Économie
Le patron des sénateurs Renaissance estime que l’année blanche, c'est-à-dire le gel des dépenses de l’État et des prestations versées par la Sécurité sociale, « dans les deux assemblées, semble faire consensus aujourd’hui ».
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Par Romain David
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« Avec un oui ou un non, on veut que ce soit terminé ce soir ». La situation reste bloquée entre les partenaires sociaux et le patronat, alors que le conclave sur les retraites touche à sa fin. À la mi-journée, la possibilité d’un accord semblait s’éloigner à grands pas. Plusieurs des syndicats présents autour de la table des négociations (CFDT, CFTC et CFE-CGC) ont dénoncé les positions du Medef. Principale pierre d’achoppement : la prise en compte de la pénibilité dans le calcul de l’âge de départ à la retraite.
« Pour l’instant nous n’avons pas besoin de temps supplémentaire, nous avons besoin d’un patronat qui bouge sur la prise en compte de la pénibilité », a indiqué devant des journalistes Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT. Faute de quoi, « il n’y aura pas d’accord sur les retraites. » Les discussions doivent s’achever ce mardi 17 juin, vers 18 heures.
« En termes de pénibilité, le Medef est sur de la prévention, pas sur de la réparation, et la prévention ne permet pas de partir plutôt », a détaillé Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC.
Alors que le Premier ministre, qui a concédé aux socialistes l’organisation de ce conclave, s’est dit prêt à accorder aux négociateurs un délai supplémentaire pour aboutir à un texte de révision de la réforme de 2023, les partenaires sociaux ne cachent pas leur lassitude après quatre mois d’intenses discussions face au Medef et à la CPME.
« On aimerait que ça s’arrête ce soir, cela fait déjà quatre mois que nous sommes sur le sujet. Si on peut prouver ce soir qu’une journée de plus de travail permettrait de débloquer la situation pour des millions de salariés, alors on se devra d’aller au bout du bout, mais pas plus d’une journée », a fait savoir Pascale Coton.
De l’aveu même des partenaires sociaux, il n’est plus question de revenir sur l’âge légal de départ à la retraite, reporté à 64 ans avec la réforme Borne. Le patronat s’y oppose catégoriquement.
En revanche, les syndicats espèrent encore parvenir à multiplier les cas de dérogation pour réduire le nombre de salariés impactés par cet allongement des carrières. « Ce n’est pas une surprise mais malheureusement nous n’arriverons pas à revenir sur l’âge des 64 ans. Donc on essaye de se battre pour qu’un maximum de personnes puissent partir avant 64 ans, par rapport à la pénibilité, pour les femmes, pour les carrières longues… », énumère la vice-présidente de la CFTC.
Les syndicats exigent notamment un abaissement de la décote à 66 ans contre 67 ans actuellement, c’est-à-dire l’âge auquel les salariés qui n’ont pas le nombre de trimestres réglementaires peuvent partir avec une retraite à taux plein.
Ils demandent également que le calcul de la retraite pour les femmes se fasse non pas sur leurs 25 meilleures années, mais sur les 22 et 23 meilleures années, de manière à tenir compte « des trous dans la raquette dus à la naissance d’un enfant ». Le Medef, de son côté, propose de fixer ce calcul sur les 23 et 24 meilleures années, mais aussi de supprimer la surcote parentale de 5 % introduite par la réforme Borne.
En début d’après-midi, à l’occasion de la séance de questions d’actualité au gouvernement, Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes, a rappelé à François Bayrou sa promesse de déposer un projet de loi devant le Parlement en cas d’accord. « Si vous ne le faisiez pas, vous vous exposeriez, Monsieur le Premier ministre, vous vous en doutez, à la censure », a averti le député des Landes.
« S’il n’y a pas d’accord, c’est la réforme telle qu’elle a été adoptée qui s’appliquera », a répondu le Premier ministre. « Mon souhait est qu’il y ait un accord, que les partenaires s’entendent sur un certain nombre de principes, le premier étant le retour à l’équilibre du régime des retraites », a ajouté le chef du gouvernement. La prévision de déficit du système des retraites à l’horizon 2030 est estimée 6,6 milliards d’euros.
(vidéos : Antoine Joubeau)
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