Les consultations parlementaires à Matignon ce jeudi étaient principalement consacrées à la réforme des retraites. Mais la crise sociale qui couve dans les groupes pétroliers et qui menace de s’étendre à d’autres secteurs de l’énergie ou des transports, s’est aussi invitée dans les discussions.
Grève dans les raffineries : les présidents de groupes parlementaires expriment leurs préoccupations à Matignon
Les consultations parlementaires à Matignon ce jeudi étaient principalement consacrées à la réforme des retraites. Mais la crise sociale qui couve dans les groupes pétroliers et qui menace de s’étendre à d’autres secteurs de l’énergie ou des transports, s’est aussi invitée dans les discussions.
Nouvelle séance d’écoute à Matignon. Ce 13 octobre, la Première ministre a entamé une série d’entretiens avec les présidents de groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat, dans le cadre des consultations sur la réforme des retraites. Trois semaines après leur précédente venue, les esprits se sont apaisés. La piste d’une réforme par amendement a finalement été abandonnée par l’exécutif, au profit d’un projet de loi à part entière l’an prochain.
Soucieux d’aller vite, l’exécutif s’interrogeait à l’époque sur la fenêtre de tir pour sa réforme sensible. Le voici désormais empêtré dans une nouvelle crise, celle du mouvement de grève dans les raffineries dépôts pétroliers, provoquant des difficultés d’approvisionnement pour des millions de Français.
« Cela prend une bonne tournure, il faut croiser les doigts », veut espérer le centriste Hervé Marseille
Premiers à inaugurer la succession d’entretiens du jour, les deux présidents des groupes LR ont eu des mots durs à l’égard du gouvernement : « une situation absolument chaotique », pour le patron des députés LR Olivier Marleix, quand Bruno Retailleau parle de « faute grave du gouvernement ». Le président du groupe LR au Sénat, a accusé le gouvernement de laisser « s’enkyster des actions de prises d’otage », en tardant à réagir. Au fil de la journée, la CGT n’a pas seulement annoncé une reconduction de la grève à TotalEnergies. La CGT a aussi appelé à une journée d’action à la SNCF et à la RATP pour le 18 octobre. Elle s’élargit dans les centrales nucléaires, perturbant les opérations de maintenance. « Il y a quelque chose de très inquiétant. Nous avons dit de ne pas tarder », a plaidé Bruno Retailleau.
Reçu plus tard dans l’après-midi, le président de l’Union centriste au Sénat, l’autre composante de la majorité sénatoriale, s’est voulu plus optimiste. Le site d’Esso-ExxonMobil de Fos-sur-mer a levé la grève, et la direction de TotalEnergies a proposé des hausses de salaires, avant une négociation dans la soirée. « Cela prend une bonne tournure, il faut croiser les doigts », a espéré le sénateur des Hauts-de-Seine.
Allié du gouvernement, Claude Malhuret, à la tête du groupe Les Indépendants au Sénat, a critiqué pour sa part l’action de la CGT, alors les accords ont été signés par des syndicats majoritaires. « Je crois que l’opinion publique commence à être excédée, je pense qu’il fallait un jour ou l’autre arriver à la réquisition », a-t-il réagi.
« Il y a une responsabilité très lourde de l’État », considère l’écologiste Guillaume Gontard
Contrairement à Bruno Retailleau, qui plaidait dès la fin de semaine dernière pour la mise en place de réquisition, Hervé Marseille n’a pas voulu jeter la pierre au gouvernement. « Il y a des préoccupations sociales qu’il faut prendre en considération. Envoyer les CRS, c’est une chose. Quand on peut continuer à discuter avec les syndicats, surtout quand on veut une réforme des retraites, quand on veut progresser dans les discussions sociales, ce n’est pas forcément la meilleure façon d’aborder les sujets », a concédé le chef de groupe. Sa prise de position reflète l’état d’esprit d’un groupe qui portait dès le début de l’été l’idée d’une taxation des superprofits.
À gauche, le gouvernement en a pris pour son grade. « Il y a une responsabilité de Total qui est indéniable, mais il y a d’abord une responsabilité de l’État », a pointé Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste au Sénat. « On doit mettre la pression sur ces grands groupes. Il y a une responsabilité très lourde de l’État, notamment de ne pas avoir pris les choses en amont. »
Les communistes, reçus dans la matinée, ont aussi imputé des fautes au gouvernement, notamment dans la communication. « Arrêtons de traiter les syndicalistes comme étant des irresponsables. Il faut avoir un autre discours », a exigé le patron des députés communistes André Chassaigne, évoquant des « maladresses ». « Encore faut-il ramer pour essayer de les rattraper ».
Au-delà de cette actualité qui fragilise le gouvernement, les groupes n’ont pas bougé d’un iota sur les grandes lignes de la réforme des retraites. « On a réaffirmé qu’on souhaitait cette réforme », a répété Bruno Retailleau. « On a travaillé dans la transparence, cartes sur table, avec le sentiment que la Première ministre cherche à trouver la bonne solution et assez rapidement », s’est félicité Hervé Marseille, qui rappelle que le vote de la réforme ne posera aucune difficulté à son groupe. Depuis plusieurs années, la majorité sénatoriale défend un recul de l’âge légal de départ dans les projets de budget de la Sécurité sociale. « Il serait plus simple que le gouvernement reprenne le texte du Sénat. Cela éviterait de perdre beaucoup de temps. »
Même inflexibilité chez les écologistes, malgré le « gain » sur la méthode. « On est totalement en désaccord avec l’orientation qui est proposée, cet âge de 65 ans est pour nous une ligne rouge », a prévenu Guillaume Gontard. Et d’ajouter : « Dans la période actuelle, je pense qu’on attend autre chose. »
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