Deplacement du Premier Ministre dans l’Essonne
Crédit : Come SITTLER/POOL/SIPA

MaPrimeRénov’ : une aide dans le viseur du gouvernement

L’aide à la rénovation énergétique des logements pourrait être suspendue dès le mois de juillet, selon Le Parisien. Les discussions sont cependant toujours en cours. Victime de son succès, les crédits de l’aide ont déjà été consommés. Mais le gouvernement les avait diminués ces dernières années.
François Vignal

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MaPrimeRénov’est-elle en sursis ? Le gouvernement, qui recherche 40 milliards d’euros d’économies, réfléchit à couper dans ce dispositif d’aide à la rénovation. Selon Le Parisien, il serait même suspendu dès le mois de juillet et jusqu’à la fin de l’année.

  • MaPrimeRénov’, c’est quoi ?

Il s’agit d’un dispositif d’aide à la rénovation énergétique des logements. Dans une optique de lutte contre le réchauffement climatique, l’idée est que l’Etat aide financièrement les particuliers à rénover leur logement. Ce sont les fameuses passoires thermiques, très énergivores, qui sont visées. On en compte 4,8 millions.

Lancée le 1er janvier 2020, MaPrimeRénov’a été de maintes fois modifiée, au grand damne des professionnels. A sa création, elle a remplacé le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) et les aides de l’Agence nationale de l’Habitat (Anah), « Habiter mieux agilité » et « Habiter mieux sérénité ».

Aujourd’hui, cette aide aux propriétaires vise les logements occupés à titre de résidence principale (par le propriétaire ou par un locataire), construits depuis au moins 15 ans. Elle est accordée sous conditions de revenus. L’aide se décline en trois volets : les monogestes, comme les travaux d’isolation ou le changement de son système de chauffage, les rénovations d’ampleur, qui sont les plus efficaces mais aussi les plus chères, et les rénovations en copropriété, pour la rénovation des parties communes.

  • Un budget en baisse

La première année de son existence, 140.000 dossiers ont été pris en charge, pour un montant de 572 millions d’euros, rappelle Les Echos. La prime vise alors les ménages les plus modestes. En 2021, l’Etat ouvre les vannes : l’aide est étendue à tous les Français et peut se cumuler avec d’autres aides comme les Certificats d’économie d’énergie (CEE) ou l’éco-PTZ. Deux milliards d’euros sur deux ans sont ajoutés. Ainsi, plus de 644.000 aides sont débloquées en 2021.

En 2022, le dispositif est déjà recentré. Les règles sont durcies. Les logements de moins de 15 ans ne sont plus éligibles. Mais en 2023, l’ensemble des travaux finançables sont revalorisés. Les plafonds sont rehaussés.

En 2024, dans l’objectif de favoriser les travaux d’ampleur, dont le nombre est trop faible, les conditions changent à nouveau, les plafonds sont encore majorés et les monogestes, comme le remplacement des fenêtres, ne sont plus pris en charge. Mais dès le mois de mars, le gouvernement fait machine arrière, confronté à la grogne des professionnels et à la baisse du nombre de dossiers. Les crédits alloués à MaPrimeRénov’sont alors de 3,1 milliards d’euros.

En 2025, les crédits baissent de 3,1 à 2,5 milliards d’euros sous Michel Barnier. Puis lors du dernier budget, nouvelle baisse avec des crédits fixés à 2,3 milliards d’euros.

  • Pourquoi le gouvernement pense à suspendre le dispositif ?

Après des débuts difficiles, MaPrimeRénov’est maintenant victime de son succès, mais avec un budget aujourd’hui insuffisant pour répondre à la demande. Alors qu’en 2024, 340.000 logements ont bénéficié de MaPrimeRénov’ (+ 23 % par rapport à 2023), lors des premiers mois de 2025, le nombre de logement rénové via cette aide a triplé, avec plus de 100.000 dossiers. Or l’enveloppe budgétaire est déjà quasi consommée. D’où l’idée qui émane du gouvernement : suspendre en cours d’années le dispositif, devenus sous dimensionné financièrement. A moins que l’exécutif ne décide, une nouvelle fois, de revoir la voilure en révisant les conditions. Certains pointent aussi les conséquences de la fraude et le manque de contrôle.

Mais du côté de Valérie Létard, la ministre du Logement, on espère encore sauver le dispositif. « Tout n’est pas acté, les discussions sont toujours en cours », assure son entourage au Parisien. Les décisions devraient être prises courant juin.

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