Hausse des droits de douane décidée par Donald Trump : « Une catastrophe », réagit François Bayrou

Pour le premier ministre, la hausse des droits de douane de 20 % imposée aux produits venant de l’Union européenne est une « immense difficulté » pour l’Europe et une « catastrophe » pour les Etats-Unis. Il alerte sur les « temps graves dans lesquels nous sommes entrés ».
François Vignal

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Après l’annonce par Donald Trump d’une série de hausse des droits de douane pour les produits importés aux Etats-Unis, dont 20 % pour ceux de l’Union européenne, le monde économique et politique est sous le choc. « Cette décision est une catastrophe pour le monde de l’économie. C’est une immense difficulté pour l’Europe. Je crois que c’est aussi une catastrophe pour les Etats-Unis et pour les citoyens américains », a réagi ce jeudi matin François Bayrou, répondant à Public Sénat, en marge d’un colloque sur la simplification à la Haute assemblée.

« L’idée que chacune des grandes régions du monde va se refermer sur elle-même et que la guerre commerciale doit être désormais la règle […] présente des dangers qui vont, hélas, se réaliser dans le temps », s’inquiète le premier ministre.

« Cela remet en cause notre économie et la société française tout entière »

Les mots du premier ministre sont forts, à la hauteur de l’événement. François Bayrou dénonce « le déclenchement par le président des Etats-Unis d’une époque de très grande instabilité et de perte de confiance. Le gouvernement de l’Etat le plus important de la planète qui se retourne contre ses alliés, qui n’est plus en solidarité avec eux, et qui déclenche une guerre commerciale contre ses plus proches… Nous, qui formions ensemble l’alliance des libertés, en Occident, du moins nous croyons que c’était ça. Alors cela ouvre un temps d’incertitude qui remet en cause ce que nous avons mis tant de temps à construire et qui remet en cause notre économie et la société française tout entière. Ce sont des temps graves dans lesquels nous sommes entrés », prévient François Bayrou.

Pour empirer la situation, la décision américaine arrive dans un contexte international qui rend les choses encore plus complexes, comme le souligne le premier ministre. Il cite « le covid, avec ses conséquences », « le déclenchement de la guerre en Ukraine », « toutes les incertitudes qui pèsent sur le Moyen-Orient et sur nombre d’Etats, je pense à l’Iran ou la Corée du Nord, qui ne respectent pas de règles ».

« Incroyables prises d’otage »

Face à l’urgence, François Bayrou a rappelé qu’Emmanuel Macron allait « réunir toutes les filières qui vont être touchées par ces incroyables prises d’otage » économiques. Le premier ministre participera à cette réunion prévue à 16 heures, à l’Elysée.

Pour la suite, « à nous d’inventer le nouveau monde qui doit venir. Et on en connaît une partie : que l’Europe accepte enfin d’exister comme une puissance capable de se défendre et de penser que ce sera l’avenir d’une relation différente et d’une économie différente ». Un saut dans l’inconnu en somme, où il n’est pas exclu qu’à l’arrivée, il y ait peut-être plus de perdants que de gagnants.

Partager cet article

Dans la même thématique

Documentaire Capitalisme américain le culte de la richesse de Cédric Tourbe
4min

Économie

Capitalisme américain, le culte de la richesse

John Rockefeller, J.P. Morgan, Bill Gates, Steve Jobs ou Mark Zuckerberg, autant de noms qui ont forgé l’histoire économique de l’Amérique. Dans son documentaire en trois volets, Cédric Tourbe retrace 150 ans d’histoire du Capitalisme Américain. Une contribution utile pour interroger une doctrine dominante et de moins en moins remise en question.

Le

Budget des armées : le sénateur Cédric Perrin appelle à être suffisamment dissuasifs « dans ce monde de carnassiers »
5min

Économie

Budget : le 49-3, seul outil restant pour sauver l’augmentation des crédits de la Défense prévue pour 2026

Alors que les députés et les sénateurs ne se sont pas mis d’accord en commission mixte paritaire (CMP), l’hypothèse d’un budget adopté avant la fin de l’année s’éloigne. En cas de loi spéciale, l’augmentation substantielle du budget de la Défense prévue dans le budget initial ne pourrait pas être mise en place. Le 49-3 serait ainsi le seul recours possible pour traduire budgétairement la trajectoire d’augmentation des dépenses de défense votée en 2024.

Le

Ministere des finances – Bercy
5min

Économie

Après l’échec de la commission mixte paritaire sur le budget, le retour de la « loi spéciale »

Députés et sénateurs n’ont pas réussi à trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2026, ce qui, à ce stade, rend impossible l’adoption d’un budget avant la date butoir du 31 décembre. Comme en 2024, l’exécutif devrait avoir recours à « une loi de finances spéciale » pour permettre aux services de l’Etat de continuer à fonctionner malgré la paralysie budgétaire.

Le

PARIS: Bercy, le Ministere de l Economie et des Finance
3min

Économie

Dette publique : la France franchit un nouveau seuil d’endettement avec 117,4 % du PIB

La dette publique française poursuit sa hausse et atteint un niveau inédit hors période de crise majeure. Selon les chiffres publiés par l’Insee ce vendredi 19 décembre, l’endettement s’élève à 3 482 milliards d’euros, soit 117,4 % du PIB. Le déficit devrait encore empirer après l’échec de la commission mixte paritaire sur le budget 2026.

Le