La France s’enfonce un peu plus dans la spirale de la dette. À la fin du troisième trimestre, la dette publique française atteignait 3 482,2 milliards d’euros, contre 3 416,3 milliards trois mois plus tôt. En pourcentage du produit intérieur brut, elle est passée de 115,7 % à 117,4 %, selon l’Insee. Sur la période estivale, l’endettement a progressé de 65,9 milliards d’euros, après déjà une hausse de plus de 70 milliards au trimestre précédent. Avec ce niveau, la France affiche la troisième dette la plus élevée de l’Union européenne, derrière la Grèce et l’Italie. Cette augmentation provient principalement de l’État, dont l’endettement a augmenté de 58,1 milliards d’euros entre juillet et septembre, pour atteindre 2 845,7 milliards d’euros. La dette des administrations de sécurité sociale a progressé de 7,6 milliards d’euros, tandis que celle des collectivités locales a légèrement augmenté pour s’établir à 262,9 milliards d’euros. À l’inverse, la dette des organismes divers d’administration centrale a reculé de 300 millions d’euros.
Un compromis introuvable
Ces chiffres interviennent dans un contexte politique tendu. Réunis ce vendredi matin, députés et sénateurs au sein de la commission mixte paritaire n’ont pas réussi à dégager un compromis sur le projet de budget de l’État pour 2026. Cet échec rend impossible l’adoption d’un budget avant le 31 décembre.
Faute d’accord, le gouvernement devrait désormais recourir à une « loi spéciale » afin d’assurer la continuité de l’État, notamment pour permettre la perception des impôts, avant la reprise des discussions budgétaires en janvier.
Une solution transitoire aux conséquences budgétaires
Si elle permet d’éviter un blocage institutionnel, la loi spéciale pèserait sur les finances publiques. D’après l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), l’application de ce dispositif sur l’ensemble de l’année 2026 entraînerait une perte de 6,5 milliards d’euros de recettes pour l’État, malgré une réduction des dépenses estimée à trois milliards. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a mis en garde contre un déficit « nettement supérieur à ce qui est souhaitable » dans un tel scénario au micro de France Inter.
Une dérive de long terme
Cela fait désormais un demi-siècle que la France vit au-dessus de ses moyens. L’État, les collectivités locales et la Sécurité sociale dépensent durablement plus qu’ils ne perçoivent, alimentant un endettement croissant.
Si la pandémie de Covid-19 a accentué ce phénomène, la plupart des pays européens ont ensuite engagé un resserrement budgétaire. La France, elle, n’est pas parvenue à inverser la tendance. En un an, la dette publique s’est alourdie de 181 milliards d’euros. Le déficit français est aujourd’hui l’un des plus élevés de la zone euro.
Des finances publiques sous pression
À mesure que la dette augmente, le poids de ses intérêts risque d’absorber une part croissante du budget de l’État, contraignant les pouvoirs publics à réduire certaines dépenses.
A l’issue de l’adoption du PLFSS et de l’examen au Sénat du PLF, et avant l’échec de la CMP ce vendredi, le projet de budget prévoyait une réduction marginale du déficit, de 5,4 % du PIB en 2025 à 5,3 % en 2026, loin de l’objectif affiché par le Premier ministre de le maintenir sous la barre des 5 %.