Budget 2025 : les socialistes réclament une « négociation » et des « avancées »

Budget 2025 : les socialistes brandissent toujours la menace de la censure

Reçus au ministère de l’Économie, dans le cadre des rencontres préalables à la reprise de la discussion budgétaire, les parlementaires PS agitent la menace d’une censure si des « concessions remarquables » ne leur sont pas faites.
Guillaume Jacquot

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François Bayrou et son équipe préparent leur survie dès maintenant. Deux semaines après sa formation, le nouveau gouvernement s’attelle à l’une des urgences de ce début d’année : doter la France d’un budget pour 2025. Et pour y parvenir, il lui faudra éviter de connaître le même sort que le gouvernement Barnier, tombé en pleine discussion budgétaire sur une motion de censure le 4 décembre dernier.

Les ministres de l’Économie et des Comptes publics entament ce lundi une série de consultations avec les principaux partis politiques et les groupes parlementaires, dans l’espoir d’aboutir à des accords avec un nombre suffisant de parlementaires, ou à défaut, des assurances de ne pas être censurés cet hiver. Une série de rencontres qui rappellent le « dialogue » que souhaitait favoriser Michel Barnier cet automne dans le cadre des débats budgétaires. Cette série d’entrevues à Bercy doit s’étendre jusqu’au 14 janvier, date de la déclaration de politique générale de François Bayrou.

« Plus de perspectives d’un dialogue fécond avec les partis de gauche qu’avec le RN », selon le ministre de l’Économie

Cette fois, les nouveaux ministres misent leurs espoirs sur les parlementaires de gauche. « Je pense, alors que la semaine commence, qu’il y a plus de perspectives d’un dialogue fécond avec les partis de gauche qu’avec le Rassemblement national », a confié ce mardi matin sur France Inter le ministre de l’Economie Éric Lombard.

Premiers à être reçus ce matin au ministère de l’Économie, les députés du groupe MoDem, le parti du Premier ministre, ont jugé eux aussi que des « compromis » étaient possibles, en citant notamment les socialistes sur la question de la « justice fiscale et sociale ».

Pour réduire la période d’incertitude pour les ménages et les acteurs économiques, le gouvernement compte repartir des textes laissés en instance. Lorsque la motion de censure avait été votée, le Sénat n’avait pas achevé le volet dépenses du projet de loi de finances. La nouvelle ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, souligne ce lundi dans les colonnes du Parisien qu’il faudra « tenir compte » des éléments qui ont provoqué la censure, et donc, « amender sensiblement le budget ». « Cela sera un budget différent de celui qui a été rejeté par l’Assemblée nationale », s’est engagée l’ancienne députée Renaissance, promettant en particulier de « lutter activement contre les systèmes de suroptimisation fiscale et de fraude ».

Les socialistes n’excluent pas de voter une motion de censure

À la sortie d’un entretien de près de deux heures, les responsables socialistes ont soufflé le chaud et le froid et ont demandé une prolongation des échanges, d’ici au discours de politique générale. « Nous voulons une négociation, avec chacun qui fait des pas », a notamment exigé le premier secrétaire Olivier Faure. Et de mettre en garde : « Nous avons rappelé que nous n’étions pas prêts à nous vendre et que s’il n’y avait pas des concessions remarquables pour les Françaises et les Français, nous étions prêts à nouveau à prendre nos responsabilités y compris par la censure. »

« Nous ne le souhaitons pas », a néanmoins précisé la délégation socialiste, qui préfère obtenir des « avancées ». Si une motion de censure était déposée dans la foulée de la déclaration de politique générale, les députés de Boris Vallaud se prononceraient alors « en fonction des réponses accordées ». Interrogé sur les déclarations du gouvernement relatives à la lutte contre l’optimisation fiscale, le député Boris Vallaud a indiqué qu’il fallait « aller au-delà de ce qui a été annoncé ».

« Une proposition de modification, d’évolution de la réforme de la retraite »

Le PS attend d’ailleurs des changements de pied qui vont bien au-delà du projet de loi de finances. « Vous avez compris que nous ne serons pas les supplétifs du gouvernement », a prévu son homologue au Sénat, Patrick Kanner. « Il y a eu une proposition de modification, d’évolution de la réforme de la retraite », s’est félicité le sénateur du Nord, qui en fait un « chantier prioritaire ».

Le 19 décembre, face aux représentants des principaux partis du pays, le Premier ministre avait déjà proposé de « reprendre sans suspendre » la réforme des retraites, avec des « solutions nouvelles » d’ici septembre. Rien de nouveau en trois semaines, mais les socialistes semblent déjà se satisfaire que le sujet soit évoqué par le gouvernement. « La ministre de Montchalin n’a pas été dans les détails, mais manifestement la pression que nous avons mise depuis le début, sur ce dossier, fait bouger les lignes au sein du gouvernement », observe Patrick Kanner.

Le gouvernement va recevoir, tout au long des prochains jours, les autres formations politiques, pour dessiner des terrains d’entente sur un budget qui pourrait être moins dur que la copie initiale déposée en octobre. Le ministre de l’Économie Éric Lombard vise un effort « autour de 50 milliards d’euros », soit dix de moins que ce que prévoyait son prédécesseur Antoine Armand. Bercy viserait alors un déficit public compris entre 5 et 5,5 % du PIB, contre 5 % dans le budget initial présenté cet automne.

En parallèle, Catherine Vautrin (Travail et Santé) et Amélie de Montchalin, accompagnées de trois autres ministres, vont recevoir à partir de ce mardi les présidents des groupes parlementaires pour tenter de « coconstruire » le budget 2025 de la Sécurité sociale (PLFSS), sur lequel avait été déposé la motion de censure.

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