« J’ai fait un long chemin de croix avant de faire ce que je voulais faire. J’ai été très malheureux et désespéré. Maintenant je suis un peu stakhanoviste parce que j’ai besoin de rattraper le temps perdu », confie Michel Fau. Au même moment à l’affiche du film de Stéphane Demoustier L’inconnu de la grande arche et au théâtre de la Michodière dans la pièce La Jalousie de Sacha Guitry, comme comédien et metteur en scène, l’artiste multiplie les projets.
Metteur en scène et acteur : la méthode Fau
Un véritable hyperactif de la comédie, qui ne cache pas sa rigueur et son exigence lorsqu’il met en scène une pièce de théâtre : « je suis très maniaque très psychorigide, donc tout est réglé, les mouvements et même la tonalité de la voix », mais Michel Fau concède toutefois qu’« en même temps il y a une liberté parce que je suis pour un jeu très incarné et même par moment extravagant, et un peu surréaliste. Donc [les comédiens] trouvent une liberté de jeu », et de conclure, « le raisonnable est quelque chose que je fuis ».
Ce rôle ne l’empêche pas de prendre part au spectacle. Cette double casquette est « en train de revenir, il y a de nouveau des metteurs en scène-acteurs parce que c’est très important d’être là tous les soirs sur le bateau comme un chef d’orchestre. Le spectacle ne se décale pas et ne s’abîme pas », explique-t-il. Un exercice très apprécié car la « prétention de metteur en scène est calmée tout de suite […] je dois aller faire le pitre avec les autres ».
Le XXIe siècle aurait-il oublié ses classiques ?
Michel Fau se fait plus sévère encore lorsqu’il dresse un constat sur la pratique de la langue française dans le théâtre d’aujourd’hui : « déjà dans ma génération ce n’était pas terrible, mais dans la génération après moi, les gens sont beaucoup moins concernés par la beauté de la langue et l’audace (…) la beauté de la langue française est sublime et unique, c’est pour cela que je trouve ça dommage qu’à la Comédie française ou au Conservatoire qui sont des institutions qui à la base ont été inventées pour défendre cet art de dire, [il est dit] que ça n’existe plus. »
Il nuance son propos en insistant sur le fait que « le public n’est pas aussi bête qu’on veut nous le faire croire. Ils ont aussi envie de voir des choses belles c’est pour cela qu’il y a beaucoup de monde dans les musées, dans les expositions ou même à l’opéra » avant d’ajouter et de conclure « Il faut écouter Wagner, ou aller voir des films de Visconti, parce que c’est bouleversant, ça peut changer une vie »
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