« Le rôle des artistes c’est d’être contagieux de joie de vivre », estime Michel Jonasz.

Voilà 50 ans qu’il nous console, nous fait danser, accompagne notre nostalgie. Il est passé maître dans un art populaire : la chanson. Dans notre époque troublée, il réaffirme plus que jamais son importance et celle des artistes pour contrer la peur, l’angoisse et toutes les formes de haines qui nous guettent. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Michel Jonasz dans « Un monde, un regard » au Dôme Tournon du Sénat.
Agathe Alabouvette

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

On connaît les histoires d’amour ou les textes empreints de nostalgie qu’il nous raconte. Moins ses convictions et son regard sur notre époque. Sur ces sujets, sa parole est rare, mais son regard fin, lucide. Michel Jonasz est venu nous dire qu’il ne se résignait pas.
« Nous vivons une période cruciale”, alerte-t-il. “Notre monde est violent. Tout le monde se bat. Moi je regarde les actualités et je vois une contagion de peurs. On évoque la guerre mondiale, la guerre nucléaire. Si tout le monde parle de ça, ça peut arriver. » Pour sortir de ce climat anxiogène, Michel Jonasz croit à “la force de nos pensées, de nos émotions. »

Un autre monde est possible pour le chanteur, mais il devra venir des artistes.  » Notre rôle c’est d’être contagieux d’autre chose, d’une vraie joie de vivre, d’un amour de l’être humain et d’une fraternité. On ne peut pas survivre sinon ». Spirituel, il croit aussi à la force de la musique pour unir et recréer de la fraternité. “La chanson est un art populaire, parce qu’elle nous parle à tous, de ce que nous sommes. C’est comme un miroir”.

 

La musique pour transcender

En chanteur à texte, Michel Jonasz connaît le poids des mots et des chansons pour traverser des époques et les drames plus personnels. Une relation à la musique sans doute héritée de son histoire familiale. Il naît en 1947 à Drancy, dans une famille d’origine juive hongroise. Plusieurs membres de sa famille, dont ses grands-parents maternels, ont été déportés. « La musique tzigane hongroise que mes grands-parents écoutaient le dimanche, à la fin du repas, transformait le visage, leur rappelait leur pays », se souvient-il avec émotion.

De ce traumatisme familial, il garde un engagement contre l’antisémitisme, le racisme. Et un sens aigu de la justice, pour les autres et pour lui-même. “Je me demande tout le temps : est-ce que ce que je dis, ce que je fais est juste ? Je pense que c’est important de se rattacher à des valeurs pour prendre des décisions dans la vie”.

Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici. 

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Documentaire Le Luron en campagne de Jacques Pessis
4min

Culture

Thierry Le Luron, un pionnier de l’humour politique ?

« C’était un petit surdoué, une sale gosse d’une impertinence rare » se souvient Michel Drucker… Chanteur lyrique de formation, devenu imitateur et comique, Thierry Le Luron a marqué par sa brève carrière le paysage culturel et médiatique des années 70 et 80. Tissé d'interviews de ceux qui l’ont connu ou admiré et de larges extraits de sketchs, le documentaire de Jacques Pessis « Le Luron en campagne » diffusé sur Public Sénat montre combien Thierry Le Luron était insolent à une époque où l'humour n’était pas aussi libre qu’on pourrait le penser aujourd’hui.

Le

« Le rôle des artistes c’est d’être contagieux de joie de vivre », estime Michel Jonasz.
3min

Culture

Guy Savoy : « On nous annonçait qu’en l’an 2000 on ne mangerait que des pilules ! On s’est bien planté »

« Ce n’est plus de la passion, c’est de l’addiction », voilà comment Guy Savoy décrit son quotidien au travail. Installé dans le somptueux hôtel de la Monnaie à Paris, le chef est devenu un monument de la gastronomie française. En dehors des cuisines, pas question de se reposer, il publie un nouvel ouvrage Guy Savoy cuisine les écrivains : XIXe, dans lequel est sublimé l’appétit des auteurs du siècle romantique. Invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard, le maître queux revient sur sa carrière et la place de la gastronomie dans l’hexagone.

Le

« Le Président » d’Henri Verneuil
3min

Culture

« Le Président » : un huis clos politique d’une brûlante actualité

Sorti en 1961, Le Président d’Henri Verneuil n’est pas seulement un film, c’est une plongée dans les arcanes du pouvoir et les dilemmes de la République. Adapté du roman de Georges Simenon, le long-métrage met en scène Jean Gabin dans le rôle d’Émile Beaufort, ancien président du Conseil, figure tutélaire qui incarne une certaine idée de la politique : celle du courage, du sacrifice, du sens du devoir et de la responsabilité.

Le

Paris : 5th edition of the We Are French Touch event
7min

Culture

IA : une proposition de loi sénatoriale entend donner « aux créateurs la possibilité de faire valoir leurs droits »

Ce texte transpartisan vise le « renversement de la charge de la preuve », en cas de contentieux entre un auteur et une entreprise d’IA, qui aspirent énormément de contenus sans payer de droits d’auteur aux ayants droit français. Ce texte est « une première pierre », selon la sénatrice Laure Darcos, pour espérer faire bouger l’Europe comme les opérateurs d’IA. L’objectif final est d’assurer la rémunération des auteurs.

Le