De retour des Etats-Unis, où il est l’un des rares Français à avoir assisté à l’investiture de Donald Trump depuis la Rotonde du Capitole, le milliardaire Bernard Arnault, première fortune de France, avait quelques critiques à émettre contre le budget 2025, qui arrive en fin de parcours législatif quatre mois après son dépôt au Parlement. Le PDG du numéro un mondial du luxe, LVMH, a dénoncé mardi 28 janvier, en marge de la présentation des résultats de son groupe, l’augmentation de la fiscalité prévue dans le futur projet de loi de finances. Et plus particulièrement la surtaxe des grandes entreprises, un mécanisme imaginé sous Michel Barnier.
« Je reviens des USA et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide », a-t-il déclaré, estimant que la politique économique du gouvernement allait « pouss [er] à la délocalisation ».
« Cette taxe est peut-être le seul élément, justement, qui remet un tout petit peu de justice fiscale [dans ce budget] », lui répond ce mercredi 29 janvier, au micro de Public Sénat, Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste au Sénat. « Je rappelle que LVMH, c’est 17 milliards de bénéfices cette année. Je rappelle que les entreprises du CAC40 ont reversé 100 milliards de dividendes. Donc à un moment donné, moi je dis juste : est-ce que LVMH aime son pays ? Est-ce que LVMH aime la France ? Est-ce que LVMH est patriote ? Si c’est le cas, eh bien il faut qu’il participe à l’effort national ! », s’agace l’élu.
« On a besoin de mettre de la conditionnalité dans les aides d’Etat »
En vérité, le bénéfice net de LVMH, selon les chiffres présentés mardi, a chuté de 17 % l’année dernière pour s’établir à 12,6 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires global de 84,7 milliards d’euros. Ce recul est notamment imputé au ralentissement économique en Asie.
« Qui est taxé justement ? C’est ceux qui font des gros bénéfices, donc ce n’est pas ceux qui se portent mal. On voit qu’il y a des entreprises qui se portent bien, qui font des bénéfices et qui licencient. Michelin, par exemple. Donc oui, on a besoin de mettre de la conditionnalité dans les aides d’Etat et de faire participer tout le monde à l’effort national », estime Guillaume Gontard.
« Un budget d’austérité comme jamais nous en avons eu dans ce pays »
À partir de jeudi se tiendra la commission mixte paritaire (CMP) qui doit permettre au Sénat et à l’Assemblée nationale de s’accorder sur une même version du projet de loi de finances. Les débats s’annoncent âpres, en raison notamment des concessions promises par François Bayrou aux socialistes pour s’éviter la censure, mais qui nourrissent un certain agacement au sein du bloc central. De leurs côtés, les écologistes, qui avaient accepté dans un premier temps de participer aux négociations budgétaires entre la gauche et le gouvernement, estiment que le Premier ministre n’est pas allé assez loin, notamment au regard de l’urgence climatique.
« C’est un budget d’austérité comme jamais nous en avons eu dans ce pays, et qui va avoir des effets néfastes et terribles », alerte Guillaume Gontard. « On nous renvoie au budget 2026. Mais moi je dis bon courage avec un budget austéritaire. Les lendemains vont être très difficiles. »
« On verra sur quoi les choses vont bouger en CMP. Pour moi, il y a toute la question écologique, c’est-à-dire sur la transition et comment on permet cette transition, notamment sur les moyens donnés aux collectivités », explique le sénateur de l’Isère. « On a des propositions, que ce soit sur la question du fonds vert, du fonds chaleur… tous ces sujets sur lesquels le gouvernement a totalement gratté, raboté, et même y est allé à la hache. »