Déficit 2023 : Bruno Le Maire affirme que « personne » n’a contesté les prévisions du gouvernement, protestations au Sénat

Interrogé durant les questions au gouvernement ce 27 mars sur le dérapage du déficit en 2023, le ministre de l’Economie et des Finances a rappelé que le Haut conseil des finances publiques avait qualifié de plausible les prévisions de recettes du gouvernement. De nombreux sénateurs ont désapprouvé bruyamment.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Au Parlement, la séance pourrait s’intituler « anatomie d’une chute ». Depuis hier, députés et sénateurs veulent comprendre pourquoi le déficit public s’est emballé l’an dernier. La révision à 5,5 % du déficit public (en partant d’une prévision à 4,9 %) s’explique notamment par une chute des recettes fiscales, par rapport aux prévisions du gouvernement. Lors des questions d’actualité au gouvernement, le centriste Vincent Capo-Canellas a demandé quand le gouvernement avait été alerté et « pourquoi ne pas avoir pris des mesures correctives ».

« Je rappelle juste que sans doute que nos prévisions n’ont pas été bonnes mais personne – personne – ne les a contestées lorsqu’elles ont été formulées », a affirmé Bruno Le Maire. Sa réponse a été immédiatement accueillie par des objections bruyantes dans l’hémicycle. « Lorsque nous avons fait la prévision de croissance du budget, en août et en septembre, et que nous avons présenté les prévisions de recettes, le premier président de la Cour des comptes, comme c’est d’usage, a présenté les conclusions du Haut conseil des Finances publiques et a déclaré dans son avis du 22 septembre 2023 : pour 2023, le Haut conseil estime que les prévisions de prélèvement du gouvernement sont plausibles ».

« Plutôt que de s’invectiver sur le sujet, mieux vaut comprendre comment est-ce que l’inflation […] a eu un impact sur nos prévisions de recettes »

Au moment de la construction du budget 2023, à l’automne 2022, le Haut Conseil des finances publiques avait toutefois appelé à une forme de prudence : « Les recettes pourraient pâtir d’une croissance de l’activité moins forte que prévu par le gouvernement, mais à l’inverse être soutenues par une base 2022 plus forte qu’attendu », avait écrit le HCFP en septembre 2022. Une vigilance réitérée par Pierre Moscovici devant la commission des finances du Sénat.

« Plutôt que de s’invectiver sur le sujet, mieux vaut comprendre comment est-ce que l’inflation, que nous n’avions pas connu depuis les années 70, a eu un impact sur nos prévisions de recettes ont amené aux résultats d’aujourd’hui », a poursuivi le ministre.

Confirmant sa « détermination totale » à revenir sous un déficit de 3 % du PIB d’ici 2027, Bruno Le Maire a également précisé qu’il faudrait regarder « ensemble » les « économies complémentaires » à engager cette année pour tenir cette trajectoire. Le ministre a précisé qu’il ne pouvait « pas » chiffrer ce montant à l’heure actuelle. « Nous n’avons pas tous les éléments nécessaires. »

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Déficit 2023 : Bruno Le Maire affirme que « personne » n’a contesté les prévisions du gouvernement, protestations au Sénat
7min

Économie

Aides aux entreprises : un face à face sous tension au Sénat entre Bernard Arnault et le communiste Fabien Gay

Le PDG du groupe LVMH a été auditionné ce 21 mai par la commission d’enquête sénatoriale sur les aides versées aux grandes entreprises. Suppressions de postes chez Moët Hennessy, présence de filiales dans des paradis fiscaux, coût de la Fondation Louis Vuitton : le milliardaire a dû répondre à plusieurs questions du sénateur communiste, dans une ambiance parfois tendue. Le dirigeant a dans le même temps rappelé l’importance de la contribution fiscale de son groupe, qu’il considère être comme le « plus patriote » du CAC 40.

Le

Déficit 2023 : Bruno Le Maire affirme que « personne » n’a contesté les prévisions du gouvernement, protestations au Sénat
4min

Économie

« Il est très mauvais pour l'Etat de se mêler de la gestion des entreprises privées » : Bernard Arnault répond à Emmanuel Macron

Le PDG du groupe LVMH, lors d’une audition au Sénat, s’est exprimé sur les appels, formulés par le président de la République ou le ministre de l’Economie, à cesser les investissements aux Etats-Unis, dans le contexte de la guerre commerciale. Un interventionnisme qui n’a pas été du goût du patron du premier groupe de luxe au monde.

Le

China: Global Manufacturing Industry in April 2025
3min

Économie

Guerre commerciale américaine : « Le risque est de nous détourner de la principale menace qui est la concurrence chinoise »

La commission des finances du Sénat a auditionné des économistes spécialistes du commerce international pour évaluer « l’impact macroéconomique de la politique commerciale américaine » sur l’économie française. S’ils jugent que les effets des droits de douane américains vont rester « modérés », ils redoutent l’impact de la concurrence chinoise.

Le