Martinique : « Il faut une réforme structurelle pour répondre au problème de la vie chère », assure François-Noël Buffet

Auditionné par la délégation aux Outre-mer du Sénat, le ministre des territoires ultramarins s’est félicité de l’accord pour faire baisser les prix de 20 % en Martinique, où il se rendra la semaine prochaine. Pour résoudre durablement le problème de la vie chère, l’ancien sénateur veut renforcer la souveraineté alimentaire de l’île et lutter contre la baisse démographique.
Quentin Gérard

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« Nos Outre-mer ne peuvent pas se trouver régulièrement dans des situations de crise », peste François-Noël Buffet. Il est peu dire que c’est le cas de la Martinique depuis début septembre. L’île fait face à une flambée de violences contre la vie chère qui a dégénéré en émeutes urbaines. Deux personnes en sont mortes. Depuis plusieurs jours, le calme semble revenu et le couvre-feu a été levé ce mardi 5 octobre.

Ce retour à l’apaisement est en partie lié à la prochaine baisse des prix de l’ordre de 20 %. Le dispositif sera valable sur environ 6 000 produits à partir du 1er janvier 2025. La collectivité territoriale de Martinique et l’Etat se sont engagés dans des baisses conjointes de taxes d’octroi de mer (imposition spécifique des départements d’Outre-mer) et de TVA. L’Etat a aussi négocié avec les distributeurs pour réduire les coûts des produits en magasin.

Des prix 30 à 40 % plus chers avec la France métropolitaine

Devant la délégation aux Outre-mer du Palais du Luxembourg, François-Noël Buffet applaudit la signature de ce protocole. S’il admet que « 20 %, c’est bien », le ministre pose la question aux sénateurs si « cette réponse doit être ponctuelle ou s’engager dans la durée ? ». Pour lui, la réponse est claire. Le gouvernement doit « travailler à une révision structurelle face à la vie chère. On ne peut pas continuer à avoir des différences de prix avec l’hexagone qui varient entre 30 et 40 % alors même qu’on sait tous que le revenu y est inférieur », lance-t-il. Des propos qu’il devrait répéter du 14 au 16 novembre, en déplacement en Martinique.

Autre sujet que le ministre des Outre-mer posera que la table : la souveraineté alimentaire. « Quand on voit que la Martinique est à 20 % d’autosuffisance, on peut améliorer les choses », assure l’ancien président de la commission des Lois du Sénat. « Je n’exclus rien, ce qui marche, ce qui ne marche pas, on ne peut pas continuer comme ça », poursuit-il. Et d’ajouter : « On ne peut pas non plus se contenter des soucis permanents en Outre-mer. Quand ça entraîne des manifestations et des réclamations, c’est une chose, mais quand ça entraîne de la violence, des dégâts et une vie impossible pour nos concitoyens, ça me choque énormément ».

Des moyens pour lutter contre la baisse démographique

Les sénateurs de la délégation lui font part de leurs inquiétudes face à la baisse démographique en Martinique. En l’espace de 10 ans, l’île a perdu 10 % de sa population. Elle ne compte plus que 349 000 résidants. François-Noël Buffet souhaite également prendre cette problématique à bras le corps. « En Martinique, comme en Guyane, c’est entre 2 000 et 3 000 habitants en moins chaque année », déplore le ministre rattaché à Michel Barnier. Il souhaite notamment développer le dispositif « Cadre avenir ». Il a pour vocation de former, dans le cadre d’une mobilité, de futurs cadres intermédiaires et supérieurs dont les territoires ultramarins auront besoin pour assurer leur développement. « 110 jeunes en ont profité cette année en Martinique et on espère que ça sera plus l’année prochaine », indique l’ancien maire d’Oullins (Auvergne-Rhône-Alpes). « Une aide au retour devrait aussi entrer en vigueur au début d’année prochaine pour effectuer une activité professionnelle », ajoute François-Noël Buffet.

La tenue d’un nouveau comité interministériel des Outre-mer (CIOM) va se tenir au premier trimestre de 2025. C’était une annonce de Michel Barnier dans sa déclaration de politique générale début octobre. Il avait vu le jour pour la première fois en 2009 après la grave crise sociale contre la vie chère aux Antilles et à la Réunion. « Avant ce comité, on va identifier l’ensemble des sujets qui nous semblent absolument structurant pour que soient bien mis en œuvre les dispositifs nécessaires en Martinique et dans les autres territoires », promet l’ancien parlementaire. Et d’ici cette réunion, « on aura absolument besoin de nouveaux amendements dans le Projet de loi de finances pour faire baisser la TVA en Outre-mer », souligne-t-il, en clin d’œil aux sénateurs face à lui qui travailleront sur le texte en séance publique fin novembre.

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