Budget 2025 : en ouverture des débats au Sénat, inquiétudes sur « le risque récessif » d’un budget inédit par sa sévérité

L’examen du budget 2025 a démarré au Sénat. Laurent Saint-Martin, le ministre chargé du Budget et des Comptes publics, a assuré devant les élus que le « risque récessif », lié aux 60 milliards d’économies que compte réaliser le gouvernement avec ce projet de loi de finances 2025, serait « le plus faible possible ».
Romain David

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le Sénat est rentré dans le vif de la discussion budgétaire ce lundi 25 novembre. Après une matinée consacrée aux prises de parole des ministres de Bercy et des principaux chefs de file du Sénat, les élus ont commencé en fin d’après-midi l’examen à proprement parler du projet de loi de finances pour 2025 (PLF). Au total, 2 220 amendements ont été déposés par la Chambre haute sur ce texte, dont 1 996 considérés comme recevables.

Passage obligé de chaque PLF : l’adoption d’un article liminaire qui dessine les grands équilibres financiers du budget de l’Etat. Il fixe dans la loi le solde structurel et le solde effectif des administrations publiques pour l’année en cours, l’état de la dette publique selon la méthode de calcul définie par le traité de Maastricht, ou encore le montant des dépenses d’investissements qui ont été engagées. Cet article trace également, pour l’année à venir, différentes prévisions macroéconomiques, comme l’évolution attendue du niveau de dépenses publiques en fonction des administrations.

En l’occurrence, le projet de loi tel que présenté par le gouvernement prévoit un déficit public à 6,1 % du PIB pour la fin de l’année, et confirme la volonté de revenir à 5,2 % en 2025. Toutefois, l’exécutif a fait part de son intention d’atteindre les 5 % par voie d’amendements.

« Je pense qu’il faudra rapidement faire un projet de loi de finances rectificative »

Plusieurs élus ont pris la parole pour remettre en cause les chiffres présentés dans cet article liminaire, invoquant notamment « le risque récessif » induit pour le serrage de vis budgétaire voulu par le gouvernement. « Le rendement fiscal que vous attendez est assez aléatoire, je pense qu’à un moment donné, il faudra recaler la prévision », a souligné le sénateur centriste Vincent Capo-Canellas. « Je pense qu’il faudra rapidement faire un projet de loi de finances rectificative en 2025 ».

« La prévision d’un éventuel effet récessif de ce budget a été prise en compte. Nous avons eu de nombreuses discussions au moment de faire atterrir tous ces soldes à l’article liminaire », a tenté de rassurer Laurent Saint-Martin, le ministre chargé du Budget et des Comptes publics. « Il faut bien comprendre que ce budget est un budget d’équilibre, c’est un budget inédit avec un effort de 60 milliards d’euros et nous le faisons avec un équilibre tel qu’il doit avoir l’effet récessif le plus faible possible », a-t-il développé.

« C’est pour cela que les prélèvements obligatoires que nous prévoyons dans ce texte sont ciblés et temporaires pour la grande majorité d’entre eux. Nous visons surtout de la baisse de la dépense publique », a-t-il insisté.

Partager cet article

Dans la même thématique

Documentaire Capitalisme américain le culte de la richesse de Cédric Tourbe
4min

Économie

Capitalisme américain, le culte de la richesse

John Rockefeller, J.P. Morgan, Bill Gates, Steve Jobs ou Mark Zuckerberg, autant de noms qui ont forgé l’histoire économique de l’Amérique. Dans son documentaire en trois volets, Cédric Tourbe retrace 150 ans d’histoire du Capitalisme Américain. Une contribution utile pour interroger une doctrine dominante et de moins en moins remise en question.

Le

Budget des armées : le sénateur Cédric Perrin appelle à être suffisamment dissuasifs « dans ce monde de carnassiers »
5min

Économie

Budget : le 49-3, seul outil restant pour sauver l’augmentation des crédits de la Défense prévue pour 2026

Alors que les députés et les sénateurs ne se sont pas mis d’accord en commission mixte paritaire (CMP), l’hypothèse d’un budget adopté avant la fin de l’année s’éloigne. En cas de loi spéciale, l’augmentation substantielle du budget de la Défense prévue dans le budget initial ne pourrait pas être mise en place. Le 49-3 serait ainsi le seul recours possible pour traduire budgétairement la trajectoire d’augmentation des dépenses de défense votée en 2024.

Le

Ministere des finances – Bercy
5min

Économie

Après l’échec de la commission mixte paritaire sur le budget, le retour de la « loi spéciale »

Députés et sénateurs n’ont pas réussi à trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2026, ce qui, à ce stade, rend impossible l’adoption d’un budget avant la date butoir du 31 décembre. Comme en 2024, l’exécutif devrait avoir recours à « une loi de finances spéciale » pour permettre aux services de l’Etat de continuer à fonctionner malgré la paralysie budgétaire.

Le

PARIS: Bercy, le Ministere de l Economie et des Finance
3min

Économie

Dette publique : la France franchit un nouveau seuil d’endettement avec 117,4 % du PIB

La dette publique française poursuit sa hausse et atteint un niveau inédit hors période de crise majeure. Selon les chiffres publiés par l’Insee ce vendredi 19 décembre, l’endettement s’élève à 3 482 milliards d’euros, soit 117,4 % du PIB. Le déficit devrait encore empirer après l’échec de la commission mixte paritaire sur le budget 2026.

Le