cela ne l’empêche pas de sentir « totalement angoissé » par les crises politiques, sociales, environnementales de notre époque. « Si nous n’étions pas angoissés par ce qu’il se passe, nous serions déconnectés de la réalité. Comment peut-on être serein devant tant d’injustices ? »
Une facette méconnue de lui, qu’il dissimule à dessein. « Je ne peux pas, je ne veux pas le montrer. Tous les matins j’essaie de faire rire les autres, ma compagne, mes enfants et les lecteurs. C’est ma mission, ça devient un devoir. Le rire est un médicament que je donne aux autres, et que je prends moi-même. »
« Face à l’horreur absolue, le rire est notre seule force »
Cette foi en un rire salvateur lui vient peut-être de cette confidence bouleversante faite par un ami de ses parents, ancien déporté des camps de concentration nazis. «Il m’a dit : même là-bas, nous avons continué à rire, en nous foutant de la gueule de nos tortionnaires », raconte Philippe Geluck. « Dans ce contexte le plus dramatique, le rire est resté là comme une lumière dans obscurité. Face à l’horreur absolue, c’est notre seule force. »
Une force propre à l’humanité, et universelle. « Dans toutes les civilisations, on rit » disserte Philippe Geluck. « Dès les premières semaines de vie, un bébé qui reconnaît ses parents va rire pour exprimer son bonheur ».
« Le droit au blasphème ne doit pas devenir un devoir »
Rire de Dieu, Philippe Geluck s’y autorise, avec un raisonnement singulier. « Si le rire est humain et que Dieu créer les hommes, Dieu créé aussi le rire. Il ne doit donc pas s’étonner de notre autodérision ». A l’aube du dixième anniversaire des attentats de Charlie Hebdo, le dessinateur en rappelle l’impérieuse liberté. Avec une vigilance : « Prenons garde nous Occidentaux, à ne pas nous dire que la vérité que nous avons édictée est universelle et valable pour tous. Ce n’est pas parce que dans la patrie des droits de l’homme le blasphème est autorisé, que le blasphème doit devenir un devoir. Il faut penser aux personnes qui ne sont pas éduquées, dont la tête est bourrée de croyances, qui croient sincèrement à ces choses-là. »
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