« L’AFP a écrit que j’avais des doutes. Je dirais plutôt des interrogations ». Éric Jeansannetas (PS) rapporteur spécial du projet de loi de finances 2024, qui a réservé son vote pour l’approbation de la mission « Sport, jeunesse et vie associative », tient à éteindre la polémique au sujet du retard de livraison des ouvrages olympiques. « Avec le renouvellement sénatorial, les rapporteurs spéciaux ont été désignés tardivement. Je n’ai pas eu le temps de mener des auditions. La Cour des comptes a émis des interrogations et des inquiétudes que je me devais de relayer. Là où il n’y a pas de doute, c’est sur le fait que les équipements seront bien livrés à temps pour les JO », précise le sénateur auprès de publicsenat.fr.
Dans son dernier rapport remis en juillet, la Cour des comptes pointe toutefois le retard des travaux du Grand Palais, « qui est à ce jour le seul équipement sur lequel persiste un doute quant à sa capacité à être livré dans les temps ». D’autres ouvrages sont concernés par des retards comme le village des athlètes, village des médias, l’Arena de la porte de la Chapelle. Ils font l’objet d’optimisation de plannings et de mesures de renforcement (extension des horaires, augmentation des effectifs) pour les résorber.
Des aléas qui vont avoir un impact sur le budget. Or « aucun chiffrage global du coût des jeux Olympiques et Paralympiques, au-delà des budgets de la Solidéo et du Cojop, n’a été réalisé […] Une recension complète de l’impact sur le budget de l’Etat des exonérations fiscales consenties aux Jeux n’a pas non plus été encore établie », rappelle Éric Jeansannetas dans son rapport. Initialement chiffrés à 2,4 milliards, les financements publics de la société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo) et du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques et du (COJOP), incluant transports et sécurité, devraient finalement atteindre 3 milliards, a relevé la Cour des comptes.
Mais l’incertitude plane sur la sécurité des Jeux, « dont le coût total n’est pas encore connu ». « Ce sujet soulève de fortes inquiétudes. Le secteur fait face à une crise importante de recrutement depuis la pandémie de covid-19. Il est donc vraisemblable que l’État soit amené à mobiliser des forces de sécurité intérieure, les réserves opérationnelles de la police et de la gendarmerie, ainsi que des militaires. Ce recours pourrait amener à des coûts supplémentaires pour le Cojop », précise là encore le rapport d’Éric Jeansannetas.
Auditionné en janvier dernier au Sénat, Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes avait déjà alerté sur le risque « de carence probable de la sécurité privée ».
La commission des finances auditionnera le directeur général de la Solideo, Nicolas Ferrand, le 15 novembre. Et Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, le 5 novembre.