Depuis un siècle et demi, le storytelling capitaliste contribue à perpétuer la grandeur du Rêve Américain. Du mythe fondateur des self-made men aux théories sur l’effet de ruissellement, le capitalisme américain s’impose comme un fait social dominant. La sobre république des pères fondateurs s’est, nous dit le réalisateur, transformée en gouvernement des riches pour les riches : le capitalisme et les grosses fortunes se sont associés politiquement pour protéger et rendre légitime ce système économique aux États-Unis. Une doctrine qui rend inévitable la concentration de la richesse, même si les partisans de la régulation par l’État n’ont cessé de s’opposer à cet ultra-libéralisme féroce.
Au début du XXe siècle, les millionnaires achetaient leur place au Sénat américain
Les grands capitaines d’industries de l’époque entraient au Sénat dans le but de bloquer toutes législations contraires à leurs intérêts. Aujourd’hui, le mode de scrutin a changé, la pratique n’a plus cours, mais l’influence des plus riches perdure en finançant à coups de milliards les campagnes électorales des candidats favorables au capitalisme ultra-libéral. Cette mainmise sur la politique a permis au siècle dernier de faire perdurer un système favorable aux grosses fortunes : maintien du travail des enfants, absence d’impôts sur le revenu et sur les profits des entreprises, absence de règles en matière de droit du travail…
Il a fallu le combat des premiers syndicats et de présidents réformistes pour tenter de réguler le système. Un siècle et demi d’une histoire jalonnée de crises majeures qui ont fait vaciller mais pas s’ébranler le système : les deux guerres mondiales, le crack de 1929, la crise pétrolière de 1973 jusqu’à la crise des Subprimes en 2008. Un siècle et demi de tentatives politiques oscillant entre intervention de l’État comme sous Théodore Roosevelt et désengagement total, comme à l’époque de Ronald Reagan.
Éliminer la concurrence, recycler finement la mythologie du pays, communiquer à tout va sur une forme de philanthropie ostentatoire pour rendre sa domination acceptable et redorer son image, les fondements du capitalisme traversent les époques.
La compétition de tous contre tous, dont seule une petite élite peut sortir vainqueur.
Dans ce documentaire historique, le réalisateur revient sur les différentes époques de ce capitalisme américain et les mythes associés. Après la révolution de l’acier, la fable d’un pétrole abondant, ou l’avènement de l’automobile, ce sont aujourd’hui les technologies du numérique et la Tech qui réenchantent le myth0e du capitalisme, avec l’image du petit génie visionnaire qui développe dans son garage de la côte ouest une technologie révolutionnaire.
Liberté d’entreprendre et recherche du profit individuel sont les bases d’un capitalisme devenu hors de contrôle depuis près de quatre décennies. Les millionnaires sont devenus milliardaires et se partagent désormais des sommes stratosphériques, portés par un retour du courant libertarien prônant une liberté totale au service du capitalisme. En réussissant de façon tout à fait légale à ne pratiquement pas payer d’impôts, aujourd’hui 722 milliardaires et 22 millions de millionnaires américains continuent d’accroître leur fortune en toute discrétion.
Retrouvez le documentaire Capitalisme américain, le culte de la richesse lundi 22, mardi 23, mercredi 24 à 21h sur Public Sénat puis en replay sur notre site internet ici.