C’était la dernière audition programmée par la commission d’enquête sénatoriale sur l’utilisation des aides publiques versées aux grandes entreprises. Celle-ci a vu passer devant elle depuis mars plus d’une trentaine de grands dirigeants économiques et de hauts cadres. Les sénateurs interrogeaient ce mercredi 21 mai le PDG du groupe LVMH (Moët Hennessy Louis Vuitton), Bernard Arnault. L’audition est revisionne sur cette page.
Il s’agissait pour le milliardaire, qui a fait de LVMH le premier groupe de luxe au monde, de sa première audition au Parlement depuis le 20 janvier 2022, date à laquelle il avait été entendu par la commission d’enquête sur la concentration des médias.
L’audition était très attendue, dans la mesure où le PDG, d’ordinaire relativement discret, s’était montré critique au moment des débats budgétaires et de l’instauration d’une surtaxe exceptionnelle visant les plus grandes entreprises françaises. « Je reviens des Etats-Unis et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide », avait-il déclaré le 28 janvier, lors de la présentation des résultats annuels de son groupe. « Donc, quand on vient en France et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter les impôts de 40 % sur les entreprises qui fabriquent en France… À peine croyable. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal. Alors, je ne sais pas si c’est vraiment l’objectif du gouvernement, mais en tout cas, il va l’atteindre. »
Menaces de délocalisation aux Etats-Unis
Le mois dernier, en plein bras de fer commercial entre Washington et l’Union européenne, l’homme d’affaires avait également menacé de délocaliser certaines productions sur le sol américain, pour échapper au relèvement massif des droits de douane par Donald Trump. Bernard Arnault s’était d’ailleurs rendu à sa cérémonie d’investiture. Si « on se retrouve avec des droits de douane élevés, […] on sera amené à augmenter nos productions américaines », avait-il averti, appelant les dirigeants européens à régler « à l’amiable » les tensions commerciales.
Un autre acteur du secteur du luxe, le PDG du groupe Kering, François-Henri Pinault, lui aussi auditionné par la même commission d’enquête, avait pris le contrepied du discours de son concurrent, en indiquant : « Ça n’aurait pas de sens d’avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas. »
La commission d’enquête, installée en janvier, cherche à estimer le coût des aides publiques octroyées aux grandes entreprises (celles qui emploient plus de 1 000 salariés et réalisent un chiffre d’affaires net mondial d’au moins 450 millions d’euros par an). Elle cherche aussi à savoir si ces aides sont suffisamment contrôlées et évaluées, et se demande s’il serait opportun ou non de fixer des contreparties qui pourraient être imposées en termes de maintien de l’emploi.