Budget : Michel Barnier veut ramener le déficit à 5 % en 2025 et annonce une contribution « exceptionnelle » pour les plus fortunés

Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a fait de la réduction du déficit public son premier engagement. Il avance trois séries de « remèdes » : réduction des dépenses, « efficacité de la dépense publique » et mesures fiscales ciblées.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« La véritable épée de Damoclès », c’est « notre dette financière colossale », a d’emblée déclaré Michel Barnier devant les députés, dès les premières minutes de sa déclaration de politique générale. Conscient d’être sous menace permanente d’une motion de censure, le nouveau Premier ministre a fait savoir que le principal danger était d’ordre budgétaire. Il a fait de la maîtrise des comptes publics son premier engagement. « Notre responsabilité, c’est d’alléger le fardeau et de retrouver des marges de manœuvre budgétaires », a-t-il expliqué.

Les deux tiers de l’effort budgétaire seront des réductions de dépenses

Alors que le déficit devrait dépasser 6 % en 2024 en l’absence de mesures nouvelles, Michel Barnier a fixé comme cap un retour à un déficit à 5 % pour 2025. L’effort s’annonce colossal, car la direction générale du Trésor table sur un déficit proche de 6,2 % du PIB l’an prochain, si la France poursuivait sa trajectoire. Le gouvernement propose par ailleurs de reporter à 2029, soit deux années plus tard que le programme prévu au printemps, le retour du déficit sous les 3 %, le seuil limite imposé par la zone euro.

Sous les applaudissements de groupes de l’arc central, et les interpellations bruyantes sur les bancs de gauche, Michel Barnier a indiqué que les « deux tiers de l’effort » viendraient de la réduction des dépenses. « Réduire les dépenses, c’est renoncer à l’argent magique et à l’illusion du tout gratuit, à la tentation de toute subvention », a-t-il prévenu. Le chef du gouvernement promet toutefois une « attention particulière » aux « plus fragiles » et d’agir non pas contre les collectivités territoriales mais « avec » elles.

Une « contribution exceptionnelle » demandée « aux Français les plus fortunés »

Contrairement au discours longtemps porté son prédécesseur Gabriel Attal, ou encore l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire, Michel Barnier a évoqué un remède « d’ordre fiscal » pour redonner des marges de manœuvre budgétaire au pays. « La situation de nos comptes demande un effort ciblé, limité dans le temps, un effort partagé dans une exigence de justice fiscale », a-t-il annoncé.

Michel Barnier demande en particulier une « participation au redressement collectif aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants », « sans remettre en cause notre compétitivité », mais aussi une « contribution exceptionnelle aux Français les plus fortunés ».

Michel Barnier a également appelé à porter une attention à « l’efficacité de la dépense publique ». « Nous ferons la chasse aux doublons inefficaces, aux fraudes, aux abus et aux rentes injustifiées », a-t-il expliqué.

Il a, pour finir, souligné que le projet de loi de finances, préparé en « extrême urgence », tiendrait compte de toutes ces exigences. Il doit parvenir à l’Assemblée nationale la semaine prochaine. « Je souhaite que le Parlement, comme c’est son rôle, débatte, ajuste, améliore », a-t-il demandé face aux députés.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Budget : Michel Barnier veut ramener le déficit à 5 % en 2025 et annonce une contribution « exceptionnelle » pour les plus fortunés
3min

Économie

Pour l’ancien patron de Danone, « des ouvriers sont infiniment plus engagés pour leur entreprise que n’importe quel patron »

L’ancien Président-Directeur Général de Danone a assurément une vision du monde différente de la plupart de ses homologues. Dans le milieu de la finance, ses vues sur l’écologie et la justice sociale détonnent. Au micro de Rebecca Fitoussi pour l’émission Un monde, un regard, il revient sur son parcours et détaille comment les épreuves de la vie l’ont amené à devenir un patron différent des autres qui prône plus justice climatique et de justice sociale.

Le

FRANCE-COGNAC-GEOGRAPHICAL INDICATION
6min

Économie

Face aux droits de douane, la filière du cognac en pleines turbulences : « On attend que la diplomatie porte ses fruits »

Plusieurs centaines de salariés de la maison de cognac Rémy Martin en Charente se voient placer en chômage partiel, alors que la hausse des tarifs douaniers chinois et américains fait plonger les exportations. À terme, ce sont près de 70 000 emplois directs et indirects qui sont menacés par la crise du secteur. Éric Lombard, le ministre de l’Economie, est attendu en Chine le mois prochain.

Le