CAPTURE PRINCIPALE DOC MALCOLM X

Malcolm X / Martin Luther King : deux visions de la cause noire irréconciliables ? 

« Si quelqu’un te frappe, tu l’envoies au cimetière », la phrase est signée Malcolm X, grande figure de la défense des Noirs dans l’Amérique des années 1950/1960. Une phrase qui en dit long sur sa méthode et sur son opposition à l’autre grand leader de l’époque : le très pacifique révérend Martin Luther King. Pendant des années, les 2 hommes ont œuvré pour la même cause : lutter contre les discriminations raciales qui gangrènent alors le pays, mais avec des manières de faire radicalement différentes. Une rivalité au cœur du documentaire de Frédéric Bas et Julien Gaurichon : « Martin Luther King/ Malcolm X : deux rêves noirs »
Rebecca Fitoussi

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Quand l’un prônait l’autodéfense, l’autre appelait à ne pas rendre les coups. Quand l’un rejetait tout dialogue avec les autorités américaines blanches et chrétiennes, l’autre devenait un partenaire privilégié du Président Kennedy. Dans les années 1950/1960, la cause noire a deux têtes aux Etats-Unis. 

Malcolm X, porte-parole de Nation of Islam (mouvement nationaliste noir), incarnation de la colère afro-américaine après 4 siècles de discriminations et d’attaques psychologiques. « J’ai commencé à comprendre que toutes ces choses qui m’étaient arrivées quand j’étais plus jeune, venaient du harcèlement psychologique, de cette manipulation qui consistait à nous faire croire qu’on était inférieurs. », raconte Peter Bailey, militant proche de Malcolm X. Le leader a sauvé de nombreux jeunes de la délinquance et de la toxicomanie en promouvant l’islam qu’il a découvert en prison, en leur apprenant à être fiers d’eux et fiers d’être noirs, raconte la militante Evelyn Neal. « Malcolm X a presque à lui tout seul, transformé la perception raciale que les noirs avaient d’eux-mêmes ». Le leader ne faisait confiance à aucun Blanc, encore moins aux médias qu’il accusait de déformer ses propos. 

CAPTURE 1 DOC MALCOLM X

L’approche de Martin Luther King fut diamétralement opposée. Les médias, il décide au contraire de s’en servir pour diffuser les images de son approche non-violente lors des différentes marches et manifestations qu’il organise. « La méthode de la résistance pacifique est peut-être l’arme la plus efficace à la portée des peuples opprimés dans leur lutte pour la liberté ». Déclaration du révérend jugée absurde dans les ghettos du Nord, « stratégie du faible » répondra Malcolm X. C’est pourtant cette méthode qui permettra à Martin Luther King d’obtenir l’arrêt de la ségrégation dans les bus de l’Alabama, Etat du Sud. C’est aussi cette méthode qui lui fera gagner la bataille de l’image lors des violentes repressions de la campagne de Birmingham en 1963, lorsque l’Amérique découvrira hébétée, que la violence vient de la police armée de chiens et de lances à incendies et non des manifestants parmi lesquels se trouvaient femmes et enfants. C’est enfin cette méthode qui donnera lieu à l’organisation de la grande marche pacifique du 28 août 1963 et qui débouchera sur ce discours historique : « I have a dream ». Coup de maitre pour les uns, « farce », « pique-nique », « cirque » pour les autres et notamment pour Malcolm X. 

CAPTURE 2 DOC MALCOLM X

Les deux leaders seront assassinés avant d’avoir pu ou voulu débattre. L’Histoire ne retiendra qu’un cliché les réunissant et se serrant la main avec le sourire, une photo décrite comme le symbole d’une réconciliation de deux visions opposées du combat pour la cause noire. Réconciliation factice ? C’est l’historien James H. Cone qui résume peut-être le mieux les choses : « Nous avons tous un peu de Martin et de Malcolm en nous. » 

Retrouvez le documentaire « Martin Luther King/ Malcolm X : deux rêves noirs » le 25 août à 22h puis en replay sur notre site internet ici.  

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Malcolm X / Martin Luther King : deux visions de la cause noire irréconciliables ? 
4min

Culture

« Je ne crois pas que l’époque soit plus terrible qu’elle ne l’était en 1937 ou en 1938, chaque siècle a connu ses années de barbaries », estime Marc Lévy

En 2000, Marc Lévy publie son premier roman, « Et si c’était vrai ». Traduit en 44 langues et vendu à plus de trois millions d’exemplaires, son succès est fulgurant. Depuis cette première publication, ses écrits ont pris un virage plus géopolitique. Ses fictions font désormais largement écho à l’actualité. Dans son roman « Noa », écrit avant le 24 février 2022, il va même jusqu’à prédire l’offensive russe en Ukraine. Quel rôle les intellectuels peuvent-ils jouer dans la compréhension des conflits ? Comment et pourquoi écrire en ces temps de trouble ? Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Marc Lévy dans « Un Monde un Regard ».

Le

Librairie du CAP nouvelle enseigne a Cap3000
7min

Culture

Livres d’occasion et sites de e-commerce : le monde du livre fait face à de nouveaux défis

Avec sa proposition d’une contribution sur les livres d’occasion, Emmanuel Macron a relancé le sujet de la concurrence entre plateformes et petits commerces. Une guerre sans merci est engagée entre ces acteurs dans le domaine du livre, les uns pour leur rentabilité et les autres pour leur survie. Il reste qu’en ce qui concerne la lecture, le problème majeur reste la désaffection de certains pans de la population.

Le

Malcolm X / Martin Luther King : deux visions de la cause noire irréconciliables ? 
2min

Culture

Projet de loi sur l’aide à mourir : Véronique Jannot dit oui « à 100% et sans restriction » !

Connue du grand public pour son rôle d’assistante sociale dans la série « pause-café », Véronique Jannot s’est toujours illustrée par sa bienveillance et sa bonne humeur, avec une philosophie : vivre dans l’instant présent en conservant sa dignité, du premier au dernier jour. Aujourd’hui, alors que le débat sur la fin de vie ressurgit, l’actrice soutient sans ambiguïté l’inscription de l’aide à mourir dans la loi. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Véronique Jannot dans « Un Monde un Regard ».

Le