Autoroute ristourne sur le prix du peages
Vinci Autoroutes prevoit une ristourne de vingt pour-cent sur le prix des peages des la mi-juin, Peage d'Antibes FRANCE - 12/06/2023//SYSPEO_sysD007/Credit:SYSPEO/SIPA/2306122312

Hausse des prix des péages :  « Il n’y a pas de raison d’augmenter les tarifs », juge Vincent Delahaye

Après une augmentation de 4,75 % pour l’année 2023, les tarifs des péages augmentent, à nouveau, de 3 % pour l’année 2024. Une augmentation des tarifs acceptée par l’Etat alors que de nombreux observateurs dénoncent des contrats de concession déséquilibrés et des surprofits réalisés par les sociétés concessionnaires.
Henri Clavier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Si un bon nombre d’autoroutes sont actuellement bloquées par les agriculteurs, les tarifs et les profits des sociétés concessionnaires d’autoroutes continuent de progresser. Les contrats de concession prévoient la possibilité de majorer les prix afin de compenser des charges supplémentaires, notamment l’investissement. Une augmentation des tarifs jugée injuste alors que « les charges d’exploitation des sociétés d’autoroutes ne progressent pas autant », déplore le sénateur centriste, Vincent Delahaye. Rapporteur en 2021 d’une commission d’enquête sur les profits réalisés par les sociétés concessionnaires d’autoroutes, Vincent Delahaye appelle le gouvernement à réagir et « prendre en compte les travaux du Sénat ».

Une augmentation des tarifs malgré une rentabilité supérieure au montant prévu

Alors que les autoroutes sont la propriété de l’Etat, un contrat de concession a été signé en 2006 avec plusieurs entreprises (principalement Vinci et Eiffage) permettant à ces sociétés d’exploiter commercialement les autoroutes en échange de leur entretien et de la réalisation d’investissements. Les contrats, conclus en 2006, tablaient sur une rentabilité d’environ 8 % pour les sociétés concessionnaires d’autoroutes (SCA). « La rentabilité de 8 % a été atteinte en 2023 pour Vinci et le sera à la fin de l’année 2024 pour Eiffage, donc il n’y a pas de raison d’augmenter les tarifs », avance Vincent Delahaye. Une rentabilité forte qui, selon les calculs du Sénat, devrait permettre aux SCA d’engranger 35 milliards d’euros de surprofits entre 2006 et 2036, date de la fin des contrats.

 « Trois fois on nous a promis une table ronde sur le sujet, on ne l’a jamais eue »

 « Ça fait un moment que les limites sont atteintes, mais au-delà des limites, il n’y plus de limites », déplore Vincent Delahaye qui regrette l’inaction du gouvernement sur le sujet. Si les contrats stipulent que les SCA peuvent augmenter leurs tarifs à hauteur de 70 % de l’inflation, l’augmentation de 3 % du tarif des péages devrait permettre aux SCA de voir leurs bénéfices progresser de 400 à 500 millions d’euros selon Vincent Delahaye.

Alors que le ministère des transports a validé cette augmentation des tarifs, beaucoup souhaitent remettre en cause ces « contrats en or ». « Ce sont des contrats qui n’étaient pas adaptés à des sociétés privées, il faut qu’ils soient revus. A partir du moment où l’Etat est le concédant, il est en mesure de taper du poing sur la table mais il n’en a manifestement pas l’envie », explique Vincent Delahaye. Les demandes de remise en question des contrats ont pour l’instant été ignorées par le gouvernement. « Trois fois on nous a promis une table ronde sur le sujet, on ne l’a jamais eue. Et puis, pour l’instant, il n’y a pas de ministre des transports donc on repousse encore l’échéance, c’est dommage », regrette Vincent Delahaye. Les tarifs pourraient également augmenter en 2025 en réponse à la taxe sur les infrastructures de transport, alors que les concessionnaires avaient déjà menacé d’augmenter de 5 % les tarifs.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Budget des armées : le sénateur Cédric Perrin appelle à être suffisamment dissuasifs « dans ce monde de carnassiers »
5min

Économie

Budget : le 49-3, seul outil restant pour sauver l’augmentation des crédits de la Défense prévue pour 2026

Alors que les députés et les sénateurs ne se sont pas mis d’accord en commission mixte paritaire (CMP), l’hypothèse d’un budget adopté avant la fin de l’année s’éloigne. En cas de loi spéciale, l’augmentation substantielle du budget de la Défense prévue dans le budget initial ne pourrait pas être mise en place. Le 49-3 serait ainsi le seul recours possible pour traduire budgétairement la trajectoire d’augmentation des dépenses de défense votée en 2024.

Le

Ministere des finances – Bercy
5min

Économie

Après l’échec de la commission mixte paritaire sur le budget, le retour de la « loi spéciale »

Députés et sénateurs n’ont pas réussi à trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2026, ce qui, à ce stade, rend impossible l’adoption d’un budget avant la date butoir du 31 décembre. Comme en 2024, l’exécutif devrait avoir recours à « une loi de finances spéciale » pour permettre aux services de l’Etat de continuer à fonctionner malgré la paralysie budgétaire.

Le

PARIS: Bercy, le Ministere de l Economie et des Finance
3min

Économie

Dette publique : la France franchit un nouveau seuil d’endettement avec 117,4 % du PIB

La dette publique française poursuit sa hausse et atteint un niveau inédit hors période de crise majeure. Selon les chiffres publiés par l’Insee ce vendredi 19 décembre, l’endettement s’élève à 3 482 milliards d’euros, soit 117,4 % du PIB. Le déficit devrait encore empirer après l’échec de la commission mixte paritaire sur le budget 2026.

Le

Hausse des prix des péages :  « Il n’y a pas de raison d’augmenter les tarifs », juge Vincent Delahaye
6min

Économie

L’après JO : retour dans le village des athlètes en Seine-Saint Denis, un quartier qui accueillera 6000 habitants

Entre juillet et août 2024, la France a accueilli 14 000 athlètes pour les Jeux olympiques et paralympiques. Après la fête, le village olympique a entamé sa reconversion. Pendant un an les travaux ont transformé les 52 hectares du site en nouveau quartier. Végétalisation, transformation des appartements, rénovation d’écoles, le village olympique est désormais prêt à accueillir les nouveaux habitants, des commerces et des bureaux. Le sénateur socialiste Adel Ziane qui a suivi la construction du village en tant qu’élu de Saint-Ouen, revient sur le site avec ceux qui y ont vécu pendant les Jeux.

Le