illustration EDF nucleaire
Photo illustration EDF nucleaire//07ALLILIMAGES_ALL_1164/Credit:MOURAD ALLILI/SIPA/2402201658

Electricité : devant le Sénat, les syndicats d’EDF appellent à « traduire en actes le discours de Belfort » sur le nucléaire

Auditionnés devant le Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur l’électricité, les représentants des syndicats de personnels d’EDF ont appelé l’Etat à mettre en œuvre les promesses faites par Emmanuel Macron lors de son discours à Belfort en février 2022, où le président avait annoncé vouloir relancer la filière nucléaire française.
Camille Romano

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Unanimes, les différents syndicats auditionnés mardi par le Sénat ont salué la volonté de l’exécutif de vouloir relancer le nucléaire, mais ont tancé le décalage entre la volonté et les actes. « Il faut s’attacher à traduire en acte le discours de Belfort, qui pour l’instant reste un discours », affirme Alexandre Grillat pour la CFE-Energie.

Ils ont également attaqué la responsabilité de l’Etat dans le lent démarrage de la construction de 6 EPR2, annoncée en grande pompe à Belfort, surnommé « Nouveau nucléaire » : « Tant que le modèle de financement du nouveau nucléaire n’est pas défini, il n’y aura pas de relance », a poursuivi le représentant de la CFE, rejoint par son collègue de la CFDT, Julien Laplace : « Sur le plan « Nouveau Nucléaire », il faut déjà se mettre d’accord avec l’Union Européenne sur la régulation et sur la détermination du modèle de financement. »

La question du financement de ces projets, estimé à près de 52 milliards, devrait être précisée d’ici à la fin de l’année 2024, comme l’a annoncé le ministre de l’Economie aux députés lors d’une audition cet été. Egalement auditionnée, Agnès Pannier-Runacher, alors chargée de la Transition énergétique, avait ajouté que ce financement devait s’intégrer dans le « cadre européen ». C’est donc cette étape qui semble coincer selon les représentants syndicaux de l’énergéticien.

« Il faut que le donneur d’ordre appuie sur le champignon »

Le représentant pour Force Ouvrière, Paul Guglielmi, a résumé ce décalage d’une question rhétorique et volontairement taquine : « Ils ont été commandés, les réacteurs ? » Reprenant un ton sérieux, le syndicaliste a assuré que les salariés n’attendaient que le démarrage du projet : « Les salariés sont prêts à y aller, mais il faut que le donneur d’ordre appuie sur le champignon. »

Au-delà des questions de financements, la représentation syndicale a également insisté sur la nécessité d’attirer, de valoriser et de conserver les compétences nécessaires à la construction de ces nouveaux réacteurs, mais aussi à l’entretien du parc existant. Amélie Henri pour la CFE a rappelé qu’EDF avait besoin de recruter 100 000 personnes sur 10 ans dans sa filière nucléaire : « Comment réussir ces recrutements, comment attirer et fidéliser les compétences ? Il faut investir le sujet », a-t-elle asséné. « Il est nécessaire de garder un personnel compétent et réactif, ainsi que de garder ces compétences en interne », a abondé son collègue de la CGT, José Fernandes, qui a plaidé également pour l’ouverture de nouvelles écoles de métier et la conservation des existantes

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Electricité : devant le Sénat, les syndicats d’EDF appellent à « traduire en actes le discours de Belfort » sur le nucléaire
9min

Économie

La taxe Zucman arrive au Sénat : on vous explique les enjeux qui se cachent derrière cette taxe qui vise les ultras-riches

Le groupe écologiste du Sénat va défendre jeudi le texte sur la taxe Zucman, déjà adopté par les députés. Ce dispositif anti-abus et une « contribution différentielle », explique l’économiste Gabriel Zucman, qui vise les patrimoines de plus de 100 millions d’euros. De quoi rapporter 20 milliards d’euros. Si la droite va s’opposer au Sénat, des centristes soutiennent l’idée.

Le

Fast fashion : comment le texte adopté au Sénat veut freiner l’essor de la mode à bas coût et « ultra-éphémère »
4min

Économie

Fast fashion : comment le texte adopté au Sénat veut freiner l’essor de la mode à bas coût et « ultra-éphémère »

Les sénateurs ont adopté à la quasi-unanimité une proposition de loi issue de l’Assemblée nationale pour pénaliser les acteurs de la mode « ultra express ». Le texte vise les marques qui multiplient les références et dont la durée de vie des produits est très courte. Le fabricant chinois Shein va être particulièrement ciblé par les dispositions.

Le

Electricité : devant le Sénat, les syndicats d’EDF appellent à « traduire en actes le discours de Belfort » sur le nucléaire
2min

Économie

Guerre commerciale : le ministre de l’Économie juge que la négociation est « difficile »

Le sénateur de Charente-Maritime Daniel Laurent (LR) a interpellé le gouvernement ce 4 juin sur les difficultés de la filière du cognac, malmenée à la fois par les taxes américaines et chinoises. Éric Lombard lui a assuré la pleine mobilisation de l’exécutif et une bonne coordination avec l’Europe pour parvenir à un accord, tout en jugeant le combat « difficile ».

Le