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Maintien des bouquinistes à Paris pour les JO : au Sénat, des réactions partagées

L'Elysée a annoncé ce mardi 13 février que les bouquinistes parisiens ne seraient finalement pas déplacés pendant les Jeux olympiques 2024.
Rédaction Public Sénat

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Emmanuel Macron renonce au déplacement des bouquinistes des quais de Seine, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) 2024. Les boîtes vertes seront scellées peu de temps avant la cérémonie avant d’être rouvertes dès le lendemain. La bataille qui opposait l’Association culturelle des bouquinistes à la Ville de Paris et à la préfecture de police, aura duré plus de six mois. « Constatant qu’aucune solution consensuelle et rassurante n’a pu être identifiée avec ces acteurs », le président de la République a demandé au ministère de l’Intérieur que les librairies à ciel ouvert soient finalement « préservées ».

L’Elysée tranche après des mois de discussions

En juillet 2023, les bouquinistes avaient été informés par la préfecture que leurs boîtes allaient devoir être temporairement déplacées, le temps de la cérémonie d’ouverture des JO qui se tiendra le 26 juillet 2024. Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, avait évoqué la difficulté que ces installations posaient en matière de gestion de foule, mais aussi concernant le risque terroriste : « Une boîte c’est un endroit où l’on peut dissimuler des armes, voire pire, des explosifs » a-t-il déclaré au Conseil de Paris le 3 octobre 2023.

Au mois de janvier, l’Association culturelle des bouquinistes avait alors menacé de saisir le tribunal administratif. Ils demandaient le « non-enlèvement » des boîtes, voire une indemnisation en « dernier recours ». En réponse, la préfecture de police avait finalement accepté de faire un pas en avant et annoncé le démontage de 428 boîtes, « soit moins de la moitié » des installations. Malgré tout, la situation était restée bloquée jusqu’à la décision de l’Elysée ce mardi ; une « victoire » dont s’est félicitée l’association sur Twitter.

De son côté, la sénatrice PS de Paris, Colombe Brossel, dénonce un mode de décision « atypique » et « jupitérien ». Pour l’élue socialiste, l’Elysée a « déjugé le ministère de l’Intérieur, et tout le travail effectué par le préfet de police ». Catherine Dumas, sénatrice LR de Paris, elle, se réjouit que « le bon sens l’ait emporté ». Elue du 17e arrondissement, et présidente du groupe Changer Paris, elle s’était mobilisée pour que les questions de sécurité « puissent être traitées autrement ». Si elle concède que « pour ces JO, le risque zéro n’existe pas […], on ne pouvait pas faire porter cette responsabilité aux bouquinistes ».

Un « effet Dati » ?

Nathalie Goulet, sénatrice centriste, avait signé la pétition de « sauvegarde des bouquinistes » lancée l’été dernier. Elle salue aujourd’hui une décision qui « respecte la culture populaire parisienne ». Mais la sénatrice ne peut s’empêcher d’y voir « un effet Dati », soulignant « la concomitance » entre la nomination de la nouvelle ministre de la Culture et la décision du chef de l’Etat. Maire du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati a remercié hier le président de la République sur X.

Elle a rappelé la mobilisation du groupe Changer Paris, à l’origine du vœu relatif au maintien des bouquinistes pendant les JO, adopté par la Ville en octobre 2023.

Selon l’AFP, la réduction de la jauge de spectateurs pour le jour de la cérémonie d’ouverture, annoncée fin janvier, tenait déjà compte de la fermeture des quais hauts, où sont installés les bouquinistes. Gérald Darmanin avait déclaré que la cérémonie d’ouverture accueillerait finalement 300 000 spectateurs au lieu des 600 000 initialement annoncés.

Colombe Brossel, également conseillère de Paris, voit dans cette nouvelle décision « un manque d’ambition » qui empêche l’organisation d’une « vraie belle fête populaire accessible à tout le monde ». Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, s’est-elle félicitée de la tenue d’une « cérémonie d’ouverture historique à Paris, avec tout ce qui fait son âme »

Au-delà des questions de sécurité, le déplacement des bouquinistes a soulevé la question de la préservation des étals de livres qui datent du XIXème siècle. Faire classer les boîtes vertes au patrimoine mondial de l’UNESCO ? Au mois d’octobre, Catherine Dumas a entamé les discussions avec Jérôme Callais, président de l’Association culturelle des bouquinistes, à ce sujet. Les discussions se poursuivent autour de ce « patrimoine unique » indique la sénatrice de Paris.

Myriam Roques-Massarin

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