Electricité : « Les augmentations délirantes de facture, c’est terminé » promet Agnès Pannier-Runacher
Par Hugo Ruaud
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Après les frayeurs de l’année dernière sur les risques de coupure et l’envolée des prix de l’électricité, la ministre Agnès Pannier-Runacher se veut rassurante. D’abord parce que les centrales nucléaires françaises se portent mieux : aujourd’hui, 41 des 56 réacteurs fonctionnent pleinement, et le problème de corrosion sous contrainte qui touche certaines centrales « est en train d’être réparé, à un rythme industriel », assure la ministre. Ce constat permet à Agnès Pannier-Runacher d’affirmer que « nous sommes en bien meilleure posture que l’année dernière ». La ministre de la Transition écologique continue cependant sur l’importance de poursuivre « les efforts de sobriété, parce que c’est bon pour la planète, et pour la facture des Français ». La facture énergétique des Français, bombe politique à retardement pour le gouvernement, était au cœur de l’agenda d’Agnès Pannier-Runacher ces derniers mois. Aujourd’hui, elle assure que « les augmentations délirantes » sont terminées, grâce à deux volets différents : la réforme du marché européen de l’électricité d’une part, un accord entre EDF et le gouvernement sur le tarif de l’électricité d’autre part.
Une victoire sur l’Allemagne
Côté négociations européennes, la ministre se réjouit d’avoir tenu tête à l’Allemagne, « qui ne souhaitait pas reconnaître l’énergie nucléaire comme étant sur un pied d’égalité que les énergies renouvelables ». Grâce à l’accord trouvé avec les 27 pays de l’UE, le nucléaire bénéficiera du soutien public aux nouveaux investissements dans la production d’électricité décarbonée, un soulagement pour le gouvernement étant donné le coûteux financement de l’atome. Par ailleurs, les négociations menées par le gouvernement avec EDF ont abouti à un accord qui permet à l’exécutif de promettre une « protection permanente » du consommateur sur les prix de l’électricité. « Avec cette nouvelle régulation, dès que le prix passera l’équivalent de 110 euros, nous prélèverons sur EDF tout le complément de recette qu’obtiendrait EDF dans le paiement de ses factures et nous le redonnerons aux consommateurs, de façon que cet élément d’augmentation des prix ne pèse pas sur leur facture », se félicite Agnès Pannier-Runacher.
Produire plus
Mais au-delà de ces négociations, pour la ministre, l’enjeu du prix de l’énergie est aussi une question de souveraineté nationale. « Aujourd’hui, nous sommes dépendants à 99 % des importations de pétrole. Si l’on veut ne plus avoir à subir l’augmentation des prix, il faut produire notre propre carburant », insiste Agnès Pannier-Runacher, pour qui « notre carburant, c’est l’électricité ». La France va devoir d’ailleurs augmenter massivement sa production d’électricité dans les années à venir pour absorber sa transition énergétique. Une gageure étant donné le vieillissement du parc nucléaire et les retards pris dans le déploiement des énergies renouvelables. La relance de l’atome et les promesses d’investissements massifs dans l’éolien et le solaire depuis trois ans se heurtent à diverses difficultés, de main-d’œuvre dans le nucléaire, de consensus locaux pour les énergies renouvelables. Mais la ministre se veut rassurante, confirmant que l’EPR de Flamanville démarrera bien en 2024, et réaffirmant la position de leader de la France sur l’énergie atomique : « Nous sommes un des rares pays au monde à être capable de construire un réacteur de A à Z ». Concernant les renouvelables, Agnès Pannier-Runacher a jeté son dévolu sur l’éolien marin, « l’une des énergies qui, en termes de facteur de charge et de puissance, se rapproche le plus du nucléaire ». Face à la difficulté de trouver des emplacements qui fassent consensus entre pêcheurs et habitants, des « discussions » sont organisées, projet par projet. L’objectif du gouvernement est « de faire en sorte de lancer l’équivalent d’une vingtaine de nouveaux parcs éoliens marins », avec pour but d’en tirer « une électricité pas cher », et accessoirement de rattraper un retard dans le déploiement de l’éolien pour lequel la France est pointée du doigt par l’Europe.
Agnès Pannier-Runacher en est convaincue : c’est cette politique qui permettra aux Français d’être souverain sur le prix de l’énergie. Pour elle, l’électrification du mix énergétique soulagera à moyen ou long terme le porte-monnaie des Français : “L’électricité coûte trois fois moins cher que le pétrole dans un plein de voiture”, explique par exemple la ministre.
Bien sûr, cela implique “d’avoir des solutions d’accès à des voitures électriques à la portée des portefeuilles des Français moyens et des Français modestes”, pointe la ministre de la Transition énergétique, qui avance “la prime à la conversion, des offres de leasing à 100 euros”, comme de potentielles solutions. Le temps doit aussi faire à l’affaire, avec l’arrivée des voitures électriques sur le marché de l’occasion, d’ici quelques années. “Une fois que les Français seront équipés de ces voitures, ils économiseront du carburant puisque, pour une petite voiture électrique, c’est 1000 à 1200 euros d’économie chaque année”, insiste la ministre.
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