L’affaiblissement de la direction de la consommation et de la répression des fraudes inquiète le Sénat

L’affaiblissement de la direction de la consommation et de la répression des fraudes inquiète le Sénat

Un rapporteur de deux sénateurs de la commission des finances du Sénat met en exergue le manque d’effectifs qui nuit à l’exercice des missions de la DGCCRF, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. En 15 ans, elle a perdu un quart de ses postes.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

À l’heure où l’inflation entame sérieusement le pouvoir d’achat des ménages, l’action de la DGCCRF n’a peut-être jamais été aussi nécessaire. Sous cet acronyme barbare se cache la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Cette administration, rattachée à au ministère de l’Économie, s’assure notamment de la qualité et de la sécurité que les consommateurs sont en droit d’attendre pour un produit ou un service. Elle doit les protéger des pratiques commerciales abusives ou illicites. Son rôle est également de faire respecter les règles de concurrence, en d’autres termes, lutter contre les ententes ou les abus de position dominante. Bref, des missions de protection aussi larges qu’importantes.

Un rapport de la commission des finances du Sénat, conduit par Thierry Cozic (PS) et Frédérique Espagnac (PS), est venu tirer la sonnette d’alarme sur l’état des forces de cette administration présente sur l’ensemble du territoire. Entre 2007 et 2022, ses effectifs ont fondu d’un quart, passant de 3723 à 2812. L’an dernier, 14 départements disposaient même de moins de 6 équivalents temps plein. « Le manque d’effectifs met en forte tension les équipes et menace directement le bon exercice des missions », s’inquiètent les deux rapporteurs.

Le rapport pointe également de la succession de réformes ou de projets de réformes qui ont provoqué une « fatigue », voire une « perte de sens » chez les agents de la DGCCRF. « Son architecture a connu d’importantes modifications depuis 2009 à l’échelle déconcentrée », relève le rapport. Dans ce contexte, les rapporteurs conseillent de toucher à nouveau à l’architecture et de stabiliser celle-ci.

À quelques semaines de l’examen du projet de loi de finances, le rapport estime qu’il faut lui garantir des « moyens humains suffisants ». La principale recommandation est de fixer un effectif minimum de 7 agents par départements. Les mutualisations entre départements peuvent être utiles mais « ne suffiront absolument pas », affirme-t-il. Les sénateurs demandent une hausse globale d’effectifs de 49 postes mais « limitée », pour préserver les finances publiques. Ils préconisent la reconstitution de 49 postes (sur 911 postes supprimés en 15 ans).

Sensibles au maillage territorial de cette direction, les sénateurs encouragent par ailleurs à « maintenir un accueil physique des consommateurs et rapprocher autant que possible la DGCCRF de ces derniers, par exemple par le biais du réseau France Services ».

Dans la même thématique

CAC 40
7min

Économie

Lutte contre la fraude : l’arbitrage des dividendes dans le collimateur des parlementaires

Portée par la députée Charlotte Le Duc (LFI) et la sénatrice Nathalie Goulet (UC), une proposition de loi transpartisane et transparlementaire visant à « mettre fin aux pratiques d’arbitrage de dividendes », a été déposée sur le bureau des deux chambres. Un texte qui fait suite au scandale des « CumCum », un montage financier permettant à de nombreux actionnaires d’échapper à l’impôt, au moment où ceux-ci perçoivent leurs dividendes.

Le

FRA : BERCY : LANCEMENT DE LA CAMPAGNE DES DECLARATIONS D IMPOTS
5min

Économie

Lutte contre la fraude : « Toutes les annonces sont bonnes à prendre », souligne Nathalie Goulet (UC)

Le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, a dessiné ce jeudi, chez nos confrères des Echos, les grands contours d’un nouveau plan antifraude, un an après celui présenté par son prédécesseur, Gabriel Attal. Les raisons ? La fraude aux aides publiques et le faible taux de recouvrement effectif. Deux angles morts de Bercy, encore plus saillants, au regard des mauvais chiffres de l’endettement public. Des annonces qui font l’objet d’une réaction partagée par la sénatrice centriste de l’Orne, Nathalie Goulet, auteure fin 2023 d’un rapport sur la fraude sociale, et corapporteure d’une proposition de loi transpartisane et transparlementaire sur la fraude à l'arbitrage des dividendes.

Le