10 milliards d’euros d’économies : « C’est un massacre à la tronçonneuse », tacle Raquel Garrido

La députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis redoute des conséquences importantes pour le premier budget de l’Etat, celui de l’Education nationale, si le plan d’économies annoncé en urgence s’applique de façon proportionnelle à tous les ministères. Elle dénonce également le refus par Bercy de ne pas activer le levier fiscal.
Guillaume Jacquot

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Deux mois à peine après son adoption et déjà obsolète. Le budget 2024 est brutalement revenu sur le devant de la scène politique en quelques heures. En raison de la dégradation de la conjoncture économique européenne, le ministre de l’Economie et des Finances a dû revoir nettement à la baisse les prévisions de croissance très optimistes de la France pour 2024, de 1,4 % à 1 %. Pour tenir la trajectoire, Bruno Le Maire a annoncé ce dimanche sur TF1 10 milliards d’euros d’économies en urgence. La moitié de cet « effort » sur le budget de fonctionnement de l’Etat sera « équitablement réparti » entre tous les ministères, a-t-il précisé.

De quoi faire bondir dans les rangs de la Nupès. « Chacun doit prendre la mesure de ce que ça signifie d’enlever 10 milliards d’euros d’intervention de l’Etat », s’inquiète ce lundi la députée La France insoumise, Raquel Garrido, invitée de la matinale de Public Sénat, soulignant que tous les ministères vont être concernés « à proportion de leur taille » pour un montant de cinq milliards d’euros.

« Ce qui veut dire que le ministère qui contribuera le plus à la coupe rase c’est le ministère de l’Education nationale. J’ai fait mon petit calcul. Ça devrait donner une réduction à hauteur 750 millions d’euros à peu près », en a-t-elle déduit. « Comment je fais pour avoir une Education nationale de qualité en enlevant 750 millions d’euros ? C’est un massacre à la tronçonneuse, c’est injuste et ça n’est pas nécessaire. » Bercy doit donner davantage de détails ce lundi sur la nature des économies prévues et la ventilation de ces dernières dans le budget général.

Des critiques sur le manque d’association du Parlement

La députée conteste en tout cas le choix du gouvernement d’agir sur les dépenses, et de refuser d’augmenter certains impôts. « C’est facile de trouver 10 milliards. Les députés à l’Assemblée nationale avaient créé des recettes en commission des finances cette année, et dans l’hémicycle durant l’exercice budgétaire antérieur », a-t-elle rappelé, citant notamment la taxe sur les super-dividendes. Rappelant les bénéfices records des entreprises du CAC 40 l’an dernier, à plus de 120 milliards d’euros, Raquel Garrido a mis en cause la volonté du gouvernement de laisser inchangée la fiscalité sur les revenus du patrimoine. « Parce qu’on ne veut pas toucher au grisbi chez les ultra-riches, alors du coup on aura moins de profs, de pions et d’AESH. »

Les annonces de la veille traduisent, selon la députée, une « grande opacité » sur les questions budgétaires. « Ce gouvernement ci ne laisse pas les représentants de la nation que nous sommes à avoir une vision correcte correcte du budget […] Je n’ai aucunement confiance en Bruno Le Maire ou en les macronistes, ils ne sont pas prêts à soumettre à la délibération publique la question de l’impôt », a-t-elle déclaré. Raquel Garrido a par ailleurs qualifié de « malsain » l’enchaînement des annonces budgétaires de l’exécutif, avec l’annonce de trois milliards d’euros d’aide à l’Ukraine, puis de 10 milliards d’euros de coupes. Cet enchaînement serait susceptible de « générer dans la société française un refus de l’aide à l’Ukraine », selon elle.

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