Notre Dame de Paris

Une entrée payante à Notre-Dame de Paris se heurterait à la loi de 1905

L’idée de la ministre de la Culture Rachida serait difficilement réalisable pour au moins une raison juridique de taille : les dispositions de la loi de 1905, qui a organisé la séparation entre l’Église et l’État.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Une proposition mal engagée ? À quelques semaines de la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, ravagée par un incendie en 2019, la ministre de la Culture Rachida Dati a suggéré dans une interview au Figaro de rendre payante l’entrée du célèbre édifice payant, pour « toutes les visites touristiques ». Rappelant que ce cas de figure est courant dans de nombreux monuments religieux en Europe, la ministre imagine un prix « symbolique » de 5 euros par visiteur. Les recettes annuelles – estimées à 75 millions d’euros – viendraient financer les travaux de restauration des petites églises sur l’ensemble du territoire.

Avant même les problèmes de mise en œuvre concrète, une telle mesure se heurterait à un obstacle juridique de taille. En effet, la célèbre loi sur la laïcité, la loi du 9 décembre 1905, concernant la séparation des Églises et de l’État, est venue transférer la propriété des cathédrales dans le domaine de l’État. L’article 17 de cette loi précise, au sujet des églises et cathédrales classées aux monuments historiques : « La visite des édifices et l’exposition des objets mobiliers classés seront publiques : elles ne pourront donner lieu à aucune taxe ni redevance. » La loi de finances du 31 décembre 1921 s’est d’ailleurs référée à ce grand principe, comme le soulignait en 2002 le sénateur Yann Gaillard (UMP), dans un rapport intitulé « 51 mesures pour le patrimoine monumental ».

Ce n’est pas la première fois qu’une telle idée arrive dans le débat. En 2017, Stéphane Bern, alors chargé d’une mission sur le patrimoine, préconisait de faire payer l’entrée des cathédrales pour entretenir ces monuments. L’Eglise de France avait fait part de son opposition à cette proposition, en soulignant que ces lieux étaient « avant tout » des « lieux de prière et de culte dont l’accès doit être libre ».

Si le franchissement des portes est donc gratuit, cette disposition de la loi de 1905 n’empêche toutefois pas la fixation de tarifs pour certaines parties dans des édifices religieux, en particulier des tours, des cryptes ou les trésors. L’ascension des 330 marches conduisant à la plateforme de la cathédrale de Strasbourg est, par exemple, accessible pour huit euros, dans le cas d’un adulte. Autre exemple, pour la cathédrale Sainte-Cécile à Albi (Tarn), la visite de la nef est gratuite, mais elle devient payante dès lors que les visiteurs veulent pénétrer dans le grand chœur ou admirer le trésor.

Dans la même thématique

Une entrée payante à Notre-Dame de Paris se heurterait à la loi de 1905
3min

Culture

La musique gitane « n’a pas de barrière, les gens vibrent de la même manière » : le message de paix et universaliste de Chico

Co-fondateur des Gipsy Kings, aujourd’hui leader de Chico and the Gypsies, il est un artiste incontournable de la scène de musique gitane. Des titres tels que Bamboléo ou Djobi Djoba ont su faire danser la France et le monde. Cinquante ans de carrière qui ont permis de mettre en avant la musique gitane, et d’incarner l’universalité de la musique. Aujourd’hui, dans l’émission Un monde, un regard, Rebecca Fitoussi reçoit Chico.

Le

Une entrée payante à Notre-Dame de Paris se heurterait à la loi de 1905
3min

Culture

« Aujourd'hui quand le peuple vote, c’est une pulsion » s’alarme le comédien Jacques Weber

Comédien-monument, il a incarné les héros les plus emblématiques du théâtre Français : Don Juan, Tartuffe, Monte-Cristo ou Cyrano. Dans sa dernière pièce, il joue un personnage plus contemporain : François Genoud, banquier nazi. Pour lui, la scène est un lieu éminemment politique, qui interroge notre époque. Le recul de notre démocratie, l’instrumentalisation des faits divers et les dérives de la société du commentaire sont autant de sujets qui l’inquiètent. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit le comédien Jacques Weber dans l’émission « Un monde, un regard ».

Le

Une entrée payante à Notre-Dame de Paris se heurterait à la loi de 1905
4min

Culture

« Sans #MeToo je n’aurais pas pu écrire ce spectacle » assure l’humoriste Caroline Vigneaux.

Dans une autre vie elle a été avocate, avant de bifurquer vers celle d’humoriste. Elle qui craignait de ne plus se sentir utile, elle manie le rire comme une plaidoirie pour dénoncer et exorciser les drames de sa vie : le deuil, les agressions sexuelles…Et faire passer des messages : en faveur du féminisme, contre le retour des masculinistes. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit l’humoriste Caroline Vigneaux dans « Un monde, un regard ».

Le