Échec du conclave sur les retraites : en cas de « statu quo » sur la réforme Borne, « la censure reste une hypothèse », lance Patrick Kanner

Lundi 23 juin, les négociations entre syndicats et patronat ont abouti à un échec du conclave sur les retraites. François Bayrou qui appelle malgré tout, les partenaires sociaux à trouver « une voie de passage » sur le dossier, se retrouve fragilisé politiquement. « Si le statu quo devient la conclusion de cet échec » du conclave, « nous avons toujours dit que dans ce cas, nous prendrions nos responsabilités », lance ce mardi 24 juin Patrick Kanner, invité de la matinale de Public Sénat.
Théodore Azouze

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Un blocage aux conséquences politiques incertaines. Lundi 23 juin, les partenaires sociaux ont acté l’échec des négociations du conclave sur les retraites. Tenues depuis fin février, ces discussions avaient pour objectif de remettre sur l’établi la réforme de 2023 d’Elisabeth Borne, qui a notamment reporté l’âge de départ à la retraite à 64 ans. « Je pense que les syndicats ont été jusqu’au bout de ce qu’ils pouvaient obtenir », juge le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, invité de la matinale de Public Sénat ce mardi, pointant le rôle du « patronat » dans cette situation.

La fin de ces échanges, issus d’une initiative de François Bayrou après son arrivée à Matignon, fragilise le Premier ministre. Cet hiver, les socialistes avaient décidé de ne pas censurer le budget porté par François Bayrou en échange de plusieurs concessions, en particulier sur la question de la réforme des retraites. Dans une lettre, François Bayrou s’était engagé à présenter un « nouveau projet de loi » devant le Parlement sur ce dossier « si les partenaires sociaux ne [parvenaient] pas à un accord global », « sous réserve d’un accord politique et d’un équilibre financier global maintenu ». 

Réunion de la « dernière chance » à Matignon

« L’élément essentiel » des négociations de janvier avec le gouvernement, « c’était la remise en question de la réforme d’Elisabeth Borne », rappelle Patrick Kanner. « Si rien ne bouge là-dessus, c’est que la voûte s’écroule et que la censure reste une hypothèse. » Pour tenter d’éviter d’en passer par un nouveau texte parlementaire, François Bayrou convie ce mardi syndicats et patronat pour une dernière réunion. « Si le statu quo devient la conclusion de cet échec » de ce conclave, « nous avons toujours dit que dans ce cas, nous prendrions nos responsabilités », précise le sénateur du Nord. « Mais ce sera un débat qui aura lieu au sein du PS. »

Lors d’une déclaration tenue tôt ce matin, François Bayrou a ainsi appelé les partenaires sociaux à trouver « une voie de passage » sur les retraites. « Je ne peux pas accepter sans réagir qu’on se satisfasse d’échouer si près du but », a poursuivi le Premier ministre. « C’est la dernière chance », expose Patrick Kanner. Un pari qui s’annonce compliqué, tant les dissensions entre les différentes parties semblaient importantes, à la sortie de la dernière session de concertation, lundi. « Le patronat a fermé la porte aux syndicats, notamment sur la proposition que les salariés les plus exposés à la pénibilité n’aient pas le même effort à faire que les autres », a par exemple déclaré Yvan Ricordeau, le négociateur de la CFDT. 

Le syndicat dirigé par Marylise Léon a finalement accepté l’invitation du Premier ministre ce mardi. Mais sa cheffe de file a indiqué sur TF1 ce mardi sa volonté « d’acter les désaccords » devant François Bayrou. Côté patronat, la CPME se rendra aussi à Matignon. Tout comme le Medef. « Il faut que le dialogue social se poursuive et que la démocratie sociale occupe tout son champ », a enjoint son numéro 1, Patrick Martin, sur France Info. Les syndicats Force ouvrière et la CGT avaient quant à eux quitté le conclave avant la fin des discussions.

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