« Nous avons passé une heure et demie à discuter. Quand on passe une heure et demie, c’est qu’il y a matière à discuter. » À la sortie du ministère de l’Economie et des Finances ce 8 janvier, le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel, aux côtés de ses deux présidents de groupe, résume l’attitude des ministres avec une image, celle d’une « porte qui s’entrebâille ». « Nous voulons mettre notre pied dedans », résume l’ancien député du Nord, qui appelle à entamer de « réelles négociations » avec l’exécutif sur le budget 2025. La même demande a été formulée par leurs alliés socialistes, le premier groupe de gauche reçu lundi, dans le cadre des consultations budgétaires. « Il semblerait qu’il y a une volonté d’écoute, et de notre part, une volonté d’être constructif pour répondre aux urgences et avancer. Nous avons rappelé nos exigences », relaye également Cécile Cukierman, la présidente du groupe communiste, républicain, citoyen, écologiste – Kanaky (CRCE-K).
« Ce n’est pas encore clair »
De la suspension de la réforme des retraites, et de l’âge légal de départ à 62 ans, aux mesures fiscales sur « le patrimoine des plus riches », le numéro un du PCF note qu’il n’y a pour le moment aucune « fin de non-recevoir ». Ni de réponse positive non plus. « On reste un peu sur notre faim, dans la mesure où ce n’est pas encore clair. » La délégation demande d’autres échanges dans les prochains jours, y compris avec d’autres membres du gouvernement.
Les parlementaires communistes se réservent pour le moment le droit d’appuyer une nouvelle fois sur le bouton de la motion de censure. « Si nous avons le même budget que celui présenté par M. Barnier, il y aura le même vote, et donc la censure. Les mêmes causes produisent les mêmes effets », prévient Fabien Roussel.
La sénatrice Cécile Cukierman dénonce le choix de reprendre le projet de loi de finances interrompu en décembre
Dans ce climat d’écoute, les élus communistes se montrent cependant inquiets sur la volonté du gouvernement de reprendre les textes budgétaires, là où ils s’étaient arrêtés en décembre. Le projet de loi de finances, stoppé au Sénat le 4 décembre en pleine partie des dépenses, pourrait être réinscrit à l’ordre du jour parlementaire le 15 janvier. Ce choix, justifié par la nécessité de doter la France d’un budget au plus vite, ne réjouit pas Cécile Cukierman par exemple, qui redoute des difficultés dans le droit d’amendement, à ce stade de la navette parlementaire. « Si on veut passer des bonnes idées à la pratique, il nous faut les outils nécessaires pour cela. On ne veut pas repartir d’une page blanche par plaisir, mais avoir un texte qui nous permette de rééquilibrer les choses. »
D’autant que la première partie, relative aux recettes fiscales, une partie clé pour les groupes de gauche, a été réécrite dans la douleur. « Une première partie rejetée à l’Assemblée nationale, et qui connaît une deuxième délibération au Sénat, permettez-moi de douter de l’intelligence d’une telle partie », épingle la sénatrice de la Loire. « On ne peut pas entamer l’année 2025 en poursuivant le débat budgétaire comme si de rien n’était, sauf à avoir des ministres qui deviennent porte-parole d’un gouvernement censuré ! »