Coupes dans le budget de l’écologie : Bruno Le Maire se défend de toute « austérité »

Interrogé par le sénateur écologiste, Thomas Dossus, sur les coupes budgétaires en matière climatique, le ministre de l’Economie, qui a raboté, dans un décret du 21 février 2024, de 2.2 milliards d’euros, le budget consacré à l’écologie, a défendu les 40 milliards d’euros investis sur la transition écologique en 2024, tout en soulignant l’importance de « dépenser mieux », en examinant « chacune des dépenses » futures en matière environnementale et climatique.
Alexis Graillot

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Un « coup de rabot » qui passe mal pour les sénateurs écologistes… 22%, c’est le pourcentage du total des crédits annulés en février dernier sur le budget de l’Etat, pour le secteur de l’environnement. Quelques jours seulement après une audience houleuse en Commission des finances, le locataire de Bercy s’est retrouvé à nouveau sur le grill des élus de la chambre haute, qui ont dénoncé l’ « impréparation » du gouvernement sur le sujet.

« Les chantiers sont immenses, vous choisissez le déni »

« Sommes-nous prêts à affronter l’avenir ? Sommes-nous prêts à vivre dans un monde à plus de 4°C ? », s’est d’abord demandé Thomas Dossus, faisant écho au dernier rapport de la Cour des comptes, qui a décrit une situation « préoccupante » et « sérieuse » sur l’état des finances publiques françaises. Etrillant au passage un projet de loi de finances « improbable », construit autour d’une trajectoire « peu ambitieuse et fragile », la juridiction financière, à l’image de son premier président, Pierre Moscovici, n’a pas été tendre avec l’exécutif.

« Nos finances publiques sont exsangues », accable le sénateur écologiste dénonçant « un choc austéritaire », seulement deux mois après l’adoption du budget. « Pouviez-vous faire plus déconnecté des besoins pour notre avenir ? », s’interroge le sénateur du Rhône, qui dénonce que les « principales sources d’économies » se fassent sur « la recherche et l’écologie ». « Des zones entières de notre territoire risquent d’être difficilement habitables certaines périodes de l’année, nos réseaux électriques, de transport ou d’alimentation en eau seront extrêmement fragilisés », s’inquiète-t-il, qui estime que « les chantiers sont immenses et vous choisissez le déni ».

« 40 milliards d’euros en 2024 sur la transition, ça fait cher l’austérité »

Alors même que la Cour des comptes a, dans son dernier rapport, pointé la vulnérabilité des habitations face au réchauffement climatique, le ministre de l’Economie a réaffirmé les choix du gouvernement en matière écologique, mettant en valeur « les 40 milliards d’euros » investis sur la transition en 2024 : « Nous continuons à augmenter les crédits de MaPrimeRénov, nous maintenons les bonus sur les véhicules électriques, nous reconduisons le leasing social et finançons le déploiement des énergies renouvelables », égrène Bruno Le Maire, estimant ironiquement que « ça fait cher l’austérité ».

Pour le locataire de Bercy, « l’enjeu n’est pas de dépenser plus, mais de dépenser mieux ». Pour cela, il a annoncé « la décision d’examiner chacune des dépenses qui seront faites en matière environnementale et en matière climatique ». « Je veux que les Français en aient pour leur argent, je veux savoir exactement ce que rapporte chaque politique à l’euro près en matière de réduction des GES et de CO2 », continue le ministre, pour qui « il est indispensable d’évaluer avec beaucoup plus de précision ».

Une réponse qui ne convainc guère Thomas Dossus : « Dès que vous avez besoin de marges de manœuvre, c’est sur l’écologie que vous reculez », dénonce le sénateur écologiste, qui déplore par ailleurs que « les 10 milliards d’euros d’économie sont un coup d’accélérateur dans le mur climatique ». « En matière climatique, les économies que vous faites aujourd’hui, c’est la faillite de demain. Réagissez ! », a tancé l’élu du Rhône, pour conclure.

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