Le musée du Louvre restera fermé ce lundi, 24 heures après un spectaculaire cambriolage dans la galerie d’Apollon, qui a vu quatre malfaiteurs s’enfuir avec huit des « joyaux de la couronne de France ». Très vite, les réactions à ce vol ont pris une tournure politique, ciblant l’immobilisme de l’exécutif et du ministère de la Culture, malgré les alertes récurrentes des employés sur la vétusté des installations et les failles de sécurité.
En janvier 2025, Laurence des Cars, la présidente-directrice du musée du Louvre avait interpellé Rachida Dati sur les travaux de restauration nécessaires pour maintenir à niveau le plus grand musée du monde. Le 28 janvier, Emmanuel Macron annonçait la « Nouvelle Renaissance du Louvre », un ambitieux plan de restructuration prévoyant notamment la création d’une nouvelle entrée, une augmentation du prix des billets d’entrées des visiteurs étrangers (hors UE) et le déplacement de la Joconde dans une nouvelle salle d’exposition. Quelques jours plus tard, le 5 février, la commission de la culture du Sénat auditionnait plusieurs directeurs administratifs de plusieurs grands musées nationaux : l’occasion de revenir sur la situation de leurs institutions, notamment financière.
« Il ne se passe pas une quinzaine de jours sans que nous ayons des incidents en termes de fuites d’eau »
Parmi eux, Kim Pham, administrateur général de l’Établissement public du musée du Louvre, qui avait alors dressé un tableau pour le moins inquiétant des infrastructures, alertant les élus sur l’urgence de la situation. « Un diagnostic réalisé ces derniers mois révèle à quel point le Palais est en difficulté quant à ses bâtiments et ses équipements », avait-il expliqué, ciblant notamment « l’obsolescence » des équipements installés au début des années 1990, à l’occasion des travaux du Grand Louvre lancés par François Mitterrand. « Ce qui fait qu’il ne se passe pas une quinzaine de jours sans que nous ayons des incidents en termes de fuites d’eau, de difficultés quant à la maintenance. Tout cela est lié à cet état défectueux, parfois délabré de nos équipements », avait-il rapporté.
« Nous ne pouvons pas considérer que réparer l’existant suffise »
À l’époque, l’administrateur appelait à la mise en œuvre d’une planification stratégique, sur la remise à niveau des différents systèmes de maintenance et de sécurité du musée. « Il nous semble absolument nécessaire de lancer des schémas directeurs thématiques, qui pourront être fédérés dans un schéma général. Ces thèmes peuvent être la sûreté, l’électricité, le chauffage et la climatisation, les huisseries, etc. ». Des travaux d’ampleur, et pas seulement des réparations ponctuelles : « Nous ne pouvons pas considérer que réparer l’existant suffise. Si nous optons pour cette solution, nous serons confrontés aux mêmes problèmes à peu près tous les quinze ans », avait encore alerté Kim Pham.
Le projet « Louvre-Renaissance » annoncé il y a près d’un an par Emmanuel Macron a été évalué à environ 800 millions d’euros, financés notamment par la course au mécénat et la hausse du prix de certains billets. À titre de comparaison, la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris touchée par l’incendie de 2015 a coûté 552 millions.