Déficit : le gouvernement prend le problème « uniquement par le prisme des dépenses », déplore Marylise Léon (CFDT)

La secrétaire générale de la CFDT, syndicat réformiste et majoritaire en France, reproche au gouvernement et notamment au ministre de l’Economie de prendre le problème du déficit par le seul prisme des dépenses, sans envisager d’augmenter les impôts, et s’insurge d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage à venir.
Rédaction Public Sénat

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Le premier syndicat français regarde avec scepticisme le gouvernement tailler dans les dépenses et chercher des économies pour réduire le déficit, qui devrait dépasser les 5 % cette année : Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, appelle le gouvernement à regarder également « du côté des recettes ». « Dans un budget il y a des dépenses et des recettes. Aujourd’hui, l’angle qui est pris par le gouvernement est uniquement au prisme des dépenses et c’est regrettable », explique la successeure de Laurent Berger. Pour Marylise Léon, l’effort ne doit pas reposer uniquement « sur les travailleurs ». D’après elle, « ce serait un mauvais signal, alors qu’ils ont largement été engagés pendant la crise covid ». La syndicaliste reproche au gouvernement de « regarder le problème » de la dette « par le petit bout de la lorgnette ». Et la secrétaire générale de la CFDT de rappeler un certain nombre de réformes mises en avant par son syndicat : « La taxation des transactions financières, refondre la fiscalité pour un consentement à l’impôt plus partagé, un impôt progressif sur le capital comme cela existe sur les revenus du travail ».

« Préserver » l’héritage de la sécurité sociale

 

Une taxe sur les superprofits est aussi appelée de ses vœux par la CFDT. Soutenu par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun Pivet, cette mesure est rejetée par Bruno Le Maire. Marylise Léon déplore là « un dogme » de la part du ministre de l’Economie. « Cela a été un engagement du gouvernement de le porter à l’échelle européenne. Il y a des moments où il faut que la France soit pionnière et qu’elle puisse embarquer les autres pays européens. Je regrette que le gouvernement ne veuille pas regarder cette piste. C’est un enjeu fondamental de justice sociale et de partage des efforts », plaide la syndicaliste. Plus globalement, Marylise Léon reproche au « ministre de l’Economie d’avoir pour unique objectif de faire des économies ». Bruno Le Maire a bien lancé plusieurs pistes pour alléger les dépenses et réduire le déficit public, notamment dans les domaines de la santé, sur les maladies de longue durée ou encore le transport des malades. Des idées qui ne reflètent « pas du tout l’esprit et la façon dont la sécurité sociale a été construite. L’esprit de la sécurité sociale, c’est « je contribue en fonction de mes moyens, je bénéficie en fonction de mes besoins. C’est un héritage extrêmement précieux qu’on doit préserver », prévient Marylise Léon.

Pas de démonstration d’efficacité

Mais c’est sur la question de l’Assurance chômage que la secrétaire générale de la CFDT se montre la plus résolument opposée au gouvernement. Alors qu’une nouvelle réforme est envisagée par l’exécutif, Marylise Léon reproche aux ministres de vouloir « dénaturer l’assurance chômage ». Les pistes envisagées – une réduction de la durée d’indemnisation, voire une réduction du montant des indemnisations, « sont deux mesures qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune étude qui démontre un retour à l’emploi », assure Marylise Léon, pour qui « Quand vous diminuez la durée d’indemnisation, il y a un retour à l’emploi souvent plus rapide mais sur des postes qui n’ont rien à voir avec le projet professionnel ». La syndicaliste déplore également une forme de précipitation, tandis que la dernière réforme de l’assurance chômage remonte à quelques mois : « On en serait à la 5e réforme de l’Assurance chômage… Lorsque cela les arrange, le gouvernement nous dit qu’il ne faut pas faire de nouvelles réformes puisqu’il faut étudier les effets de la précédente ». Elue l’année dernière secrétaire générale de son syndicat, Marylise Léon émerge au moment où Gabriel Attal comme Bruno Le Maire ont pour ambition de « sortir de l’Etat providence » pour passer à un « Etat protecteur ». « Je ne sais pas ce qu’est un Etat providence s’il n’est pas protecteur », rétorque la syndicaliste. A la tête de la CFDT, Marylise Léon ne renie pas la dimension réformiste de son syndicat, mais reproche au gouvernement son manque de dialogue et sa vision uniquement budgétaire du problème.

« Un modèle social doit être en phase avec l’époque dans laquelle le monde du travail évolue », plaide la syndicaliste. « Mon organisation est prête à modifier le modèle social. Mais la question c’est : est-ce que le modèle social est vu comme un coût et son évolution comme une évolution budgétaire, ou est-ce que c’est un enjeu sociétal, social, sur lequel le gouvernement est prêt à discuter ? Je pense qu’on n’a pas tout à fait la même vision de départ ».

 

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