Augmentation du budget de la défense : Antoine Armand (EPR) veut regarder du côté de la dépense sociale

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien ministre de l’Economie a fait de l’augmentation des dépenses de défense une « nécessité. » Afin de dégager des marges budgétaires suffisantes, le député macroniste propose de regarder vers les dépenses sociales, les dépenses de santé, et le temps de travail des professeurs ou des fonctionnaires des collectivités locales.
Louis Mollier-Sabet

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La décision est tombée dans la nuit : la Maison Blanche a suspendu toute livraison d’armes et de munitions à l’Ukraine. « Une tendance lourde de l’isolationnisme américain que Trump pousse à un niveau plus important en utilisant les mots de Poutine », analyse Antoine Armand. Le député macroniste y voit un « défi gigantesque » posé par « l’allié historique » que représentent les Etats-Unis : « Faire, non pas contre eux, mais sans eux. »

Sans aide américaine, l’Ukraine pourra-t-elle tenir ? « L’Europe est en capacité d’aider l’Ukraine, nous sommes plus forts que nous le croyons. Dans des moments de crise et des moments importants, l’Europe a toujours su se mettre au niveau de l’histoire », veut croire Antoine Armand. Mais dans ce climat géopolitique tendu, « se mettre au niveau de l’histoire » supposera d’augmenter les dépenses budgétaires consacrées à la défense, dans un contexte budgétaire difficile que connaît bien l’ancien ministre de l’Economie.

« Les professeurs ont des temps de travail qui méritent d’être regardés »

« C’est une nécessité, le Président de la République porte cette augmentation de l’effort de défense depuis 2017, et nous avons voté au Parlement une loi de programmation militaire (LPM) pour accompagner cet effort », réaffirme Antoine Armand, alors qu’Ursula von der Leyen a annoncé un plan de soutien à la défense européenne de 800 milliards d’euros. Afin de dégager les marges budgétaires nécessaires pour maintenir cet effort, l’ancien locataire de Bercy pointe « les dépenses sociales et les dépenses de santé », et notamment le système de retraites.

« Est-ce que vous pouvez imaginer un pays qui a 3 300 milliards de dette, 6 % de déficit et qui continue à embaucher davantage de fonctionnaires ? Dans le prochain budget il faudra dire les choses : doit-on baisser les dépenses sociales ou continuer ad vitam aeternam ? » poursuit-il. D’après Antoine Armand, la solution réside dans « les gains administratifs » et « l’efficience », mais aussi « dans la capacité à dire que certains travailleront davantage, ici ou là dans l’éducation ou les collectivités locales. »

« Les instituteurs, les professeurs ont des temps de travail qui méritent d’être regardés. Nous avons trop d’agents publics qui ne sont pas assez payés. La solution ne peut pas être d’augmenter tout le monde tout en continuant à embaucher, c’est la réalité budgétaire qui nous l’impose », détaille-t-il.

Guerre commerciale : « Je suis inquiet de la vitesse de réaction potentielle de l’UE »

À propos de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, l’ancien locataire de Bercy a rappelé qu’en cas d’augmentation des droits de douane, « les premiers perdants seront les Français, les Européens et les Américains eux-mêmes. » Si Antoine Armand se dit « inquiet de la vitesse de réaction potentielle de l’UE », il estime que la réponse de l’Europe devrait être « immédiate et ferme », sans rentrer dans la « surréaction. »

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