À l’approche de la période hivernale, Luc Rémont, le président-directeur général d’EDF, s’est voulu particulièrement rassurant sur les capacités de production électrique de la France, loin de la situation rencontrée l’année dernière où la mise à l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires avait laissé craindre des problèmes d’approvisionnement. « La mobilisation très forte de l’entreprise depuis la découverte du phénomène de corrosion sous contrainte à la toute fin 2021 permet d’aborder cet hiver avec une marge de production très supérieure à celle de l’année dernière », a expliqué le dirigeant d’entreprise, auditionné ce mercredi 8 novembre par la commission des affaires économiques du Sénat.
« Nous sommes aujourd’hui à 40 Gigawatt-heure de production disponible pour novembre, nous serons à 45 en décembre et à 50 en janvier », a-t-il précisé. Par ailleurs, le remplissage des retenues hydrauliques, « supérieur à la moyenne historique », offre « une capacité de turbinage beaucoup plus confortable que l’année dernière ».
Miser sur la sobriété
Publié ce mercredi, la note de perspectives pour l’hiver 2023-24 du gestionnaire français du réseau électrique (RTE) s’est fait l’écho de ces déclarations. Le risque d’un déséquilibre offre-demande est considéré comme « très faible » en novembre et « faible » sur le reste de la période hivernale.
« Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner les efforts de sobriété », a toutefois nuancé Luc Rémont. « S’ils ne sont pas strictement indispensables d’un point de vue de la sécurité énergétique et électrique pour cet hiver, ils continuent de nous pousser dans la bonne direction au sens large. »
Près d’une semaine après le passage de la tempête Ciaran, 40 000 foyers toujours sans électricité
Luc Rémont a également dressé le bilan des deux derniers épisodes climatiques d’ampleur qui ont frappé l’Hexagone la semaine dernière.
« La tempête Ciaran a très profondément touché notre pays et notamment la Bretagne et la Normandie », a souligné Luc Rémont. « 1,2 million de clients ont été coupés jeudi 2 novembre au matin. 700 000 ont été raccordés dans les 24 heures. Désormais, 97 % des clients sont reconnectés », a-t-il rapporté. « Il reste à ce jour 40 000 de nos concitoyens qui ne sont pas reconnectés. Tous nos collaborateurs ne prendront du repos que lorsque tout le monde sera reconnecté. »
EDF a mobilisé jusqu’à 3 400 collaborateurs d’Enedis et de ses différents partenaires industriels dans les zones impactées par la tempête.
La dépression Domingos, qui a frappé la façade atlantique ce week-end, a eu un impact moindre : 160 000 coupures d’électricité, dont 112 000 étaient rétablies le jour même à 18 heures.
« Enedis est reconnu année après année comme le meilleur réseau du monde »
« L’impact climatique est là, nous dévons continuer à travailler pour faire face à ce type d’évènements », a déclaré le PDG d’EDF, tout en se félicitant de la grande réactivité de ses équipes. « Aller vous prendre des initiatives pour accélérer la mise sous terre des lignes électriques qui posent problème ? », a interrogé le sénateur socialiste Serge Mérillou. « 98 % des chantiers que nous faisons depuis 1999 sont enfouis. On enfouit tout ce que l’on peut mais nous avons des dizaines de milliers de kilomètres de lignes qui, pour partie, ne sont pas enfouissables. Pour autant, nous avons augmenté la quote-part du réseau de distribution enfoui de 30 % en 1999 à un peu plus de 50 % aujourd’hui. Nous sommes dans la moyenne européenne », lui a répondu le PDG d’EDF.
« Enedis est reconnu année après année comme le meilleur réseau du monde, notamment sur sa capacité de pilotage. Alors que l’impact de Ciaran sur les régions Bretagne et Normandie est trois fois supérieur à celui de la tempête de 1999, […] la raison pour laquelle une semaine plus tard [l’électricité est rétablie dans la majorité des foyers], c’est la planification et la qualité de l’information. Nous avons des systèmes qui permettent de savoir exactement où le problème se passe. Nous pouvons aller très vite à l’endroit où la coupure a eu lieu », a salué Luc Rémont.
Il a également tenu à rendre hommage à l’agent d’Enedis « disparu tragiquement » samedi, dans le Finistère, alors qu’il manipulait des câbles endommagés sur une ligne moyenne tension. « On ne le dit pas assez souvent mais les gaziers-électriciens, comme beaucoup de métiers qui agissent pour le service public, peuvent malheureusement payer le prix de leur vie », a pointé le sénateur communiste Fabien Gay. « Ce sont les mêmes, d’ailleurs, que l’on brocarde parfois parce qu’ils agissent dans des manifestations pour défendre leurs droits. »