Les consultations des groupes parlementaires se poursuivent ce lundi 7 juillet à Bercy, en vue de la préparation du budget 2026. Après s’être entretenus mercredi dernier avec les parlementaires Horizons et du Rassemblement national, le ministre de l’Economie et des Finances Eric Lombard, et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin ont reçu dans la matinée le président du groupe Union centriste (UC) au Sénat, Hervé Marseille (UDI).
À huit jours des annonces de François Bayrou, le gouvernement reste toujours muet sur sa stratégie pour aboutir à 40 milliards d’économies. « Je n’en sais pas beaucoup plus », relate le sénateur Hervé Marseille, au micro de Public Sénat. Le parlementaire des Hauts-de-Seine affirme que le « gouvernement est à l’écoute », et qualifie le dialogue engagé sur le projet de loi de finances de « constructif » et de « positif ».
Le centriste est néanmoins convaincu que le Premier ministre annoncera la semaine prochaine des « mesures fortes, importantes, puisque la situation l’exige ». « À l’évidence, notre budget a besoin d’être redressé. On ne peut pas continuer avec cet endettement, 3400 milliards de dettes », insiste-t-il. « Ce sera un budget difficile, un budget compliqué. On ne peut pas laisser notre pays dériver. »
« ll faut absolument alléger le poids de l’Etat »
Dans ces conditions, la majorité sénatoriale de droite et du centre proposera « une ligne responsable, qui consiste à proposer des économies ». « Et pour que la dépense publique baisse, il faut baisser les budgets d’un certain nombre de ministères. Il faudra certainement toucher à tous les secteurs, sauf à la défense évidemment, et puis dans une moindre mesure à la sécurité ou à la justice », a-t-il précisé. Hervé Marseille préconise également de « plafonner la masse salariale du secteur public », en ne remplaçant pas un certain nombre d’agents partis à la retraite. « Il faut absolument alléger le poids de l’Etat », plaide-t-il.
L’Union centriste est également partisane d’une « année blanche », c’est-à-dire d’un gel du niveau d’un certain nombre de prestations ou de dispositions. L’ampleur de son périmètre n’a toutefois pas été explicité. « Ne pas revaloriser, cela permet de faire une économie de l’ordre de 10 milliards d’euros », estime Hervé Marseille, qui affirme que la mesure est « partagée par la plupart des groupes de la majorité sénatoriale ».
Poussée par le président du Sénat Gérard Larcher dès le mois de mai, la mesure ne bénéficie cependant pas d’un appui total au sein de LR. Invité de la matinale de Public Sénat ce 7 juillet, le secrétaire général des Républicains, Othman Nasrou, a affiché son scepticisme sur la portée d’une telle mesure. « Le problème de cette idée d’année blanche, c’est qu’en réalité elle ne règle rien. Le pays a besoin de réformes structurelles », considère ce proche de Bruno Retailleau.
« Un bloc majoritaire important au Sénat qui va défendre les mêmes préoccupations »
« Je ne veux pas m’immiscer dans les débats internes des formations politiques », a répondu Hervé Marseille, guère surpris par le débat que ce type d’option peut provoquer. « C’est normal quand on parle du budget », admet-il. Tout en adressant une mise en garde aux parlementaires du socle commun : « Quant à ceux qui seraient tentés de hurler avec les loups et de vouloir à tout prix s’opposer à toutes sortes de mesures, je leur dis que le pays n’a pas les moyens d’ajouter la crise à la crise. »
Un autre débat pourrait également apparaître avec la droite : le volet fiscal. Comme ses partenaires, le groupe UC se dit par principe opposé à des prélèvements nouveaux. Mais « on peut accepter, éventuellement, discuter d’un certain nombre de rectifications fiscales qui vont dans le sens de la justice fiscale », a reconnu Hervé Marseille. « Je pense qu’il faut réfléchir à quelque chose qui peut toucher les grandes fortunes, parce qu’il faut des signaux également, puisqu’on demande des efforts à tout le monde », a-t-il enchaîné. Ce matin, Othman Nasrou (LR) se dit par exemple défavorable à une reconduction de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, mise en place dans la dernière loi de finances.
Malgré ces divergences apparentes avec l’un des acteurs clés du nouvel organigramme de LR, le patron de l’UDI assure que le socle commun au Sénat travaille dans un esprit de cohésion. « Ça se passe comme chaque année, de façon positive, que ce soit avec mes collègues du groupe LR, mais aussi avec François Patriat (Renaissance) et Claude Malhuret (Horizons), qui partagent nos convictions, avec lesquels on travaille en confiance, donc c’est un bloc majoritaire important au Sénat qui va défendre les mêmes préoccupations. »