La polémique autour des violences qui ont émaillé la finale de la Ligue des Champions, samedi 28 mai au Stade de France, a pris un tour nouveau jeudi après-midi, lorsque les sénateurs ont appris que les images de vidéosurveillance du stade ont été automatiquement supprimées. Différents responsables de la Fédération française de football étaient auditionnés par les commissions des Lois et de la Culture, qui enquêtent conjointement sur cette affaire, lorsque l’un d’eux a expliqué aux élus que les images captées par les caméras du stade étaient automatiquement écrasées au bout de sept jours, pour des questions de protection des données personnelles. À moins d’une saisie judiciaire, ce qui ne semble pas avoir été le cas, bien qu’une enquête ait été ouverte par le parquet de Bobigny.
« Chaque jour qui passe révèle une nouvelle négligence autour d’un événement majeur qui a été regardé par 400 millions de téléspectateurs dans le monde », s’agace auprès de Public Sénat le sénateur LR du Rhône François-Noël Buffet, président de la commission des lois. Bien décidé à faire toute la lumière sur cet événement, il indique avoir l’intention de reconvoquer devant les sénateurs le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, déjà auditionné le 1er juin, et le préfet de police de Paris, Didier Lallement, qui a été entendu jeudi matin.
Pour les élus, il s’agit de confronter les déclarations de ces deux responsables, qui leur apparaissent désormais contradictoires au moins sur un point : la présence supposée de 35 000 à 40 000 personnes sans billet ou munis de faux billets le soir du match. Le locataire de la place Beauvau a imputé à cette foule la principale responsabilité des débordements, tandis que le préfet de police a semblé minimiser le rôle de ces supporters. Les images de vidéosurveillance auraient permis d’apporter un éclairage primordial.
Des auditions de la SNCF et de la RATP
Selon une information du Monde, la justice aurait bien fait une demande de saisie des vidéos auprès du consortium qui gère le Stade de France, jeudi 9 juin, soit cinq jours après la date supposée de suppression des données. « Evidement, le procureur de la République se réveille quand le scandale arrive. Mais c’est trop tard ! », gronde François-Noël Buffet. Le Sénat se réserve désormais le droit de convoquer sur ce point le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, voire le procureur de la République, confie encore François-Noël Buffet. Il n’est pas sûr, toutefois, que ce magistrat puisse s’exprimer sur une enquête en cours.
Désormais, les sénateurs peuvent encore s’appuyer sur deux types d’images pour poursuivre leurs investigations, celles de la préfecture de police, autour de l’enceinte sportive et sur la voirie. Gérald Darmanin a indiqué la semaine dernière qu’elles pourraient être mises à la disposition des élus. Mais aussi les captations de la SNCF et de la RATP, le long des quais du RER B, D, et de la ligne 13 du métro. L’administration du Sénat est actuellement en train de caler des auditions de responsables de ces deux entreprises publiques. « Probablement mardi », nous souffle-t-on.