Grèves à la SNCF et la RATP en janvier 2023.
Grèves à la SNCF et la RATP en janvier 2023. Crédits : SIPA.

Grève du 18 septembre : SNCF, écoles, pharmacies… Vers un jeudi noir ?

Jeudi 18 septembre, de nombreux secteurs devrait être impactés par les appels à la grève lancés par l’intersyndicale contre les mesures d’austérité qui pourraient figurer dans le budget 2026. De fortes perturbations sont à prévoir à la SNCF et dans le secteur de l'éducation. Le mouvement s’annonce également très suivi du côté des pharmacies.
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Plus d’une semaine après le mouvement « Bloquons tous », la rentrée sociale connaît un nouveau temps fort, ce jeudi 18 septembre. Les syndicats CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires appellent à la grève et à manifester contre les mesures d’économie budgétaires présentées au début de l’été, avant la chute du gouvernement de François Bayrou. L’intersyndicale prévoit de coordonner quelque 200 cortèges. À Paris, la manifestation s’élancera à 14 heures de la place de la Bastille pour rallier la place de la Nation, en passant par la place de la République.

Selon une information du Figaro, les services de renseignement attendent jusqu’à 900 000 participants dans toute la France, un chiffre inédit depuis les mobilisations de 2023 contre la réforme des retraites. À titre de comparaison, la journée du 10 septembre avait rassemblé entre 175 000 participants selon le ministère de l’Intérieur et 500 000 selon La France insoumise.

Faut-il s’attendre à un jeudi noir ? « Je m’attends à une mobilisation qui sera très très forte », a indiqué le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau sur BFM TV ce mercredi. Le Vendéen évoque « une journée hybride », « parce qu’on risque d’avoir tôt le matin des bloqueurs, du sabotage, des groupuscules d’extrême gauche qui veulent casser et qui sont ultraviolents ». Selon lui, « entre 5 000 et 10 000 individus viendront pour la bagarre, la casse ».

Transports : le rail très impacté

Les aéroports devraient être épargnés par le mouvement, dans la mesure où le SNCTA, principal syndicat des contrôleurs aériens, a annoncé un report de sa grève. En revanche, la circulation des trains connaîtra d’importantes perturbations dans toute la France.

Pour l’heure, la SNCF prévoit quelques dérangements sur la circulation des TGV INOUI et OUIGO, principalement sur le tronçon nord, et dans une moindre mesure dans l’Ouest, le Sud-Ouest et le Sud-Est. Des informations plus détaillées sur la circulation des trains seront mises à jour ce mercredi soir, à partir de 17 heures, sur le site voyageurs de la SNCF.

Au niveau régional, seul un train Intercités sur deux est prévu et un TER sur trois.

La région Île-de-France devrait être particulièrement touchée. Le trafic s’annonce « fortement perturbé » pour les RER D, RER E, les lignes H, N, R et U, et « perturbé » sur les RER A, B, et C, et les lignes K, L et V.

Le mouvement sera particulièrement suivi par les employés de la RATP : aucun métro ne circulera dans la capitale en dehors des heures de pointe (7h30 à 9h30 et 16h30 à 19h30), à l’exception des trois lignes automatisées : la 1, la 4 et la 14, avec un risque de saturation du trafic. La circulation s’annonce également difficile du côté des bus, « certaines lignes pourraient être fermées », indique la RATP sans plus de précisions.

Santé : un mouvement qui s’annonce très suivi dans les pharmacies

Du côté des personnels hospitaliers, la principale fédération syndicale Action praticiens hôpital (APH) appelle à soutenir le mouvement. Néanmoins, le maintien de la continuité des soins devrait impliquer la réquisition de personnels dans certains établissements.

Les pharmaciens sont aussi appelés par leurs organismes représentatifs à se mettre en grève. En cause : un arrêté qui plafonne les remises consenties par les laboratoires sur le prix des médicaments génériques, ce qui pourrait impacter la rémunération des pharmaciens.

Auprès des Echos, Philippe Besset, président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France prévoit jusqu’à 96 % de pharmacies fermées dans certains départements, comme l’Aisne et la Seine-Maritime. Dans la Sarthe, l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine table sur 80 % de fermetures. Les préfectures pourraient réquisitionner plusieurs pharmacies par secteur de garde ; généralement la liste des officines ouvertes est publiée sur les sites des Agences régionales de Santé.

Première organisation syndicale des kinésithérapeutes, La FFMKR appelle également à la fermeture des cabinets.

Éducation : de nombreuses écoles fermées à Paris

Un tiers des enseignants du premier degré, c’est-à-dire les écoles maternelles et élémentaires, seront grévistes, selon un chiffrage de la FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire. Là encore, l’Île-de-France devrait être particulièrement touchée, avec 45 % de grévistes dans la capitale, et au moins 90 écoles déjà annoncées comme fermées.

Dans les collèges et lycées, les syndicats appellent aussi à la grève. La mobilisation pourrait être fortement suivie, mais les enseignants n’étant pas tenus au dépôt d’un préavis, les estimations restent difficiles à ce stade.

Fonction publique : un appel unanime des syndicats à la grève

La suppression annoncée par le précédent gouvernement de 3 000 emplois publics et l’éventualité d’un gel des rémunérations dans le prochain budget ne devraient pas manquer de mobiliser une large partie des 5,8 millions d’agents que compte la fonction publique. L’ensemble des huit organisations syndicales représentatives du secteur a appelé à la grève.

Lors de la dernière mobilisation du genre, en décembre 2024 contre l’allongement du délai de carence, 20 % des agents de la fonction publique d’Etat s’étaient mis en grève.

Énergie : un secteur déjà mobilisé depuis la rentrée

Les agents de l’électricité et du gaz n’ont pas attendu la journée de jeudi pour se mobiliser. Déjà en grève depuis le 2 septembre, à la suite d’un appel de la CGT pour réclamer une hausse des salaires, ils ont reconduit leur mouvement quotidiennement depuis. Jusqu’à présent, la mobilisation s’est traduite par des piquets de grève dans les stockages de gaz, les terminaux méthaniers et devant les centrales nucléaires et hydrauliques, indique à l’Agence France-Presse Fabrice Coudour, secrétaire général de la CGT-Energie, premier syndicat de la branche.

Des débrayages plus importants sont attendus jeudi. « On a référencé plus de 150 appels à la grève » dans des entreprises comme TotalEnergies, Sanofi, Arkema, Air Liquide, ou encore Kem One, a indiqué à l’AFP Jean-Louis Peyren, secrétaire fédéral de la CGT Chimie.

Avec AFP

Partager cet article

Dans la même thématique

PARIS: Rexecode/Medef, conference de presse de presentation des propositions du Front Economique
5min

Économie

Mobilisation des patrons : « Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, le Medef, mais aussi la CPME, reprennent la main », analyse Michel Offerlé

Le 13 septembre, Patrick Martin, président du Medef, a annoncé qu’une « grande mobilisation patronale » serait organisée, si les impôts des entreprises augmentaient dans le cadre du budget 2026. Même s’ils ne sont pas adeptes des manifs et autres chants révolutionnaires, les patrons se mobilisent bien pour défendre leurs intérêts. On fait le point avec Michel Offerlé, professeur émérite de science politique, professeur à l’ENS et spécialiste du patronat.

Le

Gabriel Zucman
7min

Économie

Taxe Zucman : les patrons ont-ils raison de s’inquiéter d’une éventuelle imposition des plus fortunés ?

De nombreuses figures du monde de l’entreprise ont exprimé ces dernières semaines leur rejet de la taxe Zucman, qui imposerait à hauteur de 2% le patrimoine des 1800 foyers les plus riches en France. La mesure, défendue par la gauche, est qualifiée de « contre-productive » par une trentaine de dirigeants de la tech. Qu’en est-il vraiment ? Réponse avec deux économistes aux visions opposées sur la question.

Le