Muscler les hausses de crédits, au-delà de ce que prévoit l’actuelle loi de programmation militaire, Jean-François Husson (LR) « partage » le cap fixé par le président de la République et le gouvernement la semaine dernière. L’adaptation est rendue nécessaire par l’instabilité du soutien américain en Ukraine. Mais le rapporteur général du budget au Sénat se demande comment cet effort « tout à fait inédit » sera financé. « Cet effort se ferait sans augmentation d’impôt, sans toucher à nos dépenses sociales et, vous venez de le dire, sans augmenter notre dette », a-t-il rappelé face au ministre de l’Économie et des Finances, Éric Lombard.
Le sénateur lui a demandé si un projet de loi de finances rectificative (PLFR) serait débattu au Parlement « d’ici à l’été ». Le ministre ne s’est pas engagé pour le moment sur le dépôt d’un budget rectificatif. « À ce stade, l’engagement que nous prenons devant vous, avec la ministre chargée des Comptes publics, c’est un effort de méthode. Nous allons dialoguer, chaque mois, au travers des rendez-vous que nous avons annoncés, de façon à préparer avec vous de façon transparente, de façon collégiale, cet effort nécessaire de la nation », a indiqué Éric Lombard.
Un effort budgétaire accru « dès cette année » car la France va « sans doute » participer à un maintien du cessez-le-feu en Ukraine
Selon le ministre, les nouveaux investissements dans l’industrie de défense nécessiteront un « changement de nos trajectoires » budgétaires et « un changement de nos habitudes ». Il a rappelé l’objectif d’un retour du déficit sous la barre des 3 % du PIB en 2029, ce qui nécessitera « 40 milliards d’euros par an » d’effort budgétaire. « Cet effort devra être accru pour financer l’effort de défense, dès cette année, sans doute parce que nous allons participer au maintien du cessez-le-feu en Ukraine », a-t-il seulement annoncé.
La réponse n’a pas satisfait le sénateur, qui demande « du courage pour réformer », et la définition au plus vite d’une trajectoire budgétaire. « Je crains, au regard de la situation que l’on connaît, qu’il faille aller beaucoup plus vite. Il faut débattre ici, au Parlement, et rapidement. Car il faut donner la trajectoire, et on ne fera pas un bis repetita des augmentations de fiscalité, qui sont des augmentations presse-boutons, et sur lesquelles vous vous êtes engagé à ne pas revenir », a-t-il insisté.